La Cité du futur

Publié pour sa version originale sous le titre Last year en 2016, ce roman de Robert Charles Wilson est paru en 2017 dans la collection Lunes d’encre des éditions Denoël sous le titre La Cité du futur. Promesse de voyage dans le temps à la sauce western qui me faisait très envie, j’ai finalement trouvé la parfaite excuse pour tenter sa lecture avec le thème du mois de juillet du Hold my SFFF challenge: « Espace et Temps ». Et voici ce que j’en ai pensé…

Extrait:

« Il avait rappelé à Elizabeth, avec tout le tact possible, qu’elle ne devait pas jurer, ni marcher d’une allure trop décidée, ni exprimer ostensiblement ses opinions, ni faire aucune des dix mille autres choses que les femmes de la Cité accomplissaient naturellement et qui, en 1876, risquaient d’offenser les gens ou même de provoquer une émeute. »

De bonnes idées mais une intrigue décevante

Je ne vais pas vous le cacher, La Cité du futur a été une lecture plutôt décevante que j’ai même failli abandonner après les 50 premières pages… Car si l’idée est plutôt originale et sympathique d’imaginer un complexe touristique crée par des gens du XXIème siècle en 1876, elle n’est malheureusement pas assez creusée ou soutenue par une intrigue solide. J’ai cependant beaucoup apprécié les quelques questions morales que soulève ce voyage temporel qui va impacter considérablement le développement de cette société du passé en bouleversant son évolution. Un peu plus d’approfondissement aurait cependant été appréciable. De même, un tel échange entre personnes du XXIème siècle et de 1876 est forcément porteur de réflexions sur des sujets forts, réflexions bien présentes dans le récit mais au statut malheureusement trop décoratif, à savoir la condition féminine, la xénophobie et tous les travers de l’histoire de l’humanité. Il y avait là matière à avoir un roman puissant, marquant et passionnant. Mais l’auteur a préféré développer des aspects plus « classiques » et, à mon sens, sans grand intérêt, notamment une romance assez fade. J’ai également eu du mal à me faire au style d’écriture, pas désagréable en soi mais peu immersif. Je ne visualisais pas du tout ces deux tours modernes dans l’espace sauvage de l’Illinois du XIXème siècle, je n’arrivais pas à y croire…

« Enfin, vous connaissez le dicton. Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse est affligée d’un malheur particulier.

- Qui a dit cela? Un sage de votre siècle? »

Elle haussa les épaules. « J’ai dû l’entendre dans une émission d’Oprah. »

Paradoxe temporel?

Qui dit voyage dans le temps, dit paradoxe temporel… Et sur ce point Robert Charles Wilson s’est sacrement embourbé en modifiant allègrement le passé (1876) par l’arrivée des hommes du XIXème siècle avec leurs médicaments, leurs iPhones, leurs armes, leur électricité et même leurs hélicoptères… Mais il a trouvé l’excuse trop facile du « oui mais c’est pas la même ligne temporelle, donc c’est pas le passé de notre présent mais un autre passé très très très similaire ». Alors oui, cette excuse du « multivers » est très utilisée mais je ne trouve pas qu’elle suffise ici et pour moi elle démontre plus un manque de solidité dans la construction de son univers. Cette faiblesse s’accompagne malheureusement d’une intrigue un peu maladroite où la promesse (je cite la quatrième de couverture) de surprises qui « s’enchaînent à un rythme vertigineux » n’est pas tenue. On s’ennuie dans ce récit. Le seul moment où l’intrigue m’a accroché à ses wagons est un passage très western de combat ainsi que le récit du passé d’un des personnages. Le point commun de ces deux passages? Le côté « futur » est absent ou quasi-absent. Je regrette également de ne pas avoir développé d’attachement pour les personnages principaux. Certains, très secondaires et apparaissant en toute fin d’ouvrage, sont plus intéressants et plus crédibles aussi. Attention cependant, tout n’est pas mauvais dans cet ouvrage, il ne correspond juste pas à mes attentes et me laisse donc un sentiment amer. Certains passages sont intéressants et les idées de base sont originales et prometteuses. Je crois qu’avec un peu plus de développement dans les réflexions morales et sociétales et des personnages plus touchants, le roman aurait une toute autre saveur pour moi.

En bref, La Cité du futur a été une lecture décevante à cause d’un manque de solidité et de crédibilité dans l’univers proposé et son intrigue. L’idée de base est cependant intéressante et originale et c’est sans nul doute un roman qui trouvera son public et qui, d’ailleurs, l’a déjà trouvé si j’en crois les échos plus positifs qui m’ont poussé à le découvrir.

« Pour cinq ans seulement, jusqu’en 1877, la cité de Futurity dresse ses immenses tours jumelles au-dessus des grandes plaines de l'Illinois. Depuis Futurity, des hommes du futur viennent visiter le XIXe siècle. Et, contre une fortune en métaux précieux, les autochtones peuvent dormir dans la tour n° 1, véritable vitrine technologique d’un incompréhensible XXIe siècle. 

C’est dans cette cité, construite à partir d’un futur parallèle, que travaille, comme agent de sécurité, Jesse Cullum, un autochtone. Parce qu’il a sauvé le président Ulysse Grant d’une tentative d’assassinat, Jesse se voit proposer une promotion : assisté d’une femme du XXIe siècle, il va devoir mener l’enquête. 

Mais que va-t-il réellement découvrir? Un complot pour tuer le président… ou les inavouables secrets de Futurity? »

(Illustration de couverture: © Aurélien Police)

> Lire un extrait < (© Denoël)

[Lecture n°32/36 (pour l'échelon 3) pour le Challenge de Littérature de l'Imaginaire édition 7 de Ma Lectorutothèque]

- Lecture pour le Challenge #HMSFFF - Juillet 2019: espace & temps -