Lynx. Tome 1

Avec Serge Perrotin (Terra Incognita, L’autre Terre…) au scénario et Alexandre Eremine (Hacker) aux dessins et à la couleur, le tome 1 de la série de bande-dessinée de science-fiction Lynx est paru le 3 juin dernier aux éditions Paquet. Entre anticipation écologique, enquête et exploration spatiale, ce premier tome avait beaucoup d’arguments pour me plaire. Voici ce que j’en ai pensé…

« - C’est quoi un lynx? Pourquoi vous vous appelez comme ça?

- Les lynx étaient des animaux qui vivaient autrefois sur la Terre originelle…

- Un animal comme celui qui est dessiné sur votre navette?

- Oui. Il avait été réintroduit dans certaines zones de cette planète afin de rétablir les déséquilibres écologiques. Et c’est maintenant notre mission.»

Un concept intéressant 

La série Lynx imaginée par Serge Perrotin est présentée comme un ensemble de tomes qui peuvent tous être considérés comme des one-shots puisque leurs histoires seront toutes différentes hormis pour ce qui est de l’évolution des personnages principaux qui, eux, seront récurrents. Chaque tome, je suppose, proposera une nouvelle enquête du duo et la découverte de nouvelles planètes et cataclysmes écologiques. J’apprécie ce concept bien que je nuancerai fortement l’aspect one-shot à l’issue de ce tome 1 qui introduit une histoire qui semble viser le long-terme pour nos protagonistes et nous pousse à lire la suite pour savoir ce qui va se dérouler pour eux. Il n’empêche qu’on est bien ici dans un type de série à rapprocher des polars aux enquêteurs récurrents, l’aspect space opera en plus. Comme à son habitude, Serge Perrotin fait de la SF qui échappe aux batailles spatiales et effusions de lasers et propose plutôt des mondes à explorer et des intrigues de pouvoir à démanteler. On se rapproche assez de l’esprit Valerian (la rousseur de Annet ne peux pas m’empêcher d’y penser!) avec une histoire qui ne manque pas de rebondissements, un univers foisonnant et une intrigue, somme toutes, bien menée. Ce qui en fait la saveur et l’originalité, pour moi, c’est le petit aspect écologique du concept. On sent, de la part des auteurs, une volonté d’aborder des sujets actuels sous le couvert de la SF. Et j’avoue que c’est plutôt efficace. Bien que le rythme soit parfois un peu déstabilisant, ne nous laissant jamais prendre nos marques sur les divers planètes visitées ni d’approfondir nos connaissances à leurs propos (pas moins de 4 en un seul tome!), j’ai apprécié cette lecture. L'aspect enquête est plutôt bien accrocheur, les petites touches d'humour sont pluôt sympathiques et les messages écologiques sont le petit plus non négligeable.

Des illustrations vives

Alexandre Eremine nous offre, côté dessin, des mondes directement identifiables en un coup d’oeil avec un choix de colorisation plutôt vif qui n’est pas sans me faire penser aux illustrations des Mondes d’Aldébaran de Leo. La comparaison, cependant, ne concerne que la colorisation et la richesse de la faune et la flore. Les traits des personnages d’Alexandre Eremine sont en effet, selon moi, plus expressifs et plus vivants. Chaque personnage, en particulier Bor, voient leur personnalité s’exprimer pleinement en quelques coups de crayon. Je me suis d’ailleurs beaucoup attaché à Bor grâce à cela. Annet, par contre, ce sera plus compliqué entre elle et moi bien que sa personnalité (un peu stéréotypée) interpelle et tend à évoluer positivement. La relation Bor/Annet, trasngénérationelle est elle aussi intéressante mais, soyons honnêtes, reste plutôt classique. Il n’empêche que je ne peux pas m’empêcher d’avoir envie de savoir comment tous les deux vont évoluer par la suite et j’admire le travail assez approfondi sur la psychologie des personnages. Une seule remarque, très subjective: pourquoi faut-il toujours que la belle jeune femme est une propension très élevée à se foutre en maillot de bain alors qu’autour d’elle, les gens sont habillés? C’est un aspect du monde de la BD SF qui m’a toujours sidérée…

En bref, le premier tome de Lynx est vraiment captivant. L’idée est très sympathique et bien qu’elle nous évoque d’autres (excellentes) oeuvres du genre, son orientation écologique la rend originale. Malgré quelques petits défauts minimes, j’ai grandement apprécié ma lecture et j’ai très envie de lire la suite.

« Dans un futur lointain, les agents Bor de la Roque et Annet Pyriev du Département Interplanétaire de Prévention des Catastrophes Ecologiques enquêtent sur des planètes éparpillées aux quatre coins de la galaxie. Les agents du DIPCE sont appelés les Lynx car, autrefois, ces prédateurs furent réintroduits sur la planète Terre pour rétablir certains déséquilibres écologiques.»

(Illustration de couverture& extrait: © Alexandre Eremine)

[Lecture n°44/60 (pour l'échelon 4) pour le Challenge de Littérature de l'Imaginaire édition 8 de Ma lecturothèque]