Notre affaire: une BD de combat et d’espoir

J’ai lu Notre affaire, une BD de combat et d’espoir. Elle vient de sortir aux éditions L’Iconoclaste, avec Gisèle Pélicot en couverture et dedans 23 dessinateurices et 12 expertes et experts sous la houlette de Louise Colombet et Mathieu Palain pour parler du procès Mazan mais aussi de l’origine des violences faîtes aux femmes, de l’état actuel et mondial des choses et du combat qu’il reste à mener. Et voici ce que j’en ai pensé…

« On connaît les procès avec un accusé et 50 victimes. Jamais l’inverse.»

Je me suis d’abord plongée par curiosité dans cette œuvre collective qui se compose de 30 séquences illustrées par 23 personnes différentes, collaborant avec 12 personnes expertes dans leurs domaines (sociologue, médecin, avocat, etc.) et évoquant, avec le procès Mazan en fil rouge, les violences faites aux femmes. Et, très rapidement, un mot m’est venu pour caractériser cette bande dessinée: essentielle. Oui, c’est une œuvre nécessaire, à mettre entre toutes les mains et qui évoque brillamment un procès glaçant qui a retenti à l’international, grâce au courage d’une femme qui a osé tout montrer pour que personne d’autre n’ait à subir ce qu’elle a vécu. En fil rouge, les moments les plus marquants du procès, aussi terribles soient-ils, sont retranscrits pour ne pas oublier les faits. Mais c’est aussi un ouvrage nécessaire pour tout ce qu’il apporte comme masse de connaissances et de regards sur ces violences faites aux femmes et qui aborde, avec brio, des notions telles que le consentement, l’éducation à la vie affective et sexuelle, la soumission chimique, le masculinisme ou encore l’inceste. On y aborde aussi, outre l’affaire Pélicot, l’origine et l’histoire de ces violences, tant culturelles que psychologiques, leur traitement, qu’il soit médiatique, politique ou judiciaire, les réflexions qu’un tel procès induit chez les hommes, les femmes ou dans les autres pays du monde, etc. 

C’est riche, très dur parfois, révoltant très très souvent, mais nécessaire. C’est une œuvre juste, qui apprend beaucoup et qui invite à continuer le combat et à prendre exemple sur ces héroïnes comme Gisèle Pélicot, Gisèle Halimi, Ghada Hatem, Tarana Burke et tant d’autres. C’est aussi une œuvre qui conserve une part d’espoir, notamment lorsqu’elle invite à regarder le traitement de ces violences dans d’autres pays, notamment européens. Ces séquences nous prouvent que beaucoup de choses sont possibles et donnent envie de continuer à se battre pour changer les choses chez nous. Notre affaire est une œuvre d’une qualité remarquable, portée par 23 talents de la BD qui, chacune et chacun, apportent leur personnalité tant dans le dessin que dans le ton utilisé pour aborder ces sujets. On a parfois la boule au ventre, et souvent j’ai dû faire des pauses pour souffler entre deux séquences tant certains faits me donnaient envie d’hurler à la face du monde. Et pourtant, il s’en dégage une telle force du collectif, une telle puissance de combat et d’espoir que ça fait du bien. Vraiment, cette BD est essentielle. Lisez-la, offrez-la, partagez-la. 

En bref, Notre affaire est une œuvre collective puissante et essentielle qui aborde avec beaucoup de justesse, et la force du collectif, le procès Mazan et tous les thèmes qui en découlent. C’est une BD à mettre entre toutes les mains pour la masse de connaissances qu’elle propose sur les violences faites aux femmes, sur le combat qui reste à mener et sur les petites parcelles d’espoir qu’on peut déjà glaner. Notons qu’une partie des bénéfices sera reversée à la Maison des femmes et que donc, en achetant cette BD essentielle, vous participez en plus à une très belle action. 

« Une bande dessinée découpée en trente séquences, chacune dessinée par un auteur différent, couvrant les moments clés du procès des 51 hommes reconnus coupables d'avoir violé Gisèle Pélicot à son domicile. A travers des histoires individuelles, des portraits et des pages documentaires, la culture du viol et de la violence masculine est dénoncée, avec le procès d'Avignon comme fil conducteur.»

(Illustration de couverture : © Hippolyte - extraits, dans l’ordre: Alix Garin, Sole Otero, Hippolyte)

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