Immonde!

En début d’année, les éditions Glénat ont publié une bande dessinée one-shot écrite, illustrée et mise en couleurs par Elizabteh Holleville (assistée à l’écriture par FILEX). Intitulée Immonde!, elle est sortie dans la collection 1000 feuilles de l’éditeur et s’accompagne, en fin d’ouvrage d’une petite participation sympathique de Timothé Le Boucher. Avec ses nuances mauves dans lequel le vert fluo ressort comme un appel, c’est une oeuvre qui a immédiatement retenu mon attention. Elle a également reçu le Prix des lecteurs BD de Lire à Limoges. Et voici ce que j’en ai pensé…

Gare à ce qui se cache sous terre…

Dans Immonde!, l’autrice dépeint une entreprise féroce qui cache plusieurs choses douteuses pour maintenir ses intérêt financiers, du danger pour la santé des employés, coincés par un chantage à l’emploi, aux mystérieuses menaces découvertes sous terre, risquant d’être bien plus dévastatrices, en passant, bien sûr, par les risques écologiques majeures de ce site radioactif. Immonde! est une œuvre fantastique horrifique qui emprunte aux grands classiques du genre, évoquant tantôt du Lovecraft, du Stephen King ou encore du John W. Campbell en proposant un scénario assez évident: on creuse trop loin par avidité, on réveille ce qu’il ne faut pas. Un vrai hommage aux films (plutôt années 80) et romans du genre qui se retrouve aussi dans les passions des personnages. Avec sa tension qui monte crescendo, l’œuvre impose rapidement un climat oppressant réussi que les cadrages des illustrations renforcent avec brio jusque’à devenir un véritable film d’horreur, entre démonstrations d’horreur et suggestion terrifiante. C’est dans ce contexte que nous suivons trois ados en quête de sensations, d’ailleurs, mais surtout d’eux-mêmes. Un autre pan de cette bande dessinée concerne en effet la vie de ces trois personnes en pleine construction de leur identité. Je salue d’ailleurs la belle diversité offerte dans cette BD! Mais rassurez-vous, si c’est de frissons dont vous avez envie, l’aspect « vie quotidienne » n’est jamais sans lien avec l’intrigue et s’inclue naturellement dans le climat de tension de cette histoire sans l’atténuer… Attention, petit conseil, évitez de manger en lisant cette bande dessinée. Son titre est assez équivoque: certains éléments fantastico-horrifiques sont clairement peu ragoûtants ici. 

Tout en nuances de vert et mauve

Graphiquement, Immonde! est une œuvre originale. Elizabeth Holleville a un style de dessin « simple » qui ne cherche pas la détail foisonnant ou les lignes très fines mais elle réalise un travail de colorisation intéressant qui donne à son œuvre toute sa personnalité. Avec des aplats de couleurs majoritairement en nuances de violet et de vert, Immonde! contient une unité graphique intéressante maintenue sur plus de 200 pages. Le vert évoque bien entendu l’aspect radioactif et tranche avec force dans les nuances violettes. J’ai trouvé cela très bon, alors même que le style de dessin d’Elizabeth Holleville ne m’accroche pas personnellement. C’est une bande dessinée très efficace tant graphiquement qu’au niveau de son écriture. Une lecture pour les amateurs d’horreur à l’ancienne qui ne révolutionne pas le genre mais le modernise en apportant aussi d’autres thématiques à son intrigue, notamment un pan écologique, sans que ça ne prenne jamais le pas sur l’aspect horrifique central et divertissant. On pourrait lui reprocher de ne pas avoir poussé le curseur plus loin en termes de frissons peut-être mais c’est déjà une très belle œuvre!

En bref, Immonde! est une bande dessinée horrifique très classique, rendant hommage aux grands maîtres de l’horreur des années 80, tout en proposant un regard moderne via une belle diversité dans les personnages et l’ajout d’autres thématiques, notamment via ces personnages principaux adolescents en construction d’eux-mêmes. Graphiquement atypique avec des aplats de couleurs en nuances de vert et mauve, c’est une œuvre qui ne laisse pas indifférent. 

« Qui sème le vent récolte la tempête.

Morterre est une petite ville industrielle terne et isolée, habitée majoritairement par les employés de l’Agemma, une entreprise d’extraction de minerais radioactifs. Jonas et Camille, deux adolescents de 17 ans, vivent depuis toujours dans cet endroit qu’ils rêvent de quitter. En attendant, ils patientent en regardant des nanards horrifiques surannés. Absorbés par leur propre passivité, ils ne prêtent pas attention à l’étrange disparition d’un employé de l’Agemma. Dans le même temps, une nouvelle élève débarque de Paris. Elle s’appelle Nour et n’a pas l’intention de croupir dans l’ennui. Elle pousse Jonas et Camille à explorer la ville et ses alentours. Au cours d’une excursion nocturne, ils découvrent ensemble un homme au visage malade, défiguré par de terribles excroissances. Cet homme, c’est l’employé disparu de l’Agemma. Que lui est-il arrivé ? Pourquoi reste-t-il caché ? Est-ce que l’Agemma est impliquée ? »

(Illustration de couverture et extrait: © Elizabeth Holleville) 

> Lire un extrait < (© Glénat)

[Diversité: pp trans, pp noir.e, pp arabe, pp végétarien.ne, pp pansexuel.le, ps arabe, ps lesbienne]

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[Lecture n°49 (60/108 points avec les bonus pour l'échelon 5 Synchronisation avec la page) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 10 de Ma lecturothèque]