38 mini westerns (avec des fantômes)

Premiers textes publiés par Mathias Malzieu dans le monde de la littérature, le recueil de nouvelles 38 mini westerns (avec des fantômes) est paru aux éditions Pimientos puis chez J’ai lu. J’ai découvert ce récit dans le coffret contenant La Mécanique du coeur et Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi offert par un ami. Il accompagne l’album Western sous la neige de Dyonisos dont Mathias Malzieu est le leader. 

Des morceaux de rêves, des morceaux de vie. Mathias Malzieu est, selon moi, un grand rêveur, un imaginatif surdoué des métaphores, un acrobate des mots qui voit le monde à travers des lunettes de poésie. Ce recueil de nouvelles est un assemblage de moments de vie où le rêve se mêle à la réalité sans que les contours n’en soient toujours définis. Il faut, pour en apprécier la saveur, s’ouvrir à une autre façon de voir le monde (et sans doute aimé les Kinder surprise). En effet, ici, un simple évènement, comme observer un lustre, devient magique et initiateur de rêveries poétiques sans fin. Mais attention, ce n’est pas juste une accumulation de jolies phrases, ce recueil se raccroche à la vie de l’auteur et tisse, entre chaque nouvelle, des liens: ceux d’une existence.

« Cet hiver, elle s’était fabriqué une robe avec de la neige. Elle avait cousu les flocons entre eux et elle brillait comme un petit diamant sur pattes qui courait partout en éternuant. Au printemps, alors que sa robe commençait à fondre, elle ouvrait les coquelicots à l’avance pour s’en confectionner une autre. »

Malgré tout, ce recueil est le texte le moins abouti de l’auteur. Je le ressens comme une prise de notes irrégulière au fur et à mesure du fil de l’existence mais qui reste, pour le lecteur, un peu trop hermétique pour y plonger pleinement. Moins doux que les autres livres, l’univers ici subit, de par son format de nouvelles (parfois extrêmement courtes!), un découpage frustrant. 38 mini westerns (avec des fantômes) est pour moi, une oeuvre anecdotique, remplie d’anecdotes plus ou moins savoureuses, avec quelques pépites (Tout petite avalanche et Le bracelet d’argent notamment) et des moments un peu plus décevants. Mais cela reste un premier livre et si on le considère comme un échantillon des merveilles publiées ensuite, il reste savoureux.

« En fait, je ne m’ennuie jamais, seulement mes rêves sont suspendus si haut que ça me fatigue un peu d’avoir l’âme systématiquement tendue pour les décrocher. »

J’ai également été assez gênée par des mots parfois très crus, très réels, qui cassaient la rêverie de façon assez brutale et m’empêchait de me reposer sur les nuages que créent, d’habitude, les livres de Mathias Malzieu dans mon esprit. Même si, en y réfléchissant après coup, ces irruptions de réalité brutales sont aussi partie intégrante de la vie… Je pense malgré tout que ce recueil n’est pas une oeuvre complètement aboutie comme peut l’être l’album de musique lié (que j’aime énormément et que je vous invite à écouter pendant la lecture). Ce n’est que plus tard, lorsque Mathias Malzieu écrira des textes plus longs et donc plus immersifs que son talent va éclore complètement. Par contre, j'ai apprécié l'incursion de photos polaroïd assez farfelues et témoignant de l'univers étrange de l'auteur. Charmante idée originale pour illustrer! 

En bref, 38 mini westerns (avec des fantômes) est un petit recueil sympathique de nouvelles, des parts de vie sous un regard d’enfant rêveur, mais il n’est pas suffisamment abouti pour embarquer complètement le lecteur dans l’univers de l’auteur. Mais pour un premier livre, c’était déjà sacrément prometteur. 

(Couverture: © Atelier lzc)

« Quand « les fées-lustres » tournent un « film porno avec des fantômes » dans le « Paris-Texas-Paris », il n’y a pas de doute : nous sommes bien dans l’univers de Mathias Malzieu. Dans la « pâte à bisous » ou le « crépi à la meringue », les fantômes sont partout. Parce qu’ils ont besoin de compagnie, de temps en temps. »

Chanson « Song for Jedi » issue de l’album « Western sous la neige » de Dyonisos: