Mégapoles. Tome 1, Genèse de la cité

L’avantage des livres audio, c’est qu’ils me permettent d’enfin découvrir des titres que je n’arrive pas à case dans mon emploi du temps. C’était le cas du tome 1 de la trilogie Mégapoles de N.K. Jemisin, Genèse de la cité, qui est paru chez Nouveaux millénaires en février 2021 et me faisait très envie. Je me suis jetée sur la version audio Audible studios qui vient de paraître et j’ai donc découvert ce roman d’urban fantasy avec la voix de Marjorie Frantz à la narration. Et voici ce que j’en ai pensé…

« D’où la leçon numéro un sur New York : nous ne sommes pas ce que les gens pensent de nous.»

Un imaginaire vertigineux

Je ne vous le cache pas, c’est une critique difficile à écrire parce qu’il est difficile de parler de ce roman sans dévoilée quoique ce soit ou sans voir des sourcils se froncer d’incompréhension… Moi-même, dans les premières heures d’écoute, j’étais dans un flou perturbant face à l’imaginaire déployé par l’autrice. Original, grandiose, innommable, elle donne à ses personnages un statut qu’il est difficile de concevoir tant il appelle au gigantisme. Et quand le fantastique s’insère dans New York plongeant ses références dans des oeuvres Lovecraftiennes, c’est déstabilisant de prime abord, brisant nos repères comme notre vision du réel dans un sentiment de malaise de plus en plus profond. Mais rapidement, le roman fascine et m’a laissée pantoise devant l’amplitude vertigineuse de ce qui est ici proposé. Original, épatant, sensationnel, l’imaginaire déployé par N.K. Jemisin fait appel aux grands maîtres du genre tout en le taguant de sa personnalité si charismatique. C’est un roman qui demande un peu d’efforts au début, en tentant de se persuader qu’on saisira l’étrange et l’inexplicable plus tard. Mais ça en vaut vraiment la peine! L’audio aide beaucoup à cet effort parce que Marjorie Frantz nous offre une prestation aussi épatante que captivante, variant les voix, les rythmes, les intentions et jouant même de rires, halètements et éclats de voix avec beaucoup de justesse. Sa lecture renforce l’immersion et impressionne tant elle a su donner vie aux personnages de cette histoire.

« New York est bel et bien différente, oui ; hier c’était une ville, point final ; aujourd’hui, la métropole est vivante.»

Un roman inclusif et engagé

En lisant N.K. Jemisin, on s’attend non seulement à l’originalité de son imaginaire mais aussi et surtout à beaucoup de diversité et de valeurs inclusives militantes. C’est même central dans ce roman où New York, ville multiculturelle depuis toujours est un territoire porteur à un casting de personnages différents les uns des autres tant dans leurs origines, physiques ou orientations. Sans jamais devenir le bingo de la diversité, ce roman nous offre un palmarès de personnalités extrêmement bien écrites qui incarnent les différentes facettes de la grosse pomme. Dans leur lutte contre les tentacules/vrilles blanches qui tentent d’envahir New York, ils évoquent tour à tour le racisme, l’homophobie ou encore le classisme, tant historique que présents des USA, et ce pour mieux lui foutre un coup de pied féroce. On se prend de sacrés claques dans la figure à la lecture! C’est d’ailleurs là que l’œuvre de Lovrecraft se prend d’ailleurs un beau revers quand les valeurs de l’auteur de Providence représentent ici la vraie menace, la monstruosité. L’union des différences comme moyen de luttes étant un message certes, classique, mais ici apporté avec une force nouvelle. J’ai tellement aimé! Avec la prouesse de la narratrice et la force des mots de N.K. Jemisin, j’étais totalement immergée et impliquée émotionnellement dans ma lecture et je dois dire que j’avais bien envie d’envoyer se faire voir une certaine Madame White à la manière de Bronca! J’espère que la suite bénéficiera de la même qualité en audio…

En bref, j’ai commencé Génèse de la cité très dubitative et perdue avant d’être finalement soufflée par le gigantisme de l’intrigue et le côté vertigineux et original de l’imaginaire de l’autrice. Inclusif, engagé, palpitant, c’est aussi un roman qui nous colle quelques claques bien senties et propose un palmarès de personnages furieusement bien écrits. J’ai adoré! J’en redemande. Sachez aussi que, bien que tome 1, il constitue à lui seul une forme d’histoire complète déjà satisfaisante en tant que telle. 

« En descendant du train à Penn Station, le jeune homme se rend compte qu'il a tout oublié : son nom, son passé, son visage... Une seule certitude : quoiqu'il n'ait jamais mis les pieds à Manhattan, il est ici chez lui. Rien d'anormal, donc, à ce qu'un vieux taxi jaune à damiers s'arrête devant lui au moment où il en a le plus besoin. Il doit impérativement se rendre sur FDR Drive ; il ignore pourquoi, mais cela a sans doute un rapport avec les tentacules qui sèment le trouble à chaque coin de rue. La ville, sa ville est en danger, et lui seul semble être en mesure de la défendre. Lui seul ? Non, ils sont cinq, un pour chaque arrondissement de New York... »

(Illustration de couverture : © AkuMimpi d’après © f11photo / Shutterstock) 

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[Lecture n°38/108 (pour l'échelon 5 Synchronisation avec la page) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 10 de Ma lecturothèque + thème bimestriel mai/juin « Diversité »]