La ménagerie de papier

La ménagerie de papier est un recueil de nouvelles de Ken Liu rassemblées par Ellen Herzfeld et Dominique Martel pour une publication chez les éditions Le Bélial’ dans la collection « Quarante-deux ». Grand Prix de l’Imaginaire 2016 dans la catégorie « Nouvelle étrangère », il regroupe 19 récits de l’auteur dont certains multiplement primés, avec en tête la nouvelle La ménagerie de papier (dont le recueil porte le titre) qui a remporté le Nebula, le prix Hugo et le World Fantasy. Et voici ce que j’en ai pensé…

« Ce sont les places que nous occupons dans l’existence des autres qui nous définissent. » (Mono no aware)

Un recueil de qualité

J’admire beaucoup le travail de Ken Liu, surtout depuis la claque que m’avait provoqué L’homme qui mit à l’histoire (Le Bélial’ - collection Une Heure-Lumière). Et si aucun des récits de ce recueil ne m’a fait le même effet (difficilement égalable) que cette novella, je reste assez épatée et admirative à l’issue de la lecture de ces 19 nouvelles. Ce recueil contient des récits de grande qualité, tant du point de vue littéraire que sur le fond. La grande diversité de genres dans le domaine imaginaire rappelle aussi la capacité exceptionnelle de l’auteur de jouer sur divers tableaux. On passe en effet de nouvelles de science-fiction pures (space opera, …) à des nouvelles quasi réaliste où seul un léger élément fantastique/onirique intervient de manière anecdotique. Chacun peut ainsi y trouver son bonheur, d’autant que tous les titres, même les 2/3 récits qui ne m’ont pas embarqué personnellement, sont d’une grande richesse. Ce qui ressort du travail de Ken Liu dans ce recueil c’est sa capacité à éclairer l’humanité par l’imaginaire sous des angles toujours différents. C’est toujours l’humain qui est au coeur des récits de Ken Liu, avec ses failles nombreuses mais aussi ses qualités. Il donne ainsi à notre réalité une aura d’imaginaire qui nous transporte et nous transcende.

« Partout, la vie continuait sans fin, mais on n’était pas plus heureux pour autant. Les gens ne vieillissaient pas ensemble - ils ne grandissaient pas ensemble non plus. Les couples mariés revenaient sur leurs voeux, et ce n’était plus la mort qui les séparait, mais l’ennui. » (Trajectoire)

Quelques textes coups de coeur

Plutôt que de parler des nouvelles qui me plaisent moins, j’ai décidé de vous parler de celles qui m’ont le plus enthousiasmé. Bien entendu, ceci est très subjectif, chacun ayant des affinités différentes. J’aime beaucoup tout ce qui a trait à l’anticipation comme vous le savez, et c’est donc assez évident de voir figurer Les algorithmes de l’amour et Trajectoire dans mes nouvelles favorites. L’une s’intéresse à l’intelligence artificielle et pousse la réflexion très loin en s’interrogeant sur ce qui fait de nous des humains ou des machines. L’autre questionne la vie éternelle et l’accès au bonheur. Des sujets forts, bien amenés et qui poussent à la réflexion même après la lecture. J’ai eu un petit coup de coeur pour La ménagerie de papier également. Pour sa poésie, sa beauté et son côté onirique magnifique. C’est une des nouvelles qui m’a le plus touché avec Mono no aware que j’ai trouvé absolument sublime. On est ici dans de l’anticipation/space opera/nouvelle épique et c’était juste parfait et très émouvant. J’ai enfin un petit coup de coeur pour La plaideuse qui, à mon sens sort du lot par son côté très réaliste et l’enquête qui la compose. Je pourrai en citer beaucoup d’autres (La Peste m’a aussi bien marqué, Avant et après était intéressante, Faits pour être ensemble m’a rendu parano…) mais ce sont vraiment ces 5 récits qui m’ont le plus embarqué. Ceux qui ont suivi mes story Instagram savent que j’ai vraiment apprécié l’ensemble et je ne peux que vous conseiller de plonger dedans pour venir me parler de vos textes préférés. 

En bref, si vous avez envie de nouvelles SFFF de grande qualité, d’un recueil diversifié et riche, je ne peux que vous conseiller de Ken Liu!

« Ken Liu est né en 1976 à Lanzhou, en Chine, avant d’émigrer aux états-Unis à l’âge de onze ans.  Titulaire d’un doctorat en droit (université de Harvard), programmeur, traducteur du chinois, il dynamite les littératures de genre américaines, science-fiction aussi bien que fantasy, depuis une dizaine d’années, collectionnant distinctions et prix littéraires, dont le Hugo, le Nebula et le World Fantasy pour la seule « Ménagerie de papier », ce qui demeure unique à ce jour. Le présent recueil, élaboré au sein d’un corpus considérable, et sans équivalant en langue anglaise, consacre l’éclosion du plus brillant des talents, protéiforme et singulier — l’avènement d’un phénomène. »

(Illustration de couverture: © Aurélien Police)