L'éden des sorcières

J’achète rarement de mangas, parce que c’est un budget et parce que les bibliothèques me fournissent généralement plus qu’assez. Mais parfois je craque, pour un visuel, pour un résumé qui me parle, et je n’attends pas pour me le procurer. C’est exactement ce qui s’est passé pour le tome 1 de L’éden des sorcières de Yumeji paru chez Ki-Oon en 2021. Voici donc une critique de la série, évolutive au fur et à mesure de mes lectures.

[NB: Cette critique est évolutive en fonction de mon avancée dans la série. Etat actuel de lecture: tome 4 lu.]

« Autrefois, tous les êtres qui peuplaient la Terre communiquaient les uns avec les autres… Ils se respectaient mutuellement et vivaient en harmonie avec leur environnement… jusqu’à ce que qu’apparaisse une créature qui allait tout bouleverser… l’homme. »

Une fable écologique classique mais efficace

Ce manga nous propose un univers post-apocalyptique où la nature, comprenez ici plantes et animaux, ont abandonné l’humanité et sa cruauté pour se cacher au sein de sanctuaires où vivent les sorcières, seules êtres habilitées à communiquer avec les plantes. Nous y suivons une jeune apprentie sorcière qui va vite constater la cruauté des hommes en osant s’aventurer au-dehors de son repaire. Difficile de ne pas penser à des fables écologiques comme Princesse Mononoké quand on découvre ce manga! Cependant, même si la trame est effectivement plutôt classique, la série n’en reste pas moins passionnante. Parce qu’il se passe beaucoup de choses dès le premier tome, parce que l’émotion est bel et bien présente et parce que l’intrigue est pleine de subtilités évitant l’écueil du manichéisme. C’est cruel et beau et l’univers qui m’a emporté sans peine! Le tome 2 poursuit sur la belle lancée du premier tome bien que son intrigue soit plus conventionnelle et moins palpitante. On sent qu'il s'agit d'un tome de transition qui fait surtout grandir le personnage principal et peu avancer l'intrigue bien qu'il s'y passe plusieurs évènements passionnants. C'est un tome très touchant encore mais dont la couverture, très sombre, ne colle pas forcément au contenu. Le tome 3 est quant à lui très haletant. Impossible de lâcher la lecture tant l'histoire gagne en tension et en actions. L'évolution de Pilly depuis le tome 2 apporte beaucoup à cette partie de l'histoire. On découvre également un peu plus cet univers où les femmes ont décidément une place bien compliquée. Le tome 4 apporte une jolie évolution dans la personnalité de Pilly là encore et offre une pause poétique et touchante magnifique en développant une histoire secondaire d'amour et de loyauté. J'ai trouvé ce tome magnifique. Seule la toute fin du tome est un peu brusque et manque de finesse et apporte un petit bémol.

Une héroïne intéressante dans un dessin somptueux

Visuellement, ce manga est un petit bijou! Détaillées, riches, oniriques, les illustrations m’ont provoqué un vrai coup de coeur tant pour le trait en lui-même que pour les choix de design de l’univers. J’aime particulièrement le sanctuaire et les tenues des sorcières qui ont chatouillé mes envies de cosplay. C’est envoûtant. Cela donne à ce monde et à son héroïne, une belle mise en lumière. Pilly est une jeune fille que j’ai tout de suite aimé. Faillible, angoissée et à la confiance en soi vacillante, c’est un personnage que j'adore suivre. Elle est formidable, attachante et touchante dans son innocence et dans ses espoirs. Son évolution dans la tome 2 est d'ailleurs très bien pensée. Elle commence à s'épanouir, sans oser tout à fait se faire confiance, et s'initie de plus en plus à son don comme à sa vie difficile. Sa relation à Oak s'émancipe encore plus dans le tome 3 pour notre plus grand plaisir. Le tome 4 développe leurs différences et leur lien, entre tendresse, confrontations et émotions. Le manga développe aussi admirablement les personnages secondaires qui font grandir l'héroïne. Le quatrième opus est une belle illustration de cette qualité. 

En bref, le premier tome de L’éden des sorcières a été un coup de coeur. Parce que l’univers post-apocalyptique de cette fable écologique me parle énormément. Parce que malgré une trame classique, l’histoire est passionnante. Parce que j’aime déjà énormément son héroïne. Et parce que visuellement, c’est un bijou! Le tome 2 est très réussi lui aussi, bien que moins palpitant. Il offre une belle évolution du personnage principal et fait de belles promesses pour la suite. Le tome 3 est quant à lui haletant et apporte une belle dose de tension à cette aventure alors que le tome 4 offre une pause douce et touchante qui nous propulse en fin de tome dans la tension à nouveau.

« Autrefois, plantes et animaux vivaient en harmonie... jusqu’à l’arrivée de l’homme. Incapable de coexister avec les autres espèces, il les a détruites sans remords. Faune et flore ont alors décidé de fuir et de se cacher... Voilà des centaines d’années que le monde n’est plus qu’une vaste étendue désolée. Pourtant, il existe encore de rares enclos de verdure : ce sont les repaires secrets des sorcières, ces femmes d’exception sensibles à l’appel des plantes. Rendues responsables de leur disparition, elles sont la cible de la haine des humains...

Pilly a grandi dans un de ces sanctuaires. Élevée par la puissante Toura, elle tente de développer ses pouvoirs... sans succès ! Pour l’encourager, la vieille femme lui offre une graine qui doit la mener un jour vers l’Éden, un jardin verdoyant réservé à l’élite de leur communauté. La jeune apprentie n’a aucune envie de partir et préférerait passer sa vie à l’abri des regards. Mais son monde s’écroule le jour où des hommes en armes s’introduisent dans sa cachette ! Face à la violence des envahisseurs, tout semble perdu... quand soudain la graine de Pilly donne naissance à un énorme loup, mi-animal mi-végétal ! Serait-il le guide vers la terre des élues ?»

(Illustration de couverture et extrait: © Yumeji)

Deuil, Meurtre, Mort, Nourriture