Mes meilleures lectures 2022

Pour ceux qui ne me suivent ni sur Instagram, ni sur Twitter, ni sur Mastodon et ni sur Facebook  ou pour ceux qui voudraient retrouver toutes mes meilleurs lectures 2022, voici un petit récapitulatif de ces lectures qui auront marqué un peu plus mon année en deux tops 10: romans et BD.

Comme toujours, le choix s’avère cornélien. Surtout côté romans où départager une vingtaine de coups de cœur fut vraiment complexe. Mais comme toujours, j’ai privilégié l’émotion, le ressenti même longtemps après la lecture et le souvenir que me laisseront ses lectures. Sachez que ces deux tops 10 n'ont aucun classement entre eux mais constituent ces 20 lectures que je garderai le plus en mémoire de l’année 2022.

Le top romans/recueils

La guerre des marionnettes (Andrea Cort, #3) d'Adam-Troy Castro, traduction de Benoît Domis, Albin Michel Imaginaire

Excellente fin de trilogie, La guerre des marionnettes m’aura à nouveau conquise comme ses deux tomes précédents par l’originalité et la densité de l’univers d’Adam-Troy Castro, le charisme inégalable de son héroïne et l’intelligence de son intrigue. C’est haletant, bien ficelé, captivant et l’auteur apporte une conclusion réussie et passionnante qui achève la série en un dernier coup de cœur. Ce roman est une petite bombe que je vous conseille ardemment comme les deux premier tomes d’Andrea Cort. 

« - Votre sinistre réputation vous précède. Comprenez que le représentant d’une espèce plus civilisée que la vôtre puisse raisonnablement exprimer son appréhension à l’annonce de votre arrivée.

- Et vous, que je puisse raisonnablement n’en avoir strictement rien à foutre.»

Le temps du Teuz : petites histoires dans le monde de La dernière geste de Morgan of Glencoe, ActuSF, Naos

Un saupoudrage de douceur, une grande louche de bienveillance, une cargaison d’émotions, du rire et des larmes, voici la recette d’un recueil de nouvelles réconfortantes et touchantes dans l’univers de l’excellente saga La dernière geste. Le Temps du Teuz est un petit bijou, le genre de bouquins dans lequel on a l’impression de trouver un refuge où se blottir, quitte à y laisser quelques sanglots. Ce que fait Morgan of Glencoe s’apparente à de la magie à ce niveau-là. Et on en redemande. 

« Un peu plus tard, alors que tout le monde était parti se coucher, elle descendit à pas de loup dans le jardin… et nu-pieds dans la neige, elle dansa pour une tempête imaginaire bercée par des vagues invisibles.»

La maison des jeux. Tome 1, Le serpent de Claire North, traduction par Michel Pagel, Le Bélial', Une Heure-Lumière

Quelle claque que cette novella historique et fantastique! Avec deux tomes parus cette année et le dernier à paraître en janvier, les éditions Le Bélial’ nous proposent une véritable pépite. La maison des jeux est un univers fascinant dont le premier tome à l’intrigue extrêmement intelligente et captivante offre une entrée en matière grandiose. J’ai adoré cette partie de jeu machiavélique dans la Venise de 1610 et je ne peux que vous inviter à entrer dans le jeu vous aussi. 

« Miseriez-vous votre bonheur? Joueriez-vous votre amour-propre? Au nom du ciel, ne jouez pas pour le plaisir, pas encore ; pas alors qu’il existe tant d’enjeux moins importants en lesquels investir!»

Je suis le rêve des autres de Christian Chavassieux, Mnémos, Label Mu

Parmi les plus belles émotions de cette année, ce roman figure en bonne place. Je suis le rêve des autres est un récit magistralement écrit qui nous emmène aux côtés de deux personnages sur la route à la rencontre d’un destin mais surtout à la rencontre d’eux-mêmes. Subtil, poétique, envoûtant, c’est un court roman de grande envergure que nous offre Christian Chavassieux. Une belle tranche d’humanité qui nous parle de rédemption, d’épanouissement et nous invite à l’apaisement.

« L’horizon avait la portée intouchable des étoiles.»

Le chant des géants de David Bry, L'Homme sans Nom

Je me demande si David Bry s’absentera un jour de mes tops lectures mais je crois bien que cela soit impossible. Avec Le chant des géants il nous offre à nouveau un roman absolument magnifique, écrit de sa plume la plus poétique et mélancolique. Nous sommes invités ici à écouter une histoire mythique et dramatique, une de ces histoires qui bâtissent les mondes et tissent les rêves. Le chant des géants est un livre superbe qui m’a touché en plein cœur et dont les personnages risquent de me hanter longtemps. Un bijou!

« Il est plus facile de prendre des terres, de détruire des châteaux, que de bâtir une paix durable. Voilà ce que j’ai appris en une longue vie passée avec une épée.»

After Yang et autres histoires d'Alexander Weinstein, traduction d'Hermine Hémon et Erwan Devos, ActuSF, Perles d’épice

Il est rare de voir figurer des recueils de nouvelles dans mes coups de cœur mais After Yang a mérité cette place. Avec ces treize textes d’anticipation, Alexander Weinstein nous offre une belle démonstration de son talent en questionnant avec force notre humanité, notre rapport aux autres et les dérives de notre monde. Finement écrit, le recueil plonge au cœur de nos émotions et nous interpelle avec force. C’était une lecture grandiose.

« Ici se trouvait l'océan, là les navires, là-bas l'hôtel, le chemin qui menait à la ville, les vendeurs de rue, les souvenirs d'enfants que nous n'avions jamais eus et de parents de loin meilleurs que les nôtres. Et à l'horizon, au loin, il y avait les limites du monde. »

Un pays de fantômes de Margaret Killjoy, traduction de Mathieu Prioux, Argyll

Cette année, j’ai eu soif d’utopie. Avec Un pays de fantômes, j’ai plongé au cœur d’une autre façon d’envisager le monde, une autre façon de faire société et j’ai été conquise. Conquise par la plume de Margaret Killjoy, par la poésie puissante qui se dégage de son histoire dramatique. Conquise par la beauté de cette lutte quasi impossible qui nous laisse pourtant la plus puissante des armes: l’espoir. Conquise par son univers et ses personnages inoubliables. C’est un roman avec des défauts, certes, mais c’est un roman qui a convaincu mon cœur au-delà de ce que ma raison pouvait trouver à redire. Et c’est pour ça qu’il figure dans mes meilleures lectures de l’année. 

« Nous n'avons pas de souverain, de parlement, de conseil, de sacerdoce royal, de barons marchands, de capitalistes, ni le moindre vestige de pouvoir. Nous sommes un pays, mais un pays anarchiste. »

Histoires de moines et de robot. Tome 1, Un psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers, traduction de Marie Surgers, L'Atalante, La Dentelle du cygne

S’il n’y a pas de classement dans ce top, il y a tout de même, je pense, un top 1 avec Becky Chambers. Ce court roman est une merveille écrite pour les gens qui ont besoin de souffler et qui a donc trouvé en moi une résonance toute particulière dans cette année difficile. C’est un roman foncièrement bienveillant, terriblement humain et extrêmement touchant dont il se dégage une beauté folle. Doux, mais pas mièvre, poétique, mais pas abstrait, c’est une petite pépite qui nous pousse en avant et nous redonne le droit de s’écouter et de prendre soin de nous. Essentiel. Tout simplement essentiel. Par soucis d’équité pour les autres auteurices, je n’ai pas fait figurer Libration dans ce top (même s’il avait sa place), également lu cette année et également adoré au-delà du possible. Becky Chambers rules!

« Quelque chose ne va pas. Je devrais avoir honte, non? Qu’est-ce qui cloche en moi? J’ai tout ce dont je pourrais rêver, tout ce dont j’ai toujours rêvé, et malgré tout chaque jour est un fardeau.»

Aucune terre n’est promise de Lavie Tidhar, traduction de Julien Bétan, Mnémos, Label Mu

Lauréat du prix Planète SF des blogueurs, Aucune terre n’est promise est un roman qui m’a marqué par son intelligence, son originalité et sa capacité à surprendre. C’est un livre qui demande de se laisser porter, d’accepter de ne pas comprendre où l’on va avant de constater l’ampleur de son intrigue. C’est un roman épatant qui désarçonne mais prouve aussi que les limites de l’imaginaire sont plus floues que ce qu’on peut croire et qu’on peut y verser des messages très ancrés dans la réalité avec justesse et force. Difficile d’en parler sans en dévoiler toute la saveur tant il va au-delà de toute espérance. À vous d’oser la lecture. 

« Les frontières sont plus de que simples murs: elles prennent d’autres formes, plus insidieuses. »

Lady Astronaute. Volume 1, Vers les étoiles de Mary Robinette Kowal, traduction de Patrick Imbert, lecture de Clémentine Domptail, Audiolib

Premier livre audio d’un top de l’année! Le premier tome de Lady astronaute, lu par Clémentine Domptail a été un franc coup de cœur. L’intrigue uchonique de Mary Robinette Kowal est passionnante et nous propose de belles réflexions sur le sexisme et le racisme en réécrivant les années 50 et le programme spatial. Intense, touchant, c’est un roman qui est admirablement bien retranscrit à l’audio et m’aura accroché sans faillir de bout en bout. 

« Ces petites filles me croyaient capable de tout. Elles me croyaient capable d’aller sur la Lune. Et grâce à ça, elles se croyaient capables d’y aller elles aussi. Voilà pourquoi je devais continuer. À leur âge, j’aurais eu besoin de quelqu’un comme moi. D’une femme comme moi.»

Le top BD/mangas

L'ogre lion. Tome 1, Le lion barbare de Bruno Bessadi & Joo, Drakoo

J’avais été agréablement surprise par ce premier tome de la série L’ogre lion qui nous propose une belle aventure saupoudrée d’un peu d’humour, d’un peu de tendresse dans un début d’intrigue dense et efficace. Avec un dessin réussi, participant au plaisir de lecture, Le lion barbare constitue une très bonne BD de fantasy qui aborde également plusieurs thématiques sociales importantes et fait la promesse d’une très bonne série.

« Les religieux! Vous prétendez respecter la vie, mais dès qu’on s’oppose à vous, vous tuez et massacrez sans hésitation!»

La bibliomule de Cordoue de Wilfrid Lupano, Léonard Chemineau et Christophe Bouchard, Dargaud

Voilà une bande dessinée qui semble avoir fait l’unanimité et à raison. La bibliomule de Cordoue plonge ses racines dans des faits historiques réels pour nous offrir une tranche d’histoire mais surtout une aventure qui est un véritable cri d’amour pour les livres, pour le partage du savoir et pour le rempart qu’ils offrent face à l’obscurantisme. Touchant, juste, drôle aussi, c’est un album très réussi dont on garde longtemps en mémoire les personnages et le message.

" Tant que les hommes vivent comme des bêtes apeurées, grattant la terre pour subsister, convoitant la richesse du voisin et craignant l'épée de l'étranger, il leur est difficile de voir la beauté de la poésie ou de l'intérêt de la science. Ils ne veulent pas être riches. Ils veulent êtres à l’abri."

Les cœurs de ferraille. Tome 1: Debry, Cyrano et moi de José Luis Munuera, BeKa et Sedyas, Dupuis

Premier tome d’une série rétro-futuriste, Debry, Cyrano et moi est une bande dessinée réussie qui m’a touchée par son univers, par la beauté de son dessin et par la poésie qui se dégage de son histoire. On y questionne ici la relation mère-fille mais aussi, au-delà, l’esclavagisme dans ce qui s’apparente à un conte cruel et envoûtant. J’ai trouvé ce premier tome des Cœurs de ferraille très juste et plein de douceur.

« Quand on est triste il faut regarder la beauté du monde.»

Immonde! de Elizabeth Holleville, Glénat 

Bien que cette BD ne fut pas un coup de cœur à la lecture, elle reste une des œuvres graphiques qui a le plus marqué mon année 2022 notamment pour son style de dessin très atypique en aplat de couleurs mauves et verts. Avec son intrigue horrifique rendant hommage aux grands classiques du genre mais apportant un peu de modernité, c’est une lecture sympathique qui propose autre chose dans le paysage de la BD.

«  Mais si c’est radioactif, ça doit être super dangereux ton truc là!

- Ne t’inquiètes pas pour ça, Galbi. Dans ce genre d’endroit on prend la sécurité trèèès au sérieux. »

Les petits monarques de Jonathan Case, traduction de Philippe Touboul, Dupuis

J’ai adoré cette bande-dessinée post-apocalyptique qui nous propose en un seul volume une histoire passionnante et haletante et dont les dessins sont absolument superbes. Même sans être très originale, c’est une BD qui propose une belle intrigue teintée d’humanité et de douceur aux côtés de deux héroïnes terriblement attachantes. Et c’était magnifique!

« En gros, le médicament du monarque nous protège de la maladie du soleil… jusque’à trente-six heures par dose. Hélas, le médicament de Flora présentait aussi de gros problèmes…À cause du schéma migratoire des papillons et du nombre de monarques nécessaires pour fabriquer le médicament, il est impossible d’en produire plus de quelques doses d’un coup. Et ces doses s’abîment aussi très vite: en six semaines à peine.»

Les sœurs Grémillet. Tome 3, Le trésor de Lucille de Alessandro Barbucci et Giovanni Di Gregorio, traduction de Camille Paul-Singeot, Dupuis

Le troisième tome des Sœurs Grémillet nous emmène à nouveau à la découverte d’un secret de famille lors d’une nouvelle aventure de Lucille, Sarah et Cassiopée. Avec ses dessins absolument adorables et son univers doux et poétique, c’est une BD jeunesse toujours aussi plaisante. Avec un troisième tome concentrée sur la plus jeune sœur, on a ici le droit à une intrigue aux accents écologiques que j’ai trouvé très touchante. 

« Ça me plairait parfois d’avoir une coquille comme la vôtre. Pour m’isoler du monde et ne plus rien entendre… à part le vent et les vagues. »

Ténébreuse. Livre second de Hubert et Vincent Mallié, Dupuis

Ce second et dernier tome de Ténébreuse a été une fabuleuse lecture de 2022. Concluant une intrigue touchante qui questionne la notion de monstruosité et les apparences, c’est une bande dessinée superbe visuellement et terriblement touchante dans un final déchirant. On y parle un peu plus d’émancipation dans une histoire teintée de féminisme que j’ai adoré découvrir. 

« Je crains l’amour comme la peste. »

Bergères guerrières. Tome 4, L’abîme de Jonathan Garnier et Amélie Fléchais, Glénat

Conclusion de la série Bergères guerrières, ce quatrième tome constitue une fin formidable à la hauteur de la qualité de la série dans son ensemble. J’ai été encore une fois conquise par le trait si doux d’Amélie Fléchais qui a donné vie à des personnages inoubliables et attachants qu’on quitte à regrets. Le scénario de Jonathan Garnier a su conserver son excellence jusqu’au final très touchant de cette série coup de cœur.

« Après avoir perdu sa famille pendant la guerre, le maître des lieux s'est donné comme tâche de consigner, par village, le nom de tous ceux qui ont perdu la vie depuis le début de la guerre. Pour que personne ne les oublie. »

Le convoyeur. Tome 3, Ces ténèbres qui nous lient de Tristan Roulot et Dimitri Armand, Le Lombard

Encore une fois convaincue par Le convoyeur qui est décidément une série excellente que ce soit pour son univers postapo à la violence assumée, son ambiance si particulière portée par un dessin foisonnant et organique ou pour son intrigue haletante et captivante qui me surprend à chaque tome. Ce tome-ci, plus dans les révélations que dans le mystère m’a entièrement conquise et il me tarde de découvrir la suite.

« Le monde se porterait mieux s’il y avait moins de gens comme toi.»

Les promeneuses de l’apocalypse de Sakae Saito, traduction de Marylou Leclerc, Doki-Doki

J’ai découvert ce manga tout récemment et pourtant il figure sans peine dans ce top de l’année pour le cocon de douceur qu’il nous offre. Il est rare de lire du post-apocalyptique dont il se dégage de l’enthousiasme, de la bienveillance et de la bonne humeur. Et pourtant c’est ce qu’on trouve ici. Malgré des passages plus émouvants et un univers un peu mélancolique, on conserve le positif avant tout dans cette virée à moto à travers des décors du Japon en ruines extrêmement bien dessinés. Un petit plaisir bienvenue avec cette lecture!

« Nos paumes de mains vers le soleil ! Nous sommes tous vivants! C’est pourquoi on passe le temps en chantonnant! »