Les Enfants de la baleine (série manga)

Voilà longtemps que je voulais vous critiquer Les enfants de la baleine, une série manga d’Abi Umeda, publiée en français chez Glénat depuis 2016. Après 10 tomes parus en français, j’ai assez de matière et de recul pour vous en parler.  Série commencée en 2013 au Japon, elle a la particularité d’avoir eu deux prix du Kono manga ga sugoi 2015 : top 10 classement “fille” et top 10 du classement “garçon”. Il est d’ailleurs qualifié de Shojo, mais publié en collection Seinen. Enfin, sachez qu’un anime existe également depuis 2017.

[NB : Je ne parlerai pas de l’histoire au-delà du tout début du tome 1 dans cette critique, soyez donc libres de la lire, il n’y a aucun spoiler.]

[NB : Stade actuel de ma lecture de la série – 20 tomes. Cette critique évoluera au fur et à mesure de ma découverte des tomes suivants.]

Dans la digne lignée de Nausicaä

Les enfants de la baleine est une série qui m’a tout de suite attirée par les couvertures oniriques, très détaillées, aux traits doux et travaillés que j’ai eu grand plaisir à retrouver à l’intérieur des pages. Avec un soin particulier apporté aux dessins, Abi Umeda donne à son manga un surplus d’âme qui me fait rêver. Tout y est détaillé, les mouvements, les environnements, la magie, et c’est dans ce florilège de détails que le lecteur se laisse emporter, sans jamais se perdre. Car ici la multitude ne crée jamais de confusion mais au contraire, donne une réelle épaisseur à l’univers. Parlons-en d’ailleurs de cet univers! Avec un aspect un peu écologique, des personnages purs et innocents et une dimension magique mystérieuse, il m’évoque un peu Nausicaä, héritage que les illustrations suggèrent aussi. Mais c’est aussi toute une mythologie que développe le mangaka. Dans Les enfants de la baleine, on nous conte l’histoire d’un peuple qui vit sur une « île » isolée qui vogue à l’infini sur une mer de sable : cette île, c’est la baleine de glaise. Parmi eux, certains êtres sont marqués, c’est-à-dire qu’ils peuvent faire appel à une forme de magie très puissante, mais en contrepartie ils meurent très jeunes. Ces habitants ont également comme coutume de ne pas extérioriser leurs émotions, notamment leurs larmes. Qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils sur la baleine de glaise ? A vous de le découvrir. L’univers de fantasy est d’une immense richesse qui ne cesse de se développer de tome en tome. La baleine de glaise cache de nombreux mystères et vous vous doutez bien que l’histoire ne se limitera pas à ce petit territoire, qui devient d’ailleurs pour moi un personnage à part entière de cette série. Tant dans les dessins, que dans l’univers, la série ne cesse de m’épater et continue à maintenir des zones d’ombre même après 10 tomes concernant sa mythologie. Ce qui contribue un peu plus à l’addiction qu’elle procure déjà par son histoire originale et très riche en rebondissements. L'histoire tend légèrement à s'enliser cependant après le tome 15 et il serait préférable de la voir se conclure rapidement pour conserver le plaisir intact. On perd en effet progressivement de l'impact et de l'intensité des débuts et on continue par attachement aux personnages mais avec une certaine lassitude. Le tome 20 est un tome intéressant où on découvre enfin le pan antagoniste de la série et où l'intrigue s'explique un peu plus en profondeur sur fond de bataille et de tension. Un peu confus parfois mais néanmoins poétique et assez envoûtant, ce tome 20 me raccroche à l'histoire même si j'espère  toujours une fin proche.

Des personnages attachants

Pour découvrir cet univers complexe et riche, nous faisons la connaissance du scribe de la baleine de glaise : Chakuro. Celui-ci, par ses écrits sur sa vie quotidienne nous permet d’appréhender en douceur la mythologie en place. Mais il devient très vite un personnage coup de cœur par ses qualités humaines, tout comme l’ensemble de ses compagnons. Les personnages sont extrêmement nombreux, mais la confusion n’est jamais de mise. A chaque tome, un petit rappel est fait en début d’ouvrage, mais en plus on finit très vite par très bien les connaître et les différencier. Leurs personnalités toutes très différentes sont touchantes. J’ai une préférence pour Ohni, dont l’histoire m’émeut beaucoup et Ginshu qui me fait terriblement rire. On s’attache à eux, à leur innoncence bouleversée, on se captive pour leur destin et on s’imprègne de leurs émotions. Les scènes de joie nous donnent le sourire, les scènes épiques de bataille (car oui, c’est un manga qui ne manque pas d’action) nous font stresser, les scènes de drame nous fendent le cœur, et les passages humoristiques nous font toujours bien rire. C'est la grande force de la série, maintenant un attrait même quand l'intrigue tend à tirer trop en longueurs.

En bref, le manga Les enfants de la baleine n’est en effet ni tout à fait un shojo, ni tout à fait un seinen, mais un entre-deux passionnant, une épopée de fantasy épatante que je crains de voir un jour s’arrêter tant j’aime son univers et ses personnages ! C'est magnifique visuellement, souvent très touchant et original dans son approche et dans son univers. Malheureusement, après 15 tomes la série commence à tirer en longueur et on espère qu'Abi Umeda concluera la série avant que tout intérêt s'envole. 

"Dans un monde où tout n’est plus que sable, un gigantesque vaisseau vogue à la surface d’un océan de dunes. Il abrite des hommes et des femmes capables pour beaucoup de manipuler le saimia, un pouvoir surnaturel qu’ils tirent de leurs émotions. Ce don les condamne cependant à une mort précoce.
À bord de la “Baleine de glaise”, ils vivent leur courte vie coupés du reste du monde.
Jusqu’au jour où, sur un vaisseau à la dérive, le jeune Chakuro fait une étrange rencontre…"

Pour lire les premières pages du tome 1, cliquez ici.

Le trailer du manga :