Red creek shuffle

Début du mois d’avril, les éditions L’Aqueduc bleu ont publié une bande dessinée one-shot entre polar et imaginaire intitulée Red creek shuffle. Écrite par Eric Corbeyran, elle est illustrée par Chico Pacheco et colorisée de Cyril Saint-Blancat. Voici ce que j’en ai pensé…

[NB: Merci aux éditions L’aqueduc bleu pour cet envoi surprise.]

Un polar des années 50 mais pas que...

Red creek shuffle nous embarque dans une bourgade sud-américaine des années 50 où des cadavres des minorités ethniques sont retrouvés dans un état effarant. Mais le shériff, dans son racisme évident, n’en a rien à faire. Entre diners où les serveuses sont en patins à roulettes et désert, lieux des massacres, entre époque de la guerre froide et sexisme ambiant, Red creek shuffle a une ambiance toute particulière où inégalités, violences et propos détestables constituent une chape crasse. Vous voilà prévenus. Ajoutez à cela une mystérieuse base militaire américaine nimbée de secrets, des agressions par un type au masque de Mickey Mouse, une casse automobile avec une famille Dalton plus vraie que nature et un détective privé sosie de Torpedo. Vous avez alors entre les mains une BD survoltée et étonnante qui a encore de nombreuses surprises en réserve et qui rend hommage aux classiques de la bande dessinée autant qu’aux thèmes phares du polar et de la science-fiction.

Quelques réserves

Graphiquement, l’hommage est aussi bien présent, que ce soit dans le choix des plans ou dans la colorisation. Tout participe à l’ambiance rétro classique des années 50. Les décors sont très beaux, les teintes efficaces et cohérentes. Notons que les scènes d’action sont particulièrement lisibles et participent au rythme trépidant sans coincer à la lecture. J’ai cependant quelques réserves sur certains choix graphiques, peut-être à tort, notamment sur la représentation des minorités ethniques. Le dessin tend à renforcer en effet les stéréotypes (y compris sexistes) de l’époque et de l’intrigue, ce qui personnellement me dérange rapidement. Je conçois cependant que la majorité des lecteurices n’en feront aucun cas et que ça ne traduit pas les pensées des auteurs (du moins je l’espère) mais bien celle des personnages rétrogrades de la BD. L’intrigue me pose aussi quelques réserves. L’aspect science-fictionnel de l’intrigue marque un tournant très déroutant et détonnant dans l’ambiance générale et manque clairement de crédibilité, se faisant presque trollesque. Les pointes d’absurde viennent alors entacher une ambiance assez sombre et dramatique et desservent à mon sens l’œuvre, moquant ses intentions et ses éventuels messages. L’équilibre humour/tension est bancal. Dommage.

En bref, Red creek shuffle est une bande-dessinée étonnante qui navigue entre le polar des années 50, la science-fiction tantôt sous tension, tantôt presque absurde et l’hommage à d’autres œuvres de BD. Intéressant mais aussi un peu maladroit par instants, ce one-shot ne m’a pas totalement convaincue bien que j’en ai apprécié l’esthétique et l’ambiance initiale.

« Quand des crimes étranges sont commis dans le désert de Sonora dans les années 50, un détective privé et une journaliste new-yorkaise s’intéressent à une base secrète en plein désert. Entre X-Files et american grafitti, ce récit choral de Corbeyran, le scénariste aux 425 BD, combine intelligemment l’originalité du fantastique avec la puissance addictive des séries policières mystères.»

(Illustration de couverture & extrait: © Chico Pacheco ; couleurs Cyril Saint-Blancat)

[Diversité: ps native american, ps noir.e, ps latinx]

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[Lecture n°31 (33/84 points avec les bonus pour l'échelon 5 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 11 de Ma lecturothèque]