Vongozero

Récit traduit du russe en 2014 et paru initialement en 2011, Vongozero est le premier roman de Yana Vagner qui signe ici l'histoire d'une épidémie aux allures apocalyptiques en suivant le parcours d'une femme comme les autres, tentant de survivre au milieu de ce chaos dans la Russie moderne. Il est paru aux éditions Mirobole. 

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Haletant, captivant et somptueusement bien écrit! En passant dans les rayons des librairies, cette couverture simpliste, marquant le style de la maison d'édition Mirobole que je ne connaissais pas encore, m'a attiré et sa quatrième de couverture m'a emballé: bref je ne pouvais m'empêcher de le lire. Et je dois dire qu'en découvrant les premières pages, je n'ai ressenti aucune déception, pire, mon attrait pour ce livre n'a fait qu'agmenter au point que pour le reposer et stopper sa lecture je devais me faire violence. En effet, dès les premières lignes, Yana Vagner nous happe litéralement dans l'histoire d'Anna et des siens. L'ambiance y est décrite à la perfection, entrant dans nos veines, nous faisant ressentir la tension exrême qui sévit dans ces pages, les moments plus apaisés tout comme la rage du personnage principal. Cet auteur a véritablement un don qu'on ne peut nier lorsqu'on lit ce premier roman né sous sa plume! 

"Partout alentour régnait un silence méfiant, suspect, qui nous faisait redouter un danger derrière chaque tournant, et j'étais contente que nous ne passions pas à pied aux abords de ces maisons figées, mais que nous franchissions au contraire ces villages à cent kilomètres à l'heure, trop rapidement pour que quoi que ce soit puisse nous arrêter."

L'histoire est captivante. Celle d'une femme ordinaire, imparfaite même, qui se retrouve confrontée à une tension psychologique de chaque instant dans ce monde qui part en fumée. Elle et ses compagnons de route ne sont pas des gens lisses et sans reproche, bien au contraire. Certains sont même détestables et leurs actions ne sont pas toujours belles. Et c'est justement la grande force de ce roman qui en devient totalement réaliste et nous fait réfléchir sur l'homme comme le fait La Route de Cormac McCarthy. Parce que c'est réaliste sur le comportement humain, chaque rencontre est soulignée d'une tension intense, chaque âme qui vive s'approchant est un potentiel danger de mort... ou une aide qu'on refuserait par paranoïa. Alors en lisant, tout comme Anna, à laquelle je me suis immédiatement attachée et identifiée, on attend l'horreur qui peut surgir, tremblant même d'espérer que tout ce petit monde s'en sorte.

 "Si l'on a décrété un jour qu'il valait mieux vivre à deux pas de la porte et de la fenêtre de son voisin, c'est parce qu'on s'est imaginé que la vie serait plus sûre ainsi en oubliant que n'importe qu'elle connaissance peut se transformer en un ennemi farouche pour peu que l'on possède quelque chose dont elle a réellement besoin."

J'ai tout simplement dévoré ces 500 pages dont l'écriture fluide et l'histoire haletante au possible m'empêchaient d'arrêter de lire. Ce n'est pas juste un roman banal mais une histoire si réaliste qu'elle nous remet en question, se demandant quelle genre de personne serions-nous dans ce genre de moments. Yana Vagner fait naître en nous tout un tas d'émotions et de pensées avec ce premier roman, alors que peu d'écrivains arriveront un jour à en faire autant.

En bref, c'est donc un immense coup de coeur pour moi, à conseiller à tout ceux qui veulent suivre le recit trépidant d'une femme banale soumise à une situation peu ordinaire qui la changera comme elle changera son lecteur...

"Anna vit avec son mari et son fils dans une belle maison près de Moscou. Un virus inconnu a commencé à décimer la population. Dans la capitale en quarantaine, la plupart des habitants sont morts et les survivants – porteurs de la maladie ou pillards – risquent de déferler à tout instant. Anna et les siens décident de s’enfuir vers le nord, pour atteindre un refuge de chasse sur un lac à la frontière finlandaise : Vongozero. Bientôt vont s’agréger à leur petit groupe des voisins, un couple d’amis, l’ex-femme de Sergueï, un médecin… Le voyage sera long, le froid glacial, chaque village traversé source d’angoisse, l’approvisionnement en carburant une préoccupation constante."