Curiosity

Après la très bonne surprise de Trois fois la fin du monde en 2018, j’ai eu envie de lire le nouveau livre de Sophie Divry publié aux éditions Noir sur blanc dans la collection Notabilia. Curiosity est une novella, suivie d’une nouvelle intitulée L’Agrandirox, deux courts textes d’imaginaire publiés en mars dernier dans un petit livre rouge. Et voici ce que j’en ai pensé…

« Je suis terrifié. Je sais que je dois me soumettre mais je suis terrifié. Il fait déjà -76°C. La Voie lactée est un linceul qui veut m’engloutir. »

Une novella pleine de beauté

Curiosity est le texte qui m’a le plus envoûté dans ce livre. Prenant place sur Mars au coeur des pensées d’un robot sociable mais terriblement seul, c’est une novella au ton doux et mélancolique qui nous transporte sur les landes désolées de la planète rouge. Curiosity, en plein questionnement sur son existence interroge le sens de la vie, la destinée et souligne avec force l’immense désespoir de l’absence d’avenir. Poétique, beau, c’est un texte qui rappelle l’importance des contacts dans la construction d’une identité et de nos raisons de vivre. On y parle imagination, rêve, envie, dans un corps construit pour obéir et contraint à une vie de labeur jusqu’à l’obsolescence. C’est une métaphore intéressante sur l’utilité de nos existences, du désintérêt d’un monde pour ce qui n’est plus performant, mais c’est aussi une belle évasion sur une planète ici haïe mais pourtant toujours envoûtante. 

« Ma mission originelle a-t-elle été amputée? Ai-je un double quelque part attendant un signe de moi? Ou ai-je été créé pour une autre tâche, une mission cachée, en plus de celle de répertorier les roches martiennes? À moins qu’il n’y ait aucun sens à tout cela.»

Agrandirox, du Buzatti un peu plat

Si Curiosity m’a emportée, Agrandirox ne m’aura pas vraiment convaincue. Cette nouvelle s’inscrit dans un registre fantastique à l’ambiance oppressante et s’installe dans la période du confinement de 2020. Elle emprunte un peu à du Dino Buzatti pour son ambiance si particulière mais ne réussit pas vraiment l’exercice en restant assez plate et un brin frustrante. Rien de bien exceptionnel ici même si la nouvelle évoque également la solitude du premier texte et interroge sur le vide au creux de nous lorsque l’isolement est total. Ce n’est pas inintéressant mais ce n’est pas non plus inoubliable. Le premier texte était plus touchant, plus riche. Malheureusement, à 14€ en papier ou 10€ en numérique, ces 88 petites pages semblent un peu légères au final. Je vous conseille donc plutôt la découverte via vos bibliothèques si le coeur vous en dit.

En bref, Curiosity est un petit livre intéressant, surtout grâce à la novella sur Mars pleine de poésie et de mélancolie. C’est un beau texte qui interroge le sens de la vie, questionne la solitude et teint l’histoire d’un désespoir assez envoûtant. La nouvelle suivante, L’Agrandirox, n’est pas inintéressante et questionne également la solitude mais n’est pas assez aboutie pour vraiment réussir à m’emporter.

« Curiosity est seul sur Mars. Voilà des années que le robot de la Nasa travaille dans le froid, le rouge et la poussière. Mais Curiosity n’est pas un rover comme les autres. Il a besoin de se faire des amis et de parler à Dieu, cet être étrange qui vit sur Terre et qui, chaque matin, lui donne du travail.

En proie à la solitude, Curiosity s’accroche à une conviction : une mission particulière l’attend. Un matin pourtant, il comprend que sa mort est programmée. Le doute l’envahit. À quoi bon avoir vécu, si on est privé de destin ? Désespéré, il commence à écrire son testament. Les trois nuits suivantes seront pleines de révélations.

Dans ce testament tendre et extraterrestre, Sophie Divry interroge notre solitude, notre humanité et le désir de transcendance.»

(Illustration de couverture: © Paprika)

> Lire un extrait < (© Noir sur blanc)

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