De l’espace et du temps

Sortie en 2024 dans la collection Une Heure-Lumière des éditions Le Bélial’, De l’espace et du temps est une novella d’Alastair Reynolds. J’avais beaucoup aimé découvrir l’auteur avec Éversion et c’est avec plaisir que je me suis plongée dans cette novella dont l’action se déroule sur Mars. Et voici ce que j’en ai pensé…

« Les chandelles tremblotèrent, puis, l’une après l’autre, commencèrent à s’éteindre.

Jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une. Qui n’était même pas la plus brillante de toutes.»

Très rapidement, la novella nous plante un décor sommaire de solitude extrême : notre héros perd la dernière personne qui vivait avec lui dans leur base sur Mars et on comprend qu’il est possible qu’il soit désormais le tout dernier humain vivant. Sur cette planète hostile, où plus grand-chose ne fonctionne si ce n’est les systèmes qui peuvent lui permettre de vivre sa vie, que faire ? Survivre ou baisser les bras ? Quel sens peut bien avoir cette existence ? Que faire de tout ce temps et de tout cet espace ? C’est tout le propos de départ de l’auteur qui nous tisse un récit contemplatif à l’ambiance si particulière. À travers l’histoire de cet homme, le dernier, Alastair Reynolds explore les raisons de vivre, la recherche infinie du savoir et de la connaissance pour comprendre notre place dans le cosmos ou encore la richesse de l’imagination. Il y ajoute un petit ressort surprenant en la personne d’un chanteur bien connu dont l’hologramme est la seule compagnie de notre héros qui cherche à se donner un but à atteindre, une raison de continuer. Cette apparition, due à la folie ou résultat de ses implants, apporte au récit une touche originale et inattendue.

« L’humanité était peut-être morte, mais demeurait-il pour autant la dernière créature intelligente de l’univers? Et s’il y avait quelqu’un d’autre, là-bas?

En quoi cela changerait-il son ressenti?

À moins qu’il n’y ait en définitive personne dans cette immensité: rien que des années-lumière de néant, des parsecs et mégaparsecs inhabités jusqu’aux plus lointaines et insignifiantes galaxies vacillant tout au bout de l’univers visible?

Comment se sentirait-il alors?

Transi. Seul. Fragile.

Étrangement précieux.»

Plongée fascinante dans les possibilités du savoir, le récit prend progressivement des dimensions grandioses tant dans l’espace que dans le temps, et envoûte par sa densité. Alastair Reynolds nous offre un formidable laboratoire philosophique dans cette œuvre, explorant ce qui caractérise l’humanité, son évolution, ses avenirs et sa survie. Notre héros parcoure ses questionnements tout comme il explore le monde des sciences pour tenter de comprendre pourquoi il est, pourquoi il perdure et quel sens donner à ce qui lui arrive. Sans jamais nous perdre pour autant, l’auteur étire même les limites de la nature humaine dans une expérience de métamorphose qui lui permet d’explorer d’autres possibles. Fascinant, le récit laisse dans son sillage une dose d’émerveillement et propose, in fine, une conclusion inattendue à base de résilience ouvrant de nouveaux horizons.

En bref, De l’espace et du temps est une novella contemplative et philosophique qui questionne le sens de l’existence et la place de l’humanité au sein de l’Univers. Ce récit fascinant propose en plus quelques twists inattendus et une dose d’émerveillement qui reste en mémoire.

« Mars, d’ici deux décennies…
Au début, ils ont cru pouvoir y échapper. Jusqu’à ce que la Catastrophe, un virus militarisé qui a fauché l’humanité en un temps record, frappe la colonie à son tour. Aussi, depuis qu’il a inhumé Katrina Solovyova, John est seul, il ne reste plus que lui. Lui et Pavonis Mons, qu’il contemple à travers une baie blindée. Et aussi ce mystérieux piano blanc, un Bösendorfer — et ce non moins mystérieux musicien excentrique aux lunettes ridicules qui lui parle parfois… Que faire, lorsque vous êtes l’ultime représentant de votre espèce ? En finir une bonne fois pour toutes ? Ou entreprendre la plus magnifique des quêtes, la plus vertigineuse, la plus sidérante des aventures ? John Renfrew est le dernier être humain. Le dépositaire de l’esprit de découverte et de la soif de savoir de l’humanité tout entière. Et il a un univers à explorer…»

(Illustration de couverture : © Aurélien Police)

- Livre reçu en service de presse. Publication non rémunérée. Merci aux éditeurs. - 

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[Lecture n°24 (33/60 points avec les bonus pour l'échelon 4 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 13 de Ma lecturothèque + défi trimestriel Sunval (juillet-sept.)— du soleil dans vos lectures, autre planète ou autre époque]