Les Soeurs Carmines. Tome 3, Dolorine à l'école

Après un gros coup de coeur pour le premier tome, un coup de coeur aussi sur le second, j’attendais ce dernier tome de la trilogie des Soeurs Carmines d’Ariel Holzl avec une impatience folle. Intitulé Dolorine à l’école, ce dernier opus se concentre donc sur la plus jeune soeur (et aussi ma petite chouchoute). Il est sorti en mai dernier chez Mnémos dans la collection Naos et voici ce que j’en ai pensé…

Une nouvelle narration pour une nouvelle soeur

Honnêtement, je suis assez bluffée par Ariel Holzl qui, à chaque tome de la trilogie, ne se contente pas de changer de point de vue, mais change aussi de style, s’adaptant au personnage principal. Alors que le ton était cinglant dans le tome de la sociopathe Tristabelle, on est ici dans un schéma plus enfantin, plus doux, adapté à la petite Dolorine. Aussi, ce troisième opus apparaît comme étant plus jeunesse, tant de le style que dans l’histoire qui est moins alambiquée (alambiqué ça veut dire que ça fait de l’alcool?), mais également plus fantasque. Quel talent! On retrouve bien évidemment l’univers sombre et décalé que j’aime tant, bien que l’action se situe principalement hors de Grisaille dans le pensionnat de la jeune fille (un coin paumé très très lugubre). Surtout qu’avec l’innocence (ou insouciance) de Dolorine, tout prend une autre dimension. Peut-être un peu moins cynique que les précédents, ce tome ne manque pourtant pas de piquant (sans que ce soit douloureux), offrant quelques répliques marquantes qui n’auront pas manqué de me faire mourir de rire (au sens figuré, rassurez-vous). En parlant d’humour justement, je n’aurai jamais pensé qu’un glossaire puisse autant me faire pleurer de rire! Jusque dans les petits ajouts, ce livre est fignolé à la sauce Ariel Holzl (= sauce parfaite pour assaisonner des cadavres grillés et leur donne un goût savoureux) et ne donne qu’une seule envie: lire autre chose de l’auteur très très très vite!

« (…) Mais ils ont dû abandonner leurs manoirs, leurs héritages, leurs laboratoires… Et rejoindre le seul endroit qui accueille les parias, les misérables et les dégénérés de tous poils…

- La poste? »

L’histoire de Dolorine

Pour être tout à fait honnête (même si Tristabelle préfère le mensonge, moi j’aime la vérité), j’ai légèrement moins accroché à ce troisième opus qu’aux précédents. L’histoire m’a un peu moins embarquée, manquant de palpitant ou de mordant sur le départ. Et je suis étonnée de constater que Tristabelle me manquait terriblement… comme quoi, j’ai vraiment fini par l’adorer celle-là (et je vous assure, elle ne m’a pas forcé à le dire)! Je trouve aussi qu’il manquait les réflexions de Monsieur Nyx tout au long du récit, moins présent que je ne l’aurai pensé et dont j’espérais l’histoire à vrai dire. Cependant, j’ai passé encore une fois un excellent moment et c’est mon attente hyper exigeante qui me fait nuancer mon propos. Le livre est absolument somptueux, comme toujours, avec un travail hyper soigné de mise en page et d’illustrations qui reste à tomber par terre. J’ai aussi adoré le final, où on sent qu’Ariel Holzl s’est offert encore une fois un bon gros délire! C’était épique! Et j’ai eu ma larmichette sur la conclusion, parce qu’elle est pleine de philosophie, et parce que j’ai aimé cette trilogie et cet univers du fond du coeur et que le quitter le crève un peu (mais ça, ça plairait aux soeurs Carmines). 

« On ne fait pas tomber sa chef: c’est ce qui s’appelle un « titre horririfique « , d’après Monsieur Nyx. Ça veut dire que je peux décider de tout un tas de choses horribles et faire porter le chapeau. Quel chapeau? Eh bien, j’en sais trop rien… »

En bref, continuez d’écrire monsieur Ariel Holzl, continuez dans votre folie imaginaire, continuez dans le cynisme, continuez de nous faire marrer sur des cadavres… parce que cette série était un pur délice. 

« L’école de la vie n’a point de vacances. Même quand on y meurt.

Pour Dolorine Carmine, la rentrée des classes est une bonne occasion de se faire de nouveaux ennemis. Cependant, la fillette n’a pas trop l’habitude de parler avec les vivants. Les fantômes, en revanche…

Dans le pensionnat bizarre où elle a atterri, les spectres manquent pourtant à l’appel. Ont-ils été chassés par les horreurs des environs ? À moins qu’ils ne travaillent au laboratoire de Miss Elizabeth, la nouvelle institutrice ?

Personne ne semble avoir la réponse.

Monsieur Nyx veut tout brûler.

Mais Dolorine reste optimiste : en fouinant partout, elle finira bien par les retrouver !

Un peu de curiosité n’a jamais tué personne… si ? »

(Illustration de couverture: © Melchior Ascaride)