Les bla-bla de Yuyine: [TAG] Les incontournables (récents) en SFFF

La bloggeuse Vert du blog Nevertwhere a eu une idée lumineuse : celle de partager nos incontournables SFFF paru au-delà de l’an 2000 pour contrer les énièmes sélections de vieux classiques des revues traditionnelles. Elle a donc lancé un tag permettant à tous ceux qui le souhaitent de proposer leur liste très personnelle d’incontournables SFFF et de les regrouper sous la superbe bannière créée par Anne-Laure du blog Chut maman lit et le hashtag #incontournablesSFFF.

J’ai eu un mal fou à choisir, entre mes coups de cœur très personnels et mes émotions peut-être trop récentes, j’ai cependant réussi à faire un choix pour 10 titres ou séries qui, à mon sens, sont mes incontournables SFFF de ces 20 dernières années (et sans surprise, c’est le postapo qui l’emporte). Certains titres ont failli y être comme Calame de Paul Beorn, mais l’attente interminable du tome 2 ne m’incite pas à le conseiller trop vivement ou comme Les sœurs Carmines d’Ariel Holzl que j’adore mais qui, de tomes en tomes, présentent des petites variations de qualité. Enfin, hormis pour un titre qui est une évidence, aucune de mes meilleures lectures de 2020 n’y figure. Le temps les fera passer peut-être dans les incontournables mais il est trop tôt pour le dire…

Station eleven de Emily St. John Mandel, Rivages

Tout commence avec une épidémie qui va ravager 98% de la population mondiale mais cette fois l’histoire s’installe de nombreuses années plus tard, alors que l’humanité survivante a repensé sa façon de vivre et que les nouvelles générations n’ont jamais connu l’avant. Au cœur de ce monde, une troupe itinérante de comédiens se déplace de communautés en communautés pour interpréter des pièces de Shakespeare. Ce roman post-apo est d’une beauté folle. Véritable ode à l’humanité, à l’art, au partage et à la culture, Station eleven est un roman grandiose conté par une plume exceptionnelle. Habile construction d’allers-retours passé-présent, l’intrigue est une toile qui se tisse où chaque détail, même le plus infime, est essentiel. C’est absolument somptueux.

Ma critique

Saga de Brian K. Vaughan et Fiona Staples, Urban comics collection Indies

Saga est une série de comics de SF qui me fait vivre 1000 émotions. L’histoire commence avec la naissance d’Hazel, fille de deux amants qui appartiennent pourtant à deux peuples en guerre, deux amants qui sont recherchés pour cet amour interdit. L’enfant, symbole de leur union, est, elle aussi, dangereuse pour leurs nations respectives. Loin d’être niaise, l’histoire est terriblement haletante et les personnages très attachants. On note aussi beaucoup de représentativité dans ce comics qui fait fi des stéréotypes de genre. L’univers space opera est d’une densité dingue, les illustrations sont sublimes et les rebondissements sont inoubliables. Attention, cependant, lancez-vous dans la lecture à vos risques et périls : c’est très addictif mais ça vous broie le cœur en miettes.

Ma critique du tome 1 

L’homme qui mit fin à l’histoire de Ken Liu, Le Bélial’ collection Une Heure-Lumière

Ken Liu nous propose ici une histoire où deux scientifiques vont élaborer un procédé permettant à une seule personne de revenir dans le passé à un moment précis et un lieu précis pour être témoin de l’histoire et obtenir ainsi la vérité sur des faits secrets d’Etats. Et tout commence avec l'Unité 731 qui se livra à l'expérimentation humaine à grande échelle dans la province chinoise du Mandchoukouo, entre 1936 et 1945. Ecrite comme un documentaire, cette novella met en lumière une période terrible de l’histoire et interroge sur la question de vérité et le devoir de mémoire Un récit d’une maîtrise absolue qui bouleverse, interroge et implique son lecteur. Sans doute une de mes meilleures lectures de tous les temps !

Ma critique

Vita Nostra (Les Métamorphoses, #1) de Marina et Sergueï Diatchenko, L’Atalante, La Dentelle du cygne

Difficile de résumer ce livre qui se doit de se découvrir à l’aveugle tout comme Sacha, la jeune héroïne de cette histoire, va devoir comprendre et apprendre ce qu’elle fait à l’Institut des technologies spéciales et ce qu’on lui enseigne. Car dans cette école mystérieuse où elle a été forcée d’aller, les enseignements sont très inhabituels, les élèves des années supérieurs sont étranges et la discipline qui règne est terrifiante. Le lecteur, confronté au même trouble va vivre une lecture étonnante, une expérience qui de métamorphose qui le changera à jamais. Une expérience, une œuvre riche, un usage puissant des Mots, une réflexion intense, une lecture addictive… Vita Nostra c’est tout ça et bien plus. Un chef d’œuvre.

Ma critique

BonheurTM de Jean Baret, Le Bélial’

Futur proche. Le monde est plongé dans un consumérisme exacerbé. Toshiba (son nom étant son sponsor de vie) est un flic de la section des crimes à la consommation et des idées. Il traque ceux qui ne répondent pas à leur devoir de consommation et qui utiliserait leur temps libre à philosopher, faire de la poésie ou pire, profiter de la nature et rêvasser. BonheurTM est un texte glaçant de réalisme qui fait suffoquer son lecteur par une avalanche de marques, d’holopublicités et de répétitions qui dévorent notre temps de réflexion comme notre âme. Dérangeant, provocateur, le texte n’en est pas moins percutant et le message présent autant dans l’intrigue que dans la forme nous colle un bel uppercut en pleine figure. C’est un roman nécessairement clivant, avec lequel tout le monde ne pourra pas avoir d’atomes crochus mais qui dénonce avec une puissance rare le consumérisme et la perte d’humanité de nos sociétés. Il constitue, à mon sens, une dystopie essentielle.

Ma critique

Vongonzero de Yana Vagner, Mirobole éditions collection Horizons pourpres ou Pocket

Demain, en Russie. Une épidémie commence à décimer la planète et semble se transmettre extrêmement rapidement au sein de la population. Les grandes villes passent en quarantaine. Dans la banlieue de Moscou, Anna et son mari se préparent à mettre les voiles avec des connaissances et voisins pour éviter la masse des quelques survivants infectés de Moscou qui échapperaient à la quarantaine. S’en suit une traversée du territoire russe dans une ambiance oppressante et paranoïaque qui transforme profondément des gens parfaitement ordinaires. Extrêmement réaliste (et ce n’est pas l’actualité récente qui me fera dire le contraire !), épatant, cette anticipation de Yana Vagner est un coup de cœur pour sa vision précise de l’humanité.

Ma critique

Il y a un robot dans le jardin de Deborah Install, Super 8 ou J’ai Lu

Ben se laisse vivre depuis l’héritage de ses parents. Il voit, impuissant, sa femme s’éloigner de lui et ne semble plus capable de réagir. Alors, lorsqu’il découvre un matin un robot avec une fuite dans son jardin, il décide de partir sur les routes pour trouver son créateur et le réparer. Tang, le petit robot est tendre, malin, d’une innocence attendrissante et à ses côtés, Ben se révèle.  Il y a un robot dans le jardin est un vrai feel good qui me touche en plein cœur à chaque lecture. Tang est sans doute le robot le plus attachant de l’univers et l’aventure qu’ils vivent, Ben et lui est à la fois drôle, touchante et étonnante à la fois. Un livre faussement léger qui fait du bien.

Ma critique

Feed de Mira Grant, Bragelonne ou Folio SF

Post-apocalypse, zombies, réseaux sociaux et magouilles politiques. Voilà le cocktail détonnant que nous propose Mira Grant dans sa trilogie Feed. L’histoire se déroule 20 ans après l’apparition des zombies. L’humanité s’est retranchée dans des villes sous surveillance où chacun est sans cesse contrôlé par des prises de sang permettant de s’assurant de sa santé. Au cœur de ce monde, les blogueurs sont une nouvelle force de communication, plus immédiate que le journalisme d’avant. Georgia et Shaun sont deux d’entre eux et ils ont été choisi pour suivre un candidat à l’élection présidentielle américaine. Ils vont alors se retrouver au cœur d’un conflit conséquent mais leur intégrité leur fera prendre tous les risques au nom de la vérité. Bourré d’humour, trépidant, ultra addictif, Feed est une bombe dans le domaine post-apo, une pépite qui dépoussière le genre et offre un divertissement qui dépote !

Ma critique du tome 1, du tome 2 et du tome 3.

Boudicca de Jean-Laurent del Socorro, ActuSF, Bad wolf

Jean-Laurent del Socorro signe ici une biographie romancée, teintée de mysticisme et de fantastique, de la reine icène Boudicca qui a tenu tête, en l’an 1 à l’armée romaine et mené la rébellion du peuple celte. Portrait de cette femme à la fois reine, guerrière, mère, amante et rebelle, ce livre est une petite pépite pour découvrir l’histoire de Boudicca et de la civilisation celte bien loin de notre monde patriarcal. De fille de roi délaissée, à reine guerrière insoumise, Boudicca est indéniablement un personnage historique charismatique, envoûtant et passionnant à suivre. Jean-Laurent del Socorro a un véritable don de conteur, sa plume est vibrante de poésie et nous exalte. Je ne pouvais pas ne pas citer un de ces livres ici. Boudicca est sans doute le moins imaginaire de tous mais c’est le portrait d’une femme que j’ai toujours considéré comme une héroïne et ça le fait passer avant les autres dans mon cœur.

Ma critique

La Passe-miroir de Christelle Dabos, Gallimard jeunesse

Saga de fantasy en 4 tomes, La Passe-miroir nous raconte l’histoire d’Ophélie, anti-héroïne maladroite et discrète qui a le pouvoir de traverser les miroirs et de lire l’histoire des objets qu’elle touche. Alors qu’elle envisageait une vie paisible sur l’arche familiale, un mariage forcé lui est imposé avec un noble venu d’une autre arche, Le Pôle. Entre manigances de Cour, illusions et menaces inattendues, Ophélie va devoir se faire sa place là-bas et supporter de Thorn bourru qui lui sert de mari. L’imagination de Christelle Dabos a apporté un vrai vent de fraîcheur dans le genre de la fantasy. Il y a un petit côté Ghibli dans cet univers et l’histoire est beaucoup plus complexe qu’elle ne laisse le présager. Coup de cœur pour les 4 tomes !

Ma critique du tome 1, du tome 2, du tome 3 et du tome 4.

[EDIT: Honte à moi, cette liste ne contient pas LE livre SFFF des ces 20 dernières années: La route de Cormac McCarthy, un chef d'oeuvre qui m'a bouleversé, qui m'a donné goût au postapo, qui m'a laissée en larmes... Je n'y ai pas pensé dans cette liste alors qu'il est dans mon top 3 de tous les temps.]

Et comme c’est un tag, je nomme Uranie, Maks un bouquin sinon rien et La geekosophe pour qu’ils nous donnent leur incontournables SFFF à leur tour (au risque de faire exploser ma pile à lire ^^).