A la croisée des mondes. Tome 2, La tour des anges

On poursuit la relecture de la trilogie A la croisée des mondes de Philip Pullman avec le tome 2, La tour des anges. Publié pour la première fois en 1997 puis en français en 1998, c’est à nouveau dans l’édition intégrale de 2007 de Gallimard jeunesse que j’ai pu poursuivre l’aventure de Lyra. Après Les Royaumes du nord, est-ce que le tome 2 m’a autant embarqué? Voici mon avis…

[NB: je vous invite à ne pas lire cette critique si vous n’avez jamais lu la saga, s’agissant d’un tome 2, il risques d’y avoir quelques spoiler sur le premier tome dans cette critique.]

Une intrigue qui grandit

Dans La Tour des Anges, on retrouve avec délice la plume si fluide à lire, et en même temps si riche, de l’auteur qui nous emmène beaucoup plus loin dans son imaginaire, à la découverte d’autres mondes. Rappelez-vous, nous quittions Lyra au bord de son monde, allant courageusement vers l’inconnu total. Mais Philip Pullman refuse de répondre tout de suite à nos doutes et nous fait faire d’abord la connaissance de Will, un jeune garçon que j’affectionne énormément pour sa complexité psychologique et sa volonté, qui évolue, semble-t-il, dans un monde qui ressemble au notre. Ce second tome n’a pas le défaut classique des tomes centraux des trilogies, à savoir qu’il ne se contente pas de faire évoluer légèrement l’action entre deux volumes plus intenses. Au contraire même. L’intrigue fait un pas de géant dans La Tour des anges et prend une dimension immense! La quête de Lyra parait moins tracée que dans le premier, plus floue, plus difficile à réaliser aussi, et les menaces ne cessent de se multiplier autour de la jeune fille. C’est à nouveau plein de rebondissements, sans aucun temps de pause, et terriblement addictif. Le côté « religieux » de l’affaire prend un peu plus d’ampleur mais sans toutefois devenir trop ésotérique. Et Lyra est égale à elle-même, charismatique et étonnante. Et si je m'en étais rendu compte avec le premier tome, c'est ici d'autant plus prégant: la relecture à l'âge adulte permet vraiment une nouvelle analyse de l'intrigue et souligne la maturité de ce récit, qui, bien que qualifié jeunesse, a un autre pan de lecture qui n'est pas forcément atteignable à l'adolescence. 

« Il leva les yeux, et les sorcières suivirent son regard. Les étoiles qui brillaient dans ce monde étaient les mêmes que dans le leur: la Voie lactée scintillait sur la voûte du ciel et d’innombrables points lumineux parsemaient l’obscurité, rivalisant presque avec l’éclat de la lune… »

Des émotions plus fortes

Ce qui m’a surtout marqué dans la relecture de ce tome 2, par rapport au premier, c’est la plus grande intensité émotionnelle qu’il véhicule. Si je regrettais de ne pas avoir ressenti l’émotion nécessaire en fin de premier tome, ici ce n’est plus le cas et on comprend vite que Philip Pullman n’est pas le type d’auteur bisounours qui empêche vos personnages préférés de mourir. Si c’est encore amené un peu « grossièrement », ou plutôt qu’on s’y attend à l’avance parfois vu l’insistance qui est faîte sur le danger encouru, l’émotion reste bien présente et on prend alors connaissance de l’attachement qu’on a pour tous ces personnages. Chaque participant à la quête de Lyra (et ils sont nombreux), a une importance à mes yeux tant leur personnalité a été bien pensée. Mon seul regret dans ce tome 2? L’absence de Iorek qui me manque terriblement car c’est, je le pense, mon personnage préféré. On regrettera aussi des « méchants » parfois trop avantagés qui, via des solutions un peu miraculeuses ternissent la logique de l’univers à certains moments. 

« Et voilà que, maintenant, tout cela avait disparu; elle n’était plus Lyra de Jordan College, elle n’était qu’une pauvre petite fille perdue dans un monde étrange, ne sachant où aller. »

En bref, La Tour des anges reprend les mêmes qualités que Les Royaumes du nord, en intensifiant encore l’intrigue et l’émotion, pour ne nous donner qu’une seule envie: connaître le dénouement imprévisible dans le tome 3.

(Couverture : © ™ & MMVII New Line Production inc.)

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