An unkindness of ghosts

Il y a parfois des romans qui vous attirent sans que vous ne sachiez vraiment pourquoi, des romans que vous devez lire absolument. An unkindness of ghosts est de ceux-là pour moi. Premier roman de l’autrice Rivers Solomon, paru en 2017 chez Akashic books, il a également été traduit sous le titre L’incivilité des fantômes pour les éditions Aux forges de Vulcain en 2019. C’est en VO que j’ai plongé dans ce space opera afrofuturiste qui m’attirait comme un aimant et voici ce que j’en ai pensé…

« The whole point of occupying a position of power was that you got to do what you wanted with impunity.»

Un premier roman coup de poing

Avant toute chose, pour ceux qui, comme moi, seraient tombés amoureux de la couverture VO et veulent tenter la lecture en anglais, An unkindness of ghosts m’a semblé très accessible et je n’ai ressenti aucune difficulté de compréhension insurmontable à mon humble niveau. L’extrait en fin de chronique peut vous aider à voir si c’est compréhensible pour vous. Ce roman est en tout cas une véritable claque qui secoue non seulement nos émotions mais critique aussi fortement les inégalités sociales et de genres et le racisme tout en dénonçant les dérives d’une société ultra contrôlée, tyrannique et violente. Le vaisseau Mathilda réparti ses habitants, descendants des derniers terriens, en catégories: les blancs, puissants, sont dans les niveaux supérieurs et vivent dans l’opulence quand les métisses et noirs de peau vivent dans les niveaux inférieurs contraints à des règles stricts et au travail forcé. Avec ce retour d’une ségrégation raciale dans un contexte de huis-clos spatial, An unkindness of gohsts dénonce avec puissance les travers de notre société actuelle avec des scènes marquantes et émotionnellement très intenses qui nous laissent pantois d’admiration pour la jeune autrice qu’est Rivers Solomon. Certaines scènes sont difficiles à lire, mais ce qui est très fort c’est que la violence la plus dure à encaisser ne vient pas des passages les plus graphiques mais de tout ce qui se lit entre les lignes ou dans les dialogues. Ce roman est une claque qui dénonce beaucoup de choses avec justesse et qui prône avec force la liberté, le féminisme, la justice et l’égalité de tou.te.s. C’est un cri de révolte et d’amour qui défie le silence de l’espace.

« If he recognized her, he said nothing. But how could he not? Shorter hair and a new outfit were hardly a facial reconstruction. That was how nothing she was to him, to all of them. He could stare her in the face and beat her backside with a cane, and then forget.»

Une héroïne coup de coeur et une intrigue passionnante

Dénoncer c’est bien, mais le faire dans une intrigue bine rythmée et captivante, c’est encore mieux. L’histoire de ce roman m’a immédiatement embarquée, non seulement parce qu’elle démarre assez vite et nous offre une société dystopique passionnante à découvrir, mais aussi et surtout grâce à son héroïne. Aster est imparfaite mais terriblement attachante. On s’y accroche aussi vite qu’on l’a rencontre, on a envie de la suivre, de la connaître, de l’aider aussi. C’est une héroïne inoubliable par son intelligence, ses réflexions et la force symbolique de ses actes. Son histoire est un fil rouge que l’on a envie de suivre au coeur de cet univers atroce et sa ténacité nous encourage, nous aussi, à ne jamais laisser tomber la lecture. Certains passages du livre m’ont fait vivre milles émotions que j’étais incapable de contenir tant j’étais plongée coeur et âme dans ma lecture. Le roman n’est certes pas exempt de défauts, contenant notamment quelques petites facilités scénaristiques, mais il n’en reste pas moins une fiction efficace, immersive et puissante qui m’aura provoqué dès ses premières pages un coup de coeur qui n’a fait que s’intensifier jusqu’au final. 

« Jutting Cliff Wing was filled with rosy-cheecked, rosy-lipped, rosy-gummed upperdeckers. In the nebula of pink, Aster stood out. Brown. All brown. »

En bref, je vous conseille très vivement la découverte de Rivers Solomon avec ce premier roman qui non seulement vous propose un univers et une intrigue passionnants mais vous file une gifle monumentale par ses dénonciations. Coup de coeur.

« Aster has little to offer folks in the way of rebuttal when they call her ogre and freak. She’s used to the names; she only wishes there was more truth to them. If she were truly a monster, she’d be powerful enough to tear down the walls around her until nothing remains of her world.

Aster lives in the lowdeck slums of the HSS Matilda, a space vessel organized much like the antebellum South. For generations, Matilda has ferried the last of humanity to a mythical Promised Land. On its way, the ship’s leaders have imposed harsh moral restrictions and deep indignities on dark-skinned sharecroppers like Aster. Embroiled in a grudge with a brutal overseer, Aster learns there may be a way to improve her lot—if she’s willing to sow the seeds of civil war.»

(Illustrations de couverture: © TG Design)

> Lire un extrait < 

[Lecture n°15/60 (pour l'échelon 4) pour le Challenge de Littérature de l'Imaginaire édition 8 de Ma lecturothèque]

- Lecture pour le Challenge #HMSFFF - Mars 2020: Women in charge -