Le gambit du renard

Premier tome d’une trilogie de space opera qui a connu un succès retentissant depuis sa parution en 2016, Le gambit du renard de Yoon Ha Lee est paru le 1er novembre dernier en français aux éditions Denoël dans leur collection Lune d’encre. Il a reçu le prix Locus du premier roman et a même été finaliste du prix Hugo et du prix Nebula. Il n’en fallait pas plus pour m’intriguer et voici donc ce que j’en ai pensé…

[NB: Un grand merci aux éditions Denoël et à Clémence pour l’envoi de ce service presse dans le cadre de notre partenariat.]

« L’Univers était régenté par la mort. Aucun merveilleux mécanisme d’horlogerie au monde ne pouvait stopper l’entropie. On pouvait collaborer avec la mort ou on pouvait la laisser faire, c’était tout. »

Un premier roman extrêmement abouti 

Dès les premières pages, l’auteur nous plonge sans préparation dans un univers extrêmement bien construit, très original et d’une richesse époustouflante! Il est très rare, et pas seulement dans des premiers romans, d’avoir affaire à des sociétés imaginaires aussi élaborées, tant sur le plan culturel, historique et politique. Tout a été pensé en détails et c’est passionnant à découvrir. Mais c’est aussi assez désarçonnant de ne pas avoir de temps d’introduction à ce qui régit la société et son fonctionnement. On a en effet parfois du mal à visualiser tous les éléments de l’intrigue et à s’y immerger totalement. D’autant que cet univers complexe et abouti épatant se couple aussi à une richesse littéraire tout aussi travaillée qui peut en désarçonner plus d’un. 

« Elle affirme s’appuyer sur une démocratie émergente.

- Une quoi?"

Jedao soupira. "Une obscure forme expérimentale de gouvernement dans laquelle les citoyens choisissent leurs propres chefs ou leur politique en votant. »

Un roman passionnant qui se mérite

Malgré la complexité évidente de l’intrigue et de la plume, l’histoire est si passionnante qu’elle mérite un effort d’adaptation de notre part. Car croyez-moi, au départ, lâchez que nous sommes au beau milieu d’une intrigue qui démarre sur les chapeaux de roues, on est un peu perdus. Données tactiques, informations mathématiques, composants originaux et imaginaires qu’il faut tenter de visualiser et saisir… Et pourtant, déjà, on perçoit l’étendue de l’univers et l’intérêt des personnages présentés. Car la société qui se dévoile à beaucoup de choses à offrir, mais c’est avant tout pour Kel Cheris, puis ensuite pour Shuos Jedao, que j’ai poursuivi la lecture avec avidité. L’intrigue, au fur et à mesure que l’on s’habitue aux codes de l’univers, devient terriblement passionnante et très bien construite. Les aspects de stratégie, à la fois militaires et politiques sont finement pensés et on dévore les pages les unes après les autres, pressés qu'on est de savoir comment les plans vont se dérouler. Et le final est d’une intensité exquise! Suffisamment en tout cas pour me donner envie de lire la suite de la série, même si je sais qu’il sera ardu de réintégrer tous les paramètres de l’univers après l’attente. Plus qu’à croiser les doigts pour que la traduction ne tarde pas!

En bref, Le gambit du renard est un premier roman d’une richesse rare à la construction très aboutie qui m’a passionné malgré sa complexité déroutante au départ. Je le réserverai plutôt aux amateurs de space opera qu’aux novices pour cette raison mais c’est indéniablement un roman épatant.

« Le capitaine Kel Cheris tombe en disgrâce après avoir utilisé des armes non conventionnelles lors de sa dernière affectation. À sa grande surprise, elle est promue général à titre temporaire par le commandement Kel qui lui confie une mission d’une importance vitale pour l’Hexarcat, le système des six factions : mater une hérésie en cours dans la forteresse des Aiguilles Diffuses. Seulement cette promotion est assortie d’une terrible condition : ancrer en elle l’esprit du général Shuos Jedao, ancien traître et fou sanguinaire mort depuis des siècles, mais stratège de génie qui n’a jamais perdu une bataille. 

Que cachent les six factions à Kel Cheris? Que sait exactement Jedao et, surtout, qui fut-il réellement? »

(Illustration de couverture: © Chris Moore)

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