Terre. Volume 1 : Le vieux monde (Ter, cycle 2)

Rodolphe, scénariste qu’on ne présente plus dans le domaine de la BD de science-fiction (on lui doit notamment les saisons de Kenya) et Christophe Dubois, dessinateur, se sont associés pour le cycle de Ter de 2017 et 2019. De ce cycle, découle désormais une nouvelle trilogie qui, selon la maison d'édition Daniel Maghen, peut se lire séparément. Intitulée Terre, cette nouvelle série a débuté en août par la publication du tome 1, Le vieux monde. Et voici ce que j’en ai pensé…

[NB : Je n’ai pas lu Ter auparavant. Ne sachant pas, au moment de lire Le vieux monde, que ceci pouvait être qualifié de cycle 2, je me suis lancée dans Terre en pensant découvrir une série. Mon avis, évidemment, est dépendant de cet aspect.]

Un tome 1 plutôt intense mais assez classique

Ce tome 1 démarre sur les chapeaux de roues. Point de temps perdu en introduction à rallonge, nous voilà propulsé au sein d’une frégate qui semble se rapprocher d’une planète similaire à la Terre. Tout de suite, entre exploration et installation d’un camp, débute la découverte de ce lieu aussi familier qu’étranger. L’histoire nous est raconté par Mandor, un androïde à l’apparence très humaine qui relate l’histoire de l’équipage de la frégate dans son journal. Le rythme, pourtant, n’en est pas moins soutenu malgré cette narration indirecte des événements. Et si, comme moi, vous n’avez pas lu le premier cycle, il n’y a jamais le sentiment d’être perdu, d’autant que l’album contient à la fin un récapitulatif des personnages et de leurs liens dans un joli cahier dessiné.  L’histoire, en elle-même, est pleine de rebondissements, entre les questionnements sur le lieu et/ou le temps de leur arrivée, s’ajoutent des mystères sur la technologie de la planète et la fin des hommes qui y vivaient. Pourtant, pour tout amateur de science-fiction, vous aurez tout de même un sentiment de déjà-vu. Rien de bien nouveau dans ce début de série/cycle pour les amateurs du genre mais ça n’entache pas pour autant le plaisir.

Des illustrations non numériques intéressantes et un regret

Côté dessins, Christophe Dubois nous offre une œuvre dont le dessin n’est pas passé sous la souris d’un ordinateur. Chose rare en BD et que j’apprécie énormément ! Les planches sont soignées, foisonnantes de détails et les décors ont un côté vertigineux épatant. D’un point de vue tout à fait personnel, je suis moins fan du dessin des visages humains, particulièrement les gros plans, mais j’apprécie l’intention et le soin qui ont été apportés à cette œuvre. C’est certainement cet aspect d’ailleurs qui m’a le plus convaincue dans la bande-dessinée et qui la fait ressortir des œuvres habituelles, notamment celles du registre de la science-fiction. Mon seul regret dans cette lecture concerne les passages plus charnels qui ponctuent l’action de manière régulière mais maladroite à mon sens. Peut-être est-ce dû au fait que je n’ai pas vu la relation entre les deux protagonistes se construire dans un cycle précédent… En tout cas, j’ai trouvé ces situations, certes, très joliment dessinés, mais hors-propos la plupart du temps, arrivant comme un cheveu sur la soupe et limitant l’héroïne féminine à un rôle de copulatrice obsessionnelle plutôt gênant. Personnellement, je ne suis pas certaine que le sexe soit nécessaire à cette histoire…

En bref, le premier tome de Terre est plutôt une réussite. Démarrant sur les chapeaux de roue, il nous propose un début de cycle qui peut se lire indépendamment du premier et ouvre la porte à une intrigue de planet opera pleine de mystères et de rebondissements. Le dessin de Christophe Dubois est une grande force pour apporter de l’originalité à cette histoire assez classique. On regrettera juste des passages charnels non nécessaires.

« En approche de la Terre, à bord d’une navette du vaisseau Jupiter, Mandor et ses compagnons explorent les environs et découvrent des éléments troublants : aucun signe d’activité humaine, une dent d’une taille gigantesque, et une faune monstrueuse qui manque de détruire le vaisseau... Les visiteurs devront choisir avec précaution le lieu de leur installation. Conscients que les ressources technologiques viendront bientôt à leur manquer, la petite communauté va devoir apprendre à vivre sans leurs outils évolués, pour réinventer une civilisation. Que s’est-il passé sur Terre depuis le départ du Jupiter ? »

(Illustrations de couverture & extrait : © Christophe Dubois)