La femme intérieure

Vendredi 28 août, les éditions du Cherche-Midi inaugurent leur collection Vice Caché (qui reprend le flambeau de feu la collection Lot 49) avec le premier roman traduit en français d’Helen Phillips intitulé La femme intérieure. Roman de science-fiction et thriller psychologique, ce titre a fait grand bruit à sa sortie VO et a même été élu meilleur livre de l’année par le New York Times et le Washington Post. J’ai eu la chance de pouvoir le lire en avant-première et voici ce que j’en ai pensé…

[NB: Je remercie Benoît et avec lui toute l’équipe du Cherche-Midi pour cet envoi et la confiance sans cesse renouvelée. Bonne rentrée littéraire à toutes et tous!]

« Elle n’en revenait pas d’avoir des enfants, de vivre chaque moment avec une telle conscience de l’abîme, la blessure potentielle palpitant au sein de chaque seconde.»

Addictif 

La femme intérieure est typiquement le genre de roman auquel l’adjectif addictif semble correspondre à 100%. Alors que je pensais n’en lire que 10/20 pages pour me faire un avis sur le style avant faire autre chose, j’ai été surprise d’en avoir dévoré plus d’une centaine sans même m’en rendre compte. Helen Phillips nous offre un roman à la tension permanente et à l’intrigue machiavélique. Alors même que peu de choses se passent, on se retrouve à tourner les pages fébrilement, porté(e)s par le mystère qui entoure ce livre atypique mais surtout par la construction narrative qui sème un doute permanent sur la réalité et nous maintient, du début à la fin, sur le qui-vive. Tout comme Molly, la lectrice/le lecteur est amené(e) à ressentir une menace permanente, créant une formidable addiction à la lecture. Ajoutez à cela des chapitres très courts et un jeu d’alternance de temporalité couplé à des cliffhangers et vous avez entre les mains un roman qui peut vous rendre insomniaque.

« Elle allait pousser la porte et s’avancer dans son autre vie, cette vie animale et secrète dans laquelle elle coupait des pommes, décongelait des petits pois, torchait des petits culs et laissait son corps se faire traire sans cesse et se remplir sans cesse. Cette vie où son nom était crié et réclamé des douzaines de fois par jour.»

La maternité au coeur d’une intrigue surprenante

L’autrice propose ici une intrigue de science-fiction plutôt intelligente pour aborder de façon originale mais très précise la maternité et plus particulièrement l’amour d’une mère pour ses enfants. Avec une intrigue tordue, elle pointe avec beaucoup de force à la fois la fatigue du rôle de mère, l’amour et le besoin mais aussi et surtout l’instinct protecteur qui peut faire basculer une personne ordinaire. C’est purement machiavélique et vicieux comme intrigue mais ça fonctionne parfaitement. Par contre, attendez-vous à être désarçonné(e)s car c’est une lecture plutôt étonnante qui joue beaucoup sur la frustration de son lectorat. Son final notamment, est très déroutant et j’avoue être restée sur une grande interrogation qui empêche le coup de coeur. Mais ma lecture a été un vrai plaisir et je ne peux que vous inviter à le découvrir à votre tour malgré cette conclusion en demi-teinte. Ainsi, en plus, vous pourrez venir me parler de votre avis sur la fin et je me sentirai moins seule avec mes questions!

En bref, La femme intérieure est un roman étonnant et terriblement addictif. Avec son intrigue machiavélique entre science-fiction et thriller psychologique vicieux, Helen Phillips accroche les lectrices/lecteurs du début à la fin de son roman sans besoin de grands artifices ni de grandes actions. Chapeau! Il sort le 28 août.

« Molly participe à des fouilles dans une ancienne station-service. Elle déterre un jour des objets dont la nature perturbe sa conception d’un univers logique, comme cette Bible où Dieu est au féminin. Chez elle, Molly doit affronter une situation tout aussi perturbante : son mari a dû se rendre à l’étranger pour donner un concert, la laissant seule avec leurs deux enfants en bas âge. Mais voilà qu’un soir elle entend des bruits de pas dans le salon…

Un intrus surgit alors dans sa vie, un intrus très particulier, puisqu’il s’agit… d’elle-même ! Une Molly identique, à une différence près : cette Molly-là a perdu ses deux enfants dans un attentat sur son lieu de travail. Débordée par son rôle de mère, Molly se retrouve confrontée à une femme qui veut récupérer ses enfants à tout prix. Les deux Molly sont-elles les deux facettes d’une même femme au bord de l’effondrement, ou la trame de l’Univers s’est-elle vraiment déchirée ? Deux mères presque semblables peuvent-elles cohabiter…»

(Couverture: © Jeanne Mutrel)

[Lecture n°57/60 (pour l'échelon 4) pour le Challenge de Littérature de l'Imaginaire édition 8 de Ma lecturothèque]