Simulacres martiens : une enquête de Sherlock Holmes

Dernier titre en date de la collection Une Heure-Lumière des éditions Le Bélial’, Simulacres martiens est une novella écrite par Éric Brown et traduite par Michel Pagel. Mêlant l’univers de La Guerre des mondes de H.G. Wells et les personnages célèbres de Sir Arthur Conan Doyle, Sherlock Holmes et le Dr Watson, c’est un titre qui m’attirait énormément et que je me suis empressée de commander et de lire. Voici donc ce que j’en ai pensé…

« Dieu sait si j’ai rêvé de poser un jour le pied sur la Planète Rouge! De me plonger dans sa culture unique et mystérieuse! Pensez, Watson: arpenter les sables rouges de Mars sous un ciel moutarde… contempler l’Utopia Planitia depuis les pentes des Phlegra Montes! 

- Je sens un « mais » qui approche, Holmes…»

Une oeuvre pastiche plaisante

Quand les éditions Le Bélial’ nous ont présenté ce titre, je me suis dit qu’on allait passé un sacré bon moment. Imaginer un Sherlock Holmes vieillissant envoyé sur la planète Mars de Wells pour une enquête de meurtre, voilà qui était original et prometteur. Et puis j’ai vu passé quelques avis fort mitigés, reprochant une présence décorative de Holmes et Watson ou encore une fin très abrupte. Mes attentes ont fondu comme neige au soleil. Et finalement, je dois avouer que j’ai passé un moment fort agréable! Cette novella d’Éric Brown est une oeuvre à la fois palpitante, Mars n’étant pas de tout repos, et distrayante. Il est plaisant de voir les personnages de Sir Arthur Conan Doyle, respectés par ailleurs dans ce qui les définit, envoyés sur Mars au coeur d’une affaire qui, pour une fois, les dépasse complètement. C’est plein d’actions, ponctué d’une touche d’humour anglais et d’une certaine tension. Certes, Sherlock Holmes et Watson ne font pas grand chose, plus spectateurs qu’acteurs, mais leur âge est aussi un aspect important et cela n’empêche pas les deux détectives d’être centraux et charismatiques. L’amatrice de Sir Arthur Conan Doyle que je suis ne s’est aucunement senti flouée en tout cas!

« Je suis impressionné par vos arguments, et par la manière dont vous les exprimez. Le terme « bouffée d’air frais » me brûle les lèvres. De la part d’une personne aussi jeune et… » 

Comme j’hésitais, elle fronça les sourcils: « Je perçois un soupçon de paternalisme dans vos paroles, Dr Watson. Ni mon âge ni mon sexe, j’aime à le croire, ne sont facteurs de l’équation.»

Complot, féminisme et fin ouverte

Simulacres martiens est une novella dans laquelle beaucoup d’éléments nous sont révélés. Nous découvrons notamment l’histoire de l’invasion martienne, avec sa première vague destructrice et la seconde, pacifique, les relations entre la Terre et Mars et aussi quelques brides de la civilisation de la Planète Rouge. Dans ce décor à la fois finement comique et réussi, une foule de références se glisse pour notre plus grand plaisir. L’intrigue, elle non plus, n’est pas de tout repos proposant complot, révélations et actions entre la Terre et Mars en un peu plus de 100 pages. On appréciera également le petit vent de féminisme dans ce texte avec un Watson qui ferait bien de revoir ses préjugés! J’ai vraiment passé un moment très plaisant dans cette lecture, peut-être aussi parce que j’avais réduit mes attentes et que la surprise fut finalement bonne. Quant au final, ma foi, oui, il donne envie d’en avoir plus et peut frustrer mais il constitue aussi une fin en soit. Il est vrai que c’est une fin ouverte, comme une fenêtre vers la suite de l’aventure mais la novella nous a offert pas mal d’évènements à se mettre sous la dent. Il faut savoir que ce texte constitue le premier tiers (remanié) d’un roman de l’auteur: The Martian menace. Et on ne peut qu’espérer en voir un jour la publication chez nos amis de Le Bélial’ pour continuer de découvrir toutes les aventures de Sherlock Holmes en 1907…

En bref, Simulacres martiens est un pastiche réjouissant qui respecte les oeuvres de Wells et de Conan Doyle tout en leur offrant une intrigue palpitante et divertissante réussie. C’est plein d’action et on en redemanderait volontiers une fois la dernière page tournée. Alors certes, la fin ouverte peut décevoir, mais pour le reste, je passe volontiers sur les failles et ne conserve que le souvenir du plaisir ressenti à la lecture!

« Londres, 1907. Dix ans après la reddition terrienne.

Alors que l’humanité vit sous la férule de ses conquérants, Gruvlax-Xenxa-Schmee, vice-ambassadeur de Mars en Grande-Bretagne, vient frapper à la porte du 221b, Baker Street. Il faut dire que l’affaire est d’importance, et quand les maîtres de la Terre vous réclament, se dérober n’est pas une option. Ainsi le docteur Watson et le plus célèbre des enquêteurs humains, Sherlock Holmes, se trouvent-ils propulsés au sein d’une enquête épineuse, dans les méandres désertiques de la Planète Rouge, avec pour compagnon nul autre que l’impétueux professeur Challenger. Leur mission ? Résoudre une énigme improbable et assurer la paix entre les mondes. À moins qu’un terrifiant secret ne se dissimule derrière les intentions prétendument louables des nouveaux seigneurs de la Terre. Car après tout, sur Mars, les apparences peuvent s’avérer trompeuses… »

(Illustration de couverture: © Aurélien Police)

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[Lecture n°11/108 (pour l'échelon 5 Synchronisation avec la page) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 10 de Ma lecturothèque]

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