Échos stellaires

Publié fin septembre aux éditions Fleuve dans la collection OutreFleuve, Échos stellaires est le tout nouveau roman de David Bry et son premier dans le genre de la science-fiction. J’ai adoré tous les livres précédents de l’auteur qui furent, à minima, d’excellentes lectures et pour certains de grands coups de cœur. Si j’ajoute à cela que la science-fiction est mon genre littéraire fétiche depuis de nombreuses années, vous comprendrez que le niveau d’attente était très haut ! Et voici ce que j’en ai pensé…

« Alors, battons-nous pour tous ceux qui sont morts avant d’être libres. »

Pour tout vous avouer, au début de ma lecture j’ai pris peur. J’étais en pleine panne depuis quelques semaines et quand j’ai ouvert ce beau bébé de presque 550 pages et que j’y ai vu quantité de noms, d’informations, d’organigrammes, j’ai eu un premier mouvement de recul. Je n’étais pas dans l’état d’esprit d’oser aller plus loin et j’ai repoussé la lecture quelques temps. Et puis un jour, j’ai fait confiance à l’auteur et à sa capacité de raconter des histoires qui m’ont toujours transporté. Et si, en effet, au début on est confronté à pas mal d’informations à intégrer, l’univers étant vaste et les personnages nombreux, la lecture est rapidement fluide, emportée par un flot d’évènements et de rebondissements qui ne s’embarrassent aucunement de détails techniques qui alourdiraient son rythme. Je dois avouer que j’ai été un peu désarçonnée par le côté haletant de l’histoire, habituée aux langueurs mélancoliques qui parsèment généralement les ouvrages de David Bry. Mais cela rend le roman diablement efficace, trépidant et plaisant ! Impossible de lâcher l’ouvrage, j’étais partie aux côtés de la rébellion !

« À quoi sert notre vie si nous n’en faisons rien? À quoi sert de se lever chaque matin, si c’est pour simplement attendre le soir? Et, au moment de mourir, quel regard porterez-vous sur toutes ces années si vous ne les avez pas remplies de ce qui vous semblait important? »

Révoltes, trahisons, combats, retournements de situations rythment le récit sur plus de 500 pages, maintenant une tension constante particulièrement accrocheuse. Mais au-delà, comme toujours chez David Bry, le récit reste profondément humain et se tisse autour de nombreux sujets, de l’amour au deuil, avec énormément de justesse et de tendresse. L’auteur évoque également avec brio l’importance des liens et de la vie dans un monde où on risque constamment de la perdre et où, parfois, par désespoir, on la recherche. C’est un récit touchant qui garde dans la douleur une lueur d’espoir, lueur qui prend ici la forme de l’étincelle d’une révolte. On y parle de luttes qui dépassent notre seule personne, de l’impact du collectif, d’espoir d’un avenir plus juste. L’auteur questionne avec brio le choix de ne pas agir face à l’injustice, et souligne l’importance de la résistance face à l’oppression, ici définie comme le fait de donner un sens à son existence. Des thèmes qui résonnent évidemment fort dans le monde actuel…

« Alors oui, j’ai peur. Peur de perdre mon travail confortable, d’être arrêté, d’avoir faim, froid et soif à mon tour. Mais, contrairement à moi qui ai eu de la chance à mon arrivée de la Terre, il y a des gens qui n’ont rien du tout et qui en meurent. Comment je pourrais continuer à me regarder dans un miroir si je laissais faire ça? »

Il est difficile de se lancer dans le space opera quand on est bien installé dans les autres genres de l’imaginaire, mais David Bry a, à mon sens, réussi cette aventure. Attention cependant, les personnes qui lisent énormément de SF, notamment de hard-science, y trouveront sûrement moins leur plaisir que les amateurices de soft-SF plus humaniste ou les novices du genre. Le récit manque en effet peut-être parfois de détails sur l’univers, qu’on sent tellement plus vaste que ce qui en reste dans le roman (avec parfois l’impression de survoler certains aspects à défaut de pleinement les exploiter). Mais l’ensemble n’en est pas moins cohérent et riche. J’avoue aussi que la poésie qui se dégage généralement des romans de l’auteur m’a un peu manqué, même si on la décèle pourtant bien ici ou là dans le flux de l’action. Le roman y gagne cependant en efficacité pour un résultat intense, rythmé et palpitant. On ne s’ennuie pas un seul instant et on termine la lecture avec l’impression d’avoir vécu une belle aventure, qui, si elle évoque les grands classiques du genre, conserve aussi sa propre personnalité. Et c’est l’émotion qui perdure le plus longtemps, envoûtante, comme suspendue dans les voiles des chronons…

En bref, Échos stellaires est un très bon premier roman de science-fiction, haletant et passionnant qui n’en oublie jamais de conserver sa part d’humanité. L’émotion y est au rendez-vous, tout autant que les rebondissements. Et l’intrigue nous emporte sans faiblir sur plus de 500 pages. Si j’ai eu quelques regrets ou reproches à lui faire, le roman n’en est pas moins terriblement efficace et je vous le conseille fortement.

« Chronon Galactics, lointaine planète désolée, étouffe sous le joug despotique de son propriétaire qui en exploite les chronons, particules du temps indispensables aux voyages spatiaux. Pilote de génie brisé par la mort de son amour perdu, Noam Kerval a rejoint la Rébellion. La base cachée bruisse des préparatifs à l'ultime bataille. La liberté est là, presque à portée de main ! Presque, car la probabilité de réussite de Kerval et de ses compagnons reste faible, et les calculs des puissantes IA ne se trompent jamais... Sauf peut-être ici, dans ce bout d'univers où les aléas provoqués par les particules porteuses de souvenirs perturbent toute prédiction mathématique. Et si les chronons, mystérieux échos stellaires, cachaient un secret capable de renverser tous les plans, même les plus établis ? »

(Illustration de couverture : © Pascal Casolari)

- Livre reçu en service de presse. Publication non rémunérée. Merci aux éditeurs. - 

[Diversité: pp gay, ps gay, ps noir.e]

> Content warning <

[Lecture n°32 (44/60 points avec les bonus pour l'échelon 4 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 13 de Ma lecturothèque]