V pour Vendetta

Le Hold my SFFF challenge de Prettyrosemary et Charmant petit monstre revient ce mois-ci pour une saison 2 dont le premier thème est « C’était mieux en livre ». J’en ai profité pour découvrir enfin le comics V pour Vendetta, scénarisé par Alan Moore, illustré par David Lloyd, aidé à la mise en couleurs par Sihoban Dodds et traduit par Jacques Collin pour les éditons Delcourt. Je l’ai lu dans son édition intégrale de 1999 regroupant les 6 tomes de la série. Je ne connaissais que le film, très célèbre, de James McTeigue (2005), et voici ce que j’ai pensé de l’oeuvre originale…

« Tu pensais me tuer? Il n’y a pas de chair ou de sang sous cette cape. Il n’y a qu’une idée. »

Un scénario riche et passionnant

Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore V pour Vendetta, il s’agit d’une dystopie uchronique imaginant un Royaume-Uni plongé dans une société fasciste contrôlant et surveillant tous les faits et gestes de ses citoyens et annihilant toutes populations différentes, que ce soit en termes de couleur de peau, de pensée politique ou d’orientation sexuelle. Au coeur de ce Londres totalitaire, une figure s’élève, masquée, et cherchent à changer les choses en réveillant la population et en lui donnant les clés de leur destin et de sa liberté: V. Là où le film de James McTeigue est plutôt limpide, se concentrant vraiment sur cet aspect de révolte et de liberté, l’oeuvre originale d’Alan Moore prend plus de détours en développant aussi de nombreuses sous-intrigues au sein des membres du parti, dévoilant un peu plus le monde vicié imaginé et les dérives d'une société totalitaire. Le message m’a paru extrêmement puissant, peut-être plus que celui du film pourtant très bien réalisé. Sans doute moins sensationnaliste, le comics est aussi plus grave, plus dur. Il décrypte habilement la plongée progressive d’un état dans un système fasciste terrifiant, à tel point que ça en est glaçant. Et il nous offre un panel de personnages qui semblent tous plongés dans l’abîme, que ce soit par leur soif de pouvoir ou leur désespoir, donnant à l’ensemble une ambiance oppressante et lourde dans laquelle V fait figure de respiration. La relation Evey/V est par contre moins évidente dans le comics qu’elle ne l’est dans le film, diluée par les autres sous-intrigues. Le personnage d’Evey est sans doute plus difficile à saisir ici et c’est peut-être la seule chose qui m’ait vraiment gêné dans le scénario d’Alan Moore par rapport à celui de son adaptation.

Un visuel assez désagréable

Côté illustrations, j’ai été nettement moins convaincue. Le trait de David Lloyd est particulier, épais,  peu précis mais il est surtout complètement gâché par une colorisation très mauvaise, entre couleurs fadasses et improbables qui piquent parfois les yeux. Cela gâche réellement le plaisir qu’on a à parcourir un scénario aussi génial. Les expressions des personnages sont déstabilisantes et les palettes de couleurs choisies sont parfois complètement hors-propos, notamment les kaléidoscopes de rose/mauve/vert/jaune en pleines scènes dramatiques… C’est dommage car certaines cases ont un vrai intérêt narratif, notamment dans la présentation en prologue de la société dystopique. Mais la colorisation a tendance à détourner notre attention de ce que le dessin aurait pu nous apporter. Cela n’empêche pas de lire le comics avec beaucoup de plaisir, heureusement, tant le propos est puissant et la scénario passionnant. Mais il n’empêche qu’avec un visuel mieux travaillé, on aurait affaire à un véritable chef-d’oeuvre.

En bref, V pour Vendetta est un immense classique qui mérite vraiment la découverte, que ce soit en comics ou en film. Le scénario d’Alan Moore est extrêmement puissant et glaçant de réalisme. Un appel à la liberté qui ne peut laisser indifférent. Dommage que la colorisation gâche un peu le plaisir à la lecture…

« Angleterre, fin du XXe siècle.

La verte Albion est aux mains du fascisme. Le " Système ", appareil d'état omniprésent, surveille tout et tous.

Dans cet enfer où la répression brutale et les humiliations individuelles sont monnaie courante, chacun s'est résigné à son sort. Personne n'ose plus se battre contre le Système.

Personne... sauf V. Mais qui est V ?

Un idéaliste qui veut allumer l'espoir au cœur d'un monde trop noir ?

Un tragédien mégalomane emporté par sa passion pour Shakespeare ?

Un bouffon qui souhaite rire aux dépens de l'ordre établi ?

Un anarchiste aux idées révolutionnaires dépassées ?

Un terroriste fanatique qui ne reculera devant lien pouf abattre le gouvernement

ou simplement un fou ?

El si V était simplement synonyme de vengeance ?

V...

pour Vendetta ! »

(Illustration de couverture et extrait: © David Lloyd - couleurs © David Lloyd & Sihoban Dodds)

- Lecture pour le Challenge #HMSFFF - Septembre 2020: C’était mieux en livre -