Les Soeurs Carmines. Tome 1, Le complot des corbeaux

Publié au début de l’année, le premier roman d’Ariel Holzl et premier tome de ce qui sera la trilogie Les Soeurs Carmines, s’intitule Le complot des corbeaux et est édité chez les éditions Mnémos dans leur collection jeunesse Naos. Alors que le tome 2, Belle de gris, vient de paraître à son tour, j’ai eu la chance de pouvoir découvrir le premier opus via une opération Masse Critique de Babelio. Voici ce que j’en ai pensé…

Inutile de vous mentir, ou de tourner autour du pot, c’est une alerte coup de coeur! Déjà j’ai fondu pour l’objet livre, depuis sa couverture à rabat magnifique à ses illustrations intérieures signées toutes deux par Melchior Ascaride, jusqu’à sa mise en page soignée et avec soucis de détail notamment dans les parties de journal intime de Dolorine. Mais, malgré mon attachement à cette esthétique, la beauté ne fait pas tout! Et quand le contenu a aussi un soucis du détail et me plait tout autant que le visuel, impossible de ne pas avoir de coup de coeur. J’ai ADORE le ton grinçant de l’auteur. Le cynisme et le côté ultra décalé de ce roman de fantasy urbaine moderne et savoureux m’ont entièrement conquise. Quel talent pour un premier roman! Et quelle personnalité! Si Ariel Holzl et Oren Miller pouvait se rencontrer et faire de parfaits petits enfants cyniques et ultra charismatiques ce serait des êtres absolument divins (et surement un peu détestables aussi). On ressent pleinement les influences de Neil Gaiman ou Tim Burton dans ce récit brillant. Dans ce roman, j’ai rit, j’ai été maintenue en haleine, j’ai enquêté,… bref ce fut un pur délice du début à la fin.

« Presque aussi paresseuse, la brume somnolait ce matin entre le marbre des stèles. Elle ne faisait malheureusement pas briller le cimetière par son originalité. Mais il fallait l’excuser la brume… Deux-cent quarante-trois cimetières pour une seule ville, difficile de toujours se renouveler. »

L’univers de cette série est riche, mêlant goules, vampires, nécromants, ou encore zombies et fantômes, le tout dans une ville avec 243 cimetières… sans pour autant perdre en cohérence! C’est un petit bijou de fantasy urbaine! L’auteur pousse la construction de la ville de Grisaille et de son monde très loin, jusqu’à ré-inventer un vocabulaire, notamment pour les jours et mois, leur donnant une consonance sombre et savoureuse. Malgré cette grande richesse, on ne se perd pas un seul instant et l’immersion est garantie car l’univers se découvre au lecteur pas à pas, avec fluidité, ce qui rend l’intégration des données logique et aisée. Et quel plaisir de faire connaissance avec les soeurs Carmines! Toutes très fortes et indépendantes et pourtant si imparfaites et si différentes, elles sont assez attachantes (voir attachiante pour Tristabelle). J’ai une petite préférence pour Dolorine dont l’innocence mêlé à beaucoup de noirceur et de choses horrifiques donne au récit un ton parfaitement décalé. L’histoire qui les bouleverse est, quant à elle, palpitante, bien construite, pleine d’actions et de rebondissements, et se lit avec délice jusqu’à atteindre une apogée fabuleuse au chapitre XXI. Alors ce chapitre, c’était juste jouissif! La meilleure scène que j’ai lu depuis bien longtemps, un véritable condensé de l’immense talent du jeune auteur. 

« S’ensuivit une échauffourée inscrite sous le matricule « Incident 4752 » dans les archives administratives de la police royale. Les survivants, quant à eux, préféraient s’en souvenir comme « Quinze minutes d’un foutoir sans nom » ». 

En bref, inutile de vous dire que je n’ai qu’une seule envie: me jeter sur le second tome. Si vous aimez la fantasy, si vous n’avez rien contre un peu de cynisme, si vous avez envie de lire un roman trépidant dans un univers sombre et décalé savoureux, foncez sur ce premier tome des Soeurs Carmines. Vous ne le regretterez pas.

« Merryvère Carmine est une monte-en-l’air, un oiseau de nuit qui court les toits et cambriole les manoirs pour gagner sa vie. Avec ses sœurs, Tristabelle et Dolorine, la jeune fille tente de survivre à Grisaille, une sinistre cité gothique où les mœurs sont plus que douteuses. On s’y trucide allègrement, surtout à l’heure du thé, et huit familles d’aristocrates aux dons surnaturels conspirent pour le trône.

Après un vol désastreux, voilà que Merry se retrouve mêlée à l’un de ces complots ! Désormais traquées, les Carmines vont devoir redoubler d’efforts pour échapper aux nécromants, vampires, savants fous et autres assassins qui hantent les rues…»

(Illustration de couverture : © Melchior Ascaride)