La Route

Après une très belle adaptation cinématographique, La Route de Cormac McCarthy connaît aujourd’hui une adaptation en bande-dessinée sous la main de Manu Larcenet. Publiée fin mars aux éditions Dargaud en édition normale ou en collector noir et blanc en tirage limitée, la BD La Route était une évidence pour moi alors que le roman figure en bonne place parmi mes meilleures lectures de tous les temps. Voici ce que j’en ai pensé…

« Réfléchis à ce que tu mets dans ta tête parce que ça y restera pour toujours.»

L’histoire d’une survie vaine

La Route est un récit post-apocalyptique où l’espoir est totalement absent. C’est un monde où survivre semble vain et promesse de souffrances. Où l’humanité a sombré dans ses pires bassesses, dans cette violence innommable que seul le désespoir peut entraîner. Et pourtant, au cœur de cette horreur, dans la poussière, le froid et la mort, un homme et son fils avancent. Ils avancent avec des objectifs vains, ils avancent pour rester ensemble, ils avancent contre l’appel tentant de la fin. L’œuvre est douloureuse, violente, d’une noirceur qui vous colle à l’âme. Mais elle contient pourtant une beauté certaine. Parce que rien n’éclaire mieux les ténèbres que l’innocence de l’enfance. Par sa bonté, ce jeune garçon impose avec force des questionnements moraux à une époque qui a oublié toute morale. Car quand survivre passe avant tout, la perte de notre humanité n’est plus loin. C’est ce que j’aime pertinemment dans cette œuvre, cette interrogation puissante de ce qui nous définit, cette plongée dans la psyché humaine au cœur du gouffre.

Une adaptation grandiose

Manu Larcenet a su parfaitement retranscrire tout ce que le roman donnait à expérimenter en termes d’émotions et de réflexions. De son ambiance terrifiante à la fragilité de la situation de nos personnages en passant par les éclats de lumière que l’enfant fait naître dans la poussière ambiante. La BD est très sombre, elle donne à voir l’horreur, les corps décharnés, les morts, la faim et la peur. Mais ce, sans jamais tomber dans le voyeurisme abject. Manu Larcenet a réussi avec brio son adaptation, retranscrivant à merveille par son dessin foisonnant de détails cette histoire terrible où la mort plane sans cesse et est pourtant incessamment mise à l’écart. Son souci du détail sur l’expressivité des personnages rend la lecture bouleversante. De la joie brève mais sincère des quelques descentes en caddie à la hantise que nous partageons lorsque leur regard se pose sur l’inéluctable en passant par la peur sincère ou le désespoir qui guette, chaque scène prend pleinement son essor sous le trait de l’auteur. C’est une adaptation grandiose pour une œuvre magistrale. J’en attendais énormément et je suis plus que comblée.

En bref, l’adaptation de Manu Larcenet est très réussie. Elle respecte et rend hommage à l’œuvre originale, tant dans son déroulé, son ambiance que son visuel. On y retrouve ce monde sombre et sans espoir mais aussi la beauté de cette innocence sincère au cœur des ténèbres. L’auteur nous offre une magnifique bande dessinée, au trait fouillé et très expressif qui nous donne à vivre toute l’intensité de cette histoire magistrale.

« L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites, censés les aider dans leur voyage. Sous la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l'humanité. Survivront-ils à leur périple ? »

(Illustration de couverture et extrait: © Manu Larcenet)

> Lire un extrait < (© Dargaud)

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[Lecture n°17 (21/60 points avec les bonus pour l'échelon 4 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 12 de Ma lecturothèque]