L’inversion de Polyphème

Paru en mars, L’inversion de Polyphème est une novella de Serge Lehman, publiée dans un numéro de Bifrost et maintenant rééditée dans la collection Une Heure-Lumière des éditions Le Bélial’. Ce court récit de science-fiction trouve sa place tout logiquement dans la collection qui n’existait pas encore quand il a été publié initialement. Et voici ce que j’en ai pensé…

« Qu’est-ce que ça fait, les gars, de découvrir qu’on est des monstres?»

Prenez une bande de jeunes ados de treize ans, un été de la fin des années 70 dans une petite ville. Une bande de potes qui vivent des aventures dans la forêt et sont passionnés de récits de science-fiction. Rajoutez du mystère, des révélations et du danger et vous obtenez tous les ingrédients d’un bon récit qui sent bon la nostalgie. On pourrait évoquer Stranger things ou Les Goonies pour parler de ce récit, avec l’ancrage français en prime. On y retrouve en effet tout ce qui fait le sel de ces histoires, avec ces gamins nerds qui vont vivre une aventure extraordinaire à laquelle ils sont « préparés » par tous les récits formidables qu’ils ont consommés. On pourrait lui reprocher de ne rien apporter de nouveau par rapport à ces grands classiques auxquels on pense, tout comme on peut lui accorder le mérite de nous procurer le même plaisir nostalgique. Ajoutons tout de même une référence mythologique, avec ce Polyphème, et une jolie métaphore sur le pouvoir de l’imagination, propre à l’adolescence qui leur permet de vivre cette histoire hors-du-commun. Le récit est diablement efficace et propice à l’évasion.

« Pendant un instant, j’ai eu l’impression que sa place était là, sous le plancher de la cabane, avec nos rêves bien rangés sur les étagères tout autour de lui.

Chocky était sorti de la bibliothèque. D’une certaine manière, ils nous appartenait.»

On y lit un bel hommage à la science-fiction, à ces collections et revues mythiques, à ces grands noms d’une période d’or du genre. Ces récits leur permettent de s’évader de leur présent, de situations familiales parfois très difficiles, de ces parents qui aspirent à faire autre chose de leur progéniture. C’est aussi une échappée du monde réel, qui prend ici sens littéralement. C’est le récit d’un été. D’un bouleversement important. D’une époque révolue. L’inversion de Polyphème propose en sus une bonne dose d’émerveillement en ouvrant la fenêtre d’un autre possible, en réfléchissant aux différentes dimensions dans un récit court mais intense qui n’oublie pas le sense of wonder. On y trouve clairement l’ADN de la collection Une Heure-Lumière, avec la touche nostalgique en prime.

En bref, L’inversion de Polyphème est une novella qui sent bon la nostalgie, qui parle d’adolescence et qui lance un cri d’amour sincère pour la science-fiction de la fin des années 70. Aventure, danger, sense of wonder pimentent agréablement cette histoire d’un été passé et d’une bande d’amis aujourd’hui dispersée. Un plaisir de lecture parfait pour la période estivale.

« Banlieue parisienne, fin des années 70.
Ils sont quatre, réunis par une même passion pour la science-fiction, un goût pour l’évasion et les terrains vagues. Il y a Paul, la mauvaise graine, le plus âgé, charismatique et affublé d’un œil de verre. Et Mick, intrépide, vive comme l’éclair, aux réparties tranchantes. Et puis Francis, qui aime faire des blagues, fume comme un pompier et que son père bat comme plâtre. Et enfin Hugo, élevé par un paternel raide comme la justice, qui rêve de devenir écrivain. Ils sont à l’aube de l’adolescence. Ils sont la bande des Engoulevents. En ce début d’été, alors que l’ennui gagne et que l’Essonne cuit sous la canicule, entre parents dysfonctionnels et jeu des passions naissantes, les Engoulevents étirent les heures dans leur QG secret qui fait aussi office de bibliothèque interdite. Jusqu’à ce que l’imprévisible Paul mène ses compagnons dans une aventure qui les laissera changés à jamais, une métamorphose au risque de tout perdre, à commencer par ce merveilleux sans pareil qu’on appelle l’enfance…»

(Illustration de couverture : © Aurélien Police)

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- Livre reçu en service de presse. Publication non rémunérée. Merci aux éditeurs. - 

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[Lecture n°21 (28/60 points avec les bonus pour l'échelon 4 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 13 de Ma lecturothèque + thème trimestriel Printemps - exploration, espace, voyage]