Éversion

Publié en 2022 en VO et en français le 23 février dernier, Éversion est un roman de science-fiction écrit par Alastair Reynolds et traduit par Pierre-Paul Durastanti pour les éditions Le Bélial’. Intriguée par un résumé prometteur de mystères à élucider, j’ai eu la bonne surprise de le recevoir et donc d’inaugurer ma découverte de l’auteur. Voici ce que j’en ai pensé…

[NB: Merci aux éditions Le Bélial’ pour cette réception surprise.]

« Un vaisseau, c’est un rêve de murmures, dit le mort.»

Un beau puzzle

Tout commence sur une goélette au large de la Norvège auprès d’un médecin embarqué dans une mission d’exploration. L’intrigue s’installe de façon tout à fait ordinaire, récit d’une aventure digne des grands classiques de la littérature jusqu’à ce que l’auteur décide de nous bousculer sur nos certitudes. Je n’en dirai pas beaucoup plus. De fait, c’est une critique qui sera probablement très courte parce que parler de ce roman sans rien en révéler au risque de vous gâcher la surprise limite forcément ce qu’on peut en dire dessus. Sachez seulement qu’il vous faut avancer suffisamment dans ce début d’histoire classique pour vous faire happer par le mystère à élucider. L’intrigue se développe comme un assemblage de pièces de puzzle, malin et précis, et fonctionne ainsi à merveille pour capturer le lectorat dans ses filets une fois le premier twist atteint. Je constate cependant qu’il m’a fallut m’accrocher au début, peu intéressée par un récit d’exploration en goélette bien que je savais la suite prometteuse. J’ai ensuite beaucoup plus accroché bien que le côté « répétitif » a faillit me lasser. La curiosité, heureusement, a pris le pas. 

« Tandis que nous passions au peigne fin des milles et des milles de la côte norvégienne lugubre, cherchant à entrevoir une chose qu’un seul homme - qui n’était ni le plus sobre ni le plus fiable d’entre nous - croyait vraiment exister, et que les jours refroidissaient, que la mer forcissait, que la glace abondait, que les réserves se vidaient, que le navire se délabrait, que le moral baissait et que le sinistre Néerlandais se montrait plus sceptique sur nos chances, j’obtiendrais peut-être le salut si nous faisons demi-tour pour rentrer chez nous. Il s’agissait là de l’espoir d’un lâche; j’en avais bien conscience.»

De l’intérêt de la curiosité

Bien que manquant d’un peu d’originalité dans la proposition narrative, l’élégance de ce puzzle qui procure juste ce qu’il faut de détails, ni trop, ni pas assez, rend la lecture très satisfaisante. On se prend progressivement au jeu à vouloir trouver les réponses aux questions laissées en suspens tout au long de l’intrigue, sans même avoir besoin d’en connaître l’intérêt réel. La curiosité nous pousse à dévorer les pages, cherchant le prochain twist et profitant au passage de la plume de l’auteur comme de sa traduction. Le final vaut en tout cas la peine, offrant une certaine dimension mélancolique et touchante à cette histoire. J’ai particulièrement apprécié les dernières pages de ce roman dont il se dégage une impression magnifique, nous laissant conquis·e sur ces dernières lignes.

En bref, Éversion est un roman efficace à la construction d’intrigue maîtrisée qui nous capture dès le premier twist dans ses filets sans jamais nous en laisser repartir. On constate cependant un procédé narratif assez classique qui se trouve heureusement contrebalancer par notre curiosité à vouloir absolument savoir ce qui se passe. Son final, très réussi, constitue un atout indéniable dans la satisfaction que le roman procure. 

« Qui est Silas Coade ? Où se trouve-t-il ? Et quand ?
Un médecin, sans doute, à bord de la goélette Demeter, à l’orée du XIXe siècle, perdu dans les eaux norvégiennes en quête d’un Édifice dont il ignore tout ? Ou plutôt à la fin de ce même siècle, non loin du pôle Sud, sur la trace de ce même Édifice, prêt à rejouer un désastre annoncé ? À moins qu’il ne soit dans les entretoises d’un dirigeable, quelques dizaines d’années plus tard, en route pour le cœur de la Terre, sur la piste, toujours, de cette structure cyclopéenne mystérieuse ?
Silas Coade est médecin, et il se peut qu’il ne cesse de mourir à jamais, ici, là ou ailleurs… À moins d’envisager l’inenvisageable, et d’affronter l’impensable.»

(Illustration de couverture: © Amir Zand)

[Diversité: ps latinx]

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[Lecture n°20 (21/84 points avec les bonus pour l'échelon 5 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 11 de Ma lecturothèque]