La troisième griffe de Dieu (Andrea Cort, #2)

Après un tome 1 exceptionnel paru en début d’année, Andrea Cort est de retour chez Albin Michel Imaginaire le 2 juin. Ce nouveau tome d’Adam-Troy Castro contient le second roman de la trilogie, La troisième griffe de Dieu ainsi qu’une novella, Un coup de poignard, qui s’insère chronologiquement entre les romans 2 et 3. J’avais adoré le premier volume et il me tardait de retrouver Andrea Cort. Voici ce que j’en ai pensé…

« Comment dire non au bonheur, Maître? Est-il moins réel quand il est imposé?»

Une enquête très holmesque en huis-clos dans un ascenseur spatial

Comme le premier roman, Andrea Cort se retrouve au coeur d’une affaire de meurtre à résoudre. Mais si l’intrigue du premier nous emmenait au coeur d’un monde-cylindre, l’essentiel du roman se passe ici en huis-clos au coeur d’un ascenseur spatial où tous les protagonistes sont bloqués. Une mise sous tension intéressante et un sentiment de temps limité pour notre enquêtrice très observatrice qui va devoir démêler toute cette affaire afin de tous les sauver. Assez classique dans son déroulement, cette intrigue n’en est pas moins extrêmement bien ficelée et construite, apportant toujours des éléments clairs et efficaces d’explications aux révélations pour nous montrer tout le cheminement de pensée. C’est aussi plaisant qu’une enquête de Sherlock Holmes mais avec plus de crédibilité dans le raisonnement et une enquêtrice beaucoup plus rentre-dedans qu’on adore. C’est extrêmement prenant, il est difficile de décrocher à la lecture tant on est pris dans cette histoire. Je regrette quelque peu de ne pas pouvoir découvrir plus la planète ni d’espèces sentientes dans ce second volume mais cette frustration passe au second plan après le plaisir immense que j’ai à retrouver Andrea Cort et à me délecter de ses enquêtes. En parallèle à l’enquête, Adam-Troy Castro nous propose encore une fois des réflexions intéressantes dans ce second roman, notamment sur des questions de moralité, ou en interrogeant les notions de liberté et de bonheur. Je ne vous en dirai pas plus si ce n’est que c’est très intéressant et que l’auteur vous laisse choisir votre cheminement de pensée sans vous imposer le sien. 

« Bravo à Hans Bettelhine. Xana, le monde-siège de sa société, venait de battre le record de l’intervalle le plus court entre le moment de mon arrivée et le premier attentat contre moi. Je dois bien l’avouer, ça se bouscule au portillon. Généralement perçue comme une garce plutôt odieuse, je n’ai souvent besoin que d’une conversation pour me faire un ennemi à vie. »

Une vraie série évolutive

Je l’avais déjà souligné dans la critique du premier volume, mais c’est d’autant plus frappant ici, Adam-Troy Castro nous propose une série de textes, romans et novellas, qui se suivent et tracent non seulement une évolution des intrigues mais aussi, et surtout, des personnages. Avoir regroupé les novellas et romans qui constituent le parcours d’Andrea Cort est une idée formidable de l’équipe Albin Michel Imaginaire qui nous offre ainsi toute l’évolution (psychologique et sociale) de ce personnage exceptionnel. Le second roman nous montre ainsi les conséquences du premier sur le trio de personnages. On les retrouve avec plaisir, que ce soit le charisme, le piquant et la douceur des Porrinyard mais aussi et surtout l’intelligence, les valeurs et la hargne d’Andrea. Avec ses failles et son humanité écorchée vive, Andrea fait toujours figure de référence morale dans un univers qui démontre sans cesse sa folie meurtrière alors qu’elle reste « une garce plutôt odieuse ». Ils illustrent à eux trois une volonté de changement, un ras-le-bol des coups des plus grands, un rejet des restrictions de liberté et de la guerre. Et c’est aussi pour cela qu’on les aime. L’intrigue de ce second roman a immédiatement des répercussions sur la suite, dès la novella Un coup de poignard incluse ici, où Andrea Cort n’est qu’un personnage secondaire et qu’il est très enthousiasmant de voir sous un autre point de vue (l’interrogatoire est un petit délice d’ironie). Une novella plutôt haletante même si elle n’apporte pas grand chose dans l’immédiat (outre prolonger le plaisir). Cette dernière met certainement des éléments utiles en place pour le troisième roman. Hâte maintenant de voir ce que la suite nous offrira…

En bref, ce second roman de la série Andrea Cort est encore une fois une vraie réussite. Entre SF et polar, l’auteur nous offre une nouvelle enquête classique mais bien construite et très prenante dans un huis-clos haletant. Mais ce qui fait tout le charme de cette série c’est surtout l’évolution du personnage principal de textes en textes, un personnage remarquable qu’on prend grand plaisir à suivre et que j’ai déjà hâte de retrouver… 

« En choisissant ses nouveaux maîtres, Andrea Cort a été bien récompensée : elle est devenue Procureure extraordinaire pour le Corps diplomatique de la Confédération homsap. Enfin libérée de la plupart des liens hiérarchiques, elle n’a plus à rendre compte de ses déplacements. Invitée par la famille Bettelhine – des marchands d’armes qui sont moralement complices de nombreux massacres et génocides –, elle se rend sur Xana. Andrea méprise les Bettelhines, mais la curiosité est plus forte : elle aimerait savoir ce qu’ils lui veulent. A peine arrivée au port orbital, des assassins tente de l’éliminer avec une arme extraterrestre vieille de 15 000 ans : la troisième griffe de Dieu. Une arme aux effets effroyables. Piégée dans un ascenseur spatial, Andrea va devoir mener l’enquête la plus périlleuse de sa carrière.»

(Illustration de couverture : © Manchu)

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