Les promeneuses de l’apocalypse

En juillet 2022, les éditions Doki-Doki ont débuté la publication du manga Les promeneuses de l’apocalypse (4 tomes parus en français actuellement, 4 en japonais) de Sakae Saito. Seinen post-apocalyptique aux airs de road trip étonnamment guilleret de prime abord, c’est un titre qui a immédiatement retenu l’attention de la fan de récit d’anticipation originaux que je suis. Voici ce que j’en ai pensé…

[NB: Cette critique est évolutive en fonction de mon avancée dans la série. Etat actuel de lecture: tome 4 lu.]

Une ballade joyeuse teintée de mélancolie

Les promeneuses de l’apocalypse nous embarque pour un road-trip original à travers un Japon effondré et vide aux côtés de deux personnages attachants. En particulier Yôko dont la joie de vivre communicative semble quasiment inébranlable et apporte une réelle fraîcheur à ce monde en ruines, teintant de joie un univers mélancolique. Embarquez donc pour une virée à moto dans des paysages post-apo saisissants, pour une découverte exaltée du monde extérieur et des lieux qui étaient autrefois grouillants de vie, le tout avec un respect apaisant pour ce qui les entoure. Cette étrange ballade reste très mystérieuse au départ, de même que le contexte qui a participé à l’effondrement du monde ce qui donne clairement envie de poursuivre la découverte de l’histoire pour en savoir plus. L’aspect doux de ce post-apo donne aussi un peu de réconfort. Attention cependant, tout n’est pas joyeux, on reste dans un monde effondré où beaucoup de choses sont perdues et où la mort a laissé ses marques un peu partout. Il y a des moments touchants, des instants plus sombres même si le manga conserve une aura positive surprenante. 

Des paysages splendides

Visuellement, j’ai adoré les paysages parcourus par nos deux héroïnes, j’ai particulièrement aimé voir des lieux si emblématiques du Japon que j’ai eu la chance de parcourir moi aussi. Il y a un soucis du détail très intéressant dans les décors, un réalisme frappant tant on reconnaît les lieux admirablement teintés de l’abandon et du retour de la nature. C’est un vrai régal pour les yeux cette ballade à moto! D’autant qu’elle s’accompagne des images des lieux vivants ce qui permet une comparaison intéressante pour qui n’a pas eu le plaisir de les voir. Je regrette que ce travail de finesse ne soit pas vraiment transposé aux personnages cependant. Airi et Yôko sont en effet un peu trop lisses à mon goût. Je rejoins d’ailleurs Tachan sur l’aspect incongru de la tenue d’écolière de Yôko qui est un peu inutile, à tout le moins assez illogique. Mais cela ne gâche pas la lecture pour autant, loin de là. J’ai pris un très grand plaisir à les suivre dans le premier tome et je n'ai pas attendu bien longtemps pour acheter le tome 2 et poursuivre la ballade. Parce qu’un post-apo où le positif ressort en force, ça fait du bien!

Le second tome est un peu en dessous du premier, l’effet de surprise en moins, mais propose néanmoins une suite de qualité. Un beau passage tendre et émouvant, de la tension et même une vraie angoisse donnent un rythme palpitant à ce second opus. On conserve en sus l’enthousiasme des héroïnes qui teinte d’espoir et de douceur ce post-apo. Cela reste très plaisant !

Le tome 3 suit la même lignée que les précédents. Un peu de longueurs s'infiltrent dans ce manga contemplatif depuis qu'on a passé la surprise du premier. Cependant, l'enthousiasme de Yôko et Airi reste communicatif et la découverte du monde d'avant par les ruines et les traces qui en restent apportent une belle fraîcheur dans le genre. J'ai regretté ici un accent un peu trop prononcé sur la nourriture à base de préparation d'animaux chassés, qui si elle est logique dans l'univers m'a tout de même mise mal en tant qu'amoureuse des bêtes végétarienne. J'ai cependant passé outre grâce à une superbe histoire d'âmes et de conscience qui est empreinte d'une superbe poésie mélancolique qui apporte une dose de douceur en plus dans cette saga. Côté visuel, on en prend encore plein la vue avec des paysages magnifiques et de nouvelles régions à explorer! J'ai hâte de lire le tome 4 mais j'espère aussi que la série ne traînera pas trop en longueurs pour ne pas me lasser en chemin. 

Le tome 4 conserve un peu des doutes que j'éprouvais au tome 3 mais également le côté contemplatif plaisant de ce road-trip post-apo. Il prend cependant deux tournures inattendues, l'une métaphysique étrangement vite passée sous silence et une évolution de l'intrigue bienvenue en toute fin de tome. Je suis curieuse de lire la suite et j'apprécie toujours l'ambiance de cette série même si j'attends que l'intrigue change un peu.

En bref, Les promeneuses de l’apocalypse est un manga surprenant qui arrive à mêler la mélancolie d’un post-apo à l’exaltation de ses personnages pour un rendu foncièrement doux et positif qui n’oublie pas de petites touches d’émotions. Les paysages du Japon effondré sont splendides ce qui rend cette virée à moto d’autant plus agréable. Les tomes 2 à 4 sont peut-être un peu en dessus du premier, la surprise étant passée mais la ballade reste très agréable. 

« Yôko et Airi visitent les endroits les plus célèbres du Japon avec leur moto tout terrain. Admirer le mont Fuji depuis Hakone, pêcher sur le pont de la baie de Yokohama, sans oublier d’aller au Tokyo Big Sight. Voilà le voyage qui attend nos deux jeunes filles à moto. Hélas, le monde s’est effondré…»

(Illustration de couverture & extrait : © Sakae Saito) 

D’autres avis dans la blogosphère: Les Blablas de Tachan, Songe d’une nuit d’été, …

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