Latium. Tome 1

Paru initialement dans la collection Lunes d’encre des éditions Denoël en 2016, puis en poche en collection Folio SF en 2018, le premier tome du diptyque Latium de Romain Lucazeau a été multiplement primé (Grand prix de l’imaginaire, Chrysalis Award et Prix Futuriales révélation 2017). Ce palmarès, ainsi que des avis plutôt enthousiastes m’ont donné envie de le découvrir. Malheureusement, il s’agit ici de la chronique d’un abandon…

« C’était un sort horrible: crever noyés, engloutis pas les flots sombres et couverts d’écume, assommés par les puissants courants, chuter, lentement, jusqu’au fond d’Okéanos, et là, contempler, de leurs yeux morts pour l’éternité, la vie carnivore et malsaine des profondeurs. »

Quand la complexité éradique le plaisir…

J’ai laborieusement lu 178 pages de ce premier tome de Latium (sur 550) avant de décider de l’abandonner définitivement (en sachant que le désir d’abandon était présent dès les 20 premières pages…). Aussi, cette critique n’est pas un avis sur l’ensemble de l’ouvrage mais ne se concentre que sur la partie lue et peu appréciée. Pourtant, Latium fait de belles promesses. L’univers d’anticipation imaginé par Romain Lucazeau est vaste, original sur bien des aspects et d’une indéniable richesse. De même, quelques mystères alléchants parsemés dans l’intrigue ainsi qu’un questionnement autour de la notion d’humanité sont autant d’éléments qui m’ont donné envie de m’accrocher aux pages et de faire un effort. Mais je n’ai tout simplement pas pu surmonter les obstacles… Le roman débute par 50 pages de grand flou artistique difficiles à surpasser, d’une complexité inutile et d’une lenteur infinie. Lorsqu’enfin l’intrigue commence à prendre sens, le style reste malheureusement lourd et la plume s’embarrasse d’un vocabulaire alambiqué quand il n’est pas surchargé de mots latins et grecs donnant des notes de bas de page dignes d’un essai mais malheureusement sans grand intérêt si ce n’est celui de miner l’immersion déjà difficile. Le tout est en plus parsemé de notions philosophiques/ politiques/ techniques qui ne sont pas des plus accessibles… et ça m’a complètement perdue.

« La messagère remercia le sort de lui permettre de voir de telles merveilles avant de la renvoyer dans le néant. Chacun des planétoïdes qui peuplaient son environnement proche était digne d’intérêt, comme autant de pierres précieuses de sa collection personnelle. »

Une intrigue qui prend son temps

La complexité aurait pu se surmonter si l’intrigue m’avait embarqué. Malheureusement, hormis les quelques passages de l’intrigue des hommes-chiens (plus intéressante pour moi car plus dynamique), le reste ne m’a pas enthousiasmé. Le rythme reste très lent, et au bout de 178 pages il ne s’est quasi rien passé et l’intrigue semble suivre une ligne droite assez fade. Je me doute que j’ai dû louper les passages les plus enthousiasmants (notamment les batailles?) mais quand un livre vous endort autant, il ne faut plus lutter. Je n’ai pas réussi à m’immerger dans cette histoire, ni à m’y intéresser suffisamment pour prendre mon courage à deux mains et poursuivre. De même, je n’ai eu aucun attachement pour les personnages, et le fait que la plupart ne présente aucune émotion n’aide pas à développer une empathie. Les idées, même celles qui aurait dû m’enthousiasmer et qui avaient titillé ma curiosité au départ, n’ont pas trouvé assez de développement à mon goût. En 178 pages, il aurait peut-être été temps que ça démarre!

En bref, ce premier tome de Latium a été laborieux à découvrir et je dois avouer que l’abandonner ne m’a finalement pas si pesé que cela tant j’en ai ressenti un soulagement… 

« Dans un futur lointain, l'espèce humaine a succombé à l'Hécatombe. Reste, après l'extinction, un peuple d'automates intelligents, métamorphosés en immenses nefs stellaires. Orphelins de leurs créateurs et dieux, esseulés et névrosés, ces princes et princesses de l'espace attendent, repliés dans l'Urbs, une inéluctable invasion extraterrestre, à laquelle leur programmation les empêche de s'opposer. Plautine est l'une d'eux. Dernière à adhérer à l'espoir mystique du retour de l'Homme, elle dérive depuis des siècles aux confins du Latium lorsqu'un mystérieux signal l'amène à reprendre sa quête.»

(Illustration de couverture: © Manchu)

- Lecture pour le Challenge #HMSFFF - Juillet 2019: espace & temps -