Rive gauche (Métro Paris 2033, #1)

Sorti fin mai, Rive gauche est le premier tome d’une trilogie de Pierre Bordage qui adapte l’univers de Métro 2033 de Dmitry Glukhovsky à Paris. Ce récit post-apocalyptique est édité chez L’Atalante dans la collection La dentelle du cygne et j’avoue que ma curiosité était grande à l’annonce de ce titre puisque j’apprécie l’auteur et l’univers dont il s’inspire. La question était de savoir si le mix allait fonctionner…

[NB: Merci aux éditions L’Atalante pour ce service presse et particulièrement à Emma pour sa prévenance.]

« Il n’y a qu’un mot pour comprendre leur comportement: peur. Sous l’emprise de la peur, les foules sont capables de toutes les horreurs.»

Un univers emprunté, un récit au goût de déjà-lu

Rive Gauche ne peut évidemment pas nous surprendre par son univers. Car, bien que transposé à Paris, il s’agit volontairement d’une visite dans l’univers postapocalyptique de Métro 2033 imaginé par Dmitry Glukovsky. S’insérant dans la démarche de l’auteur russe qui a ouvert l’accès à son monde aux autres créateurs du monde entier, Pierre Bordage n’invente donc pas la base mais y glisse l’univers des couloirs du métro parisien et une intrigue qui a parfois des allures de classique de la littérature francophone. Ce qui, en soit, aurait pu vraiment être très sympa ! L’emploi du conditionnel vous aura mis sur la voie : le souci quand on a un univers déjà connu, c’est qu’il faut réussir à étonner un peu côté intrigue ou côté style. Et Pierre Bordage a ici loupé le dernier métro pour moi… L’intrigue de ce post-apo c’est du déjà-lu mille fois. L’auteur n’apporte rien de nouveau, rien de bien original et le déroulé de l’intrigue, tout comme les personnages, restent trop classiques à mon goût. Ce n’est pas mauvais mais on ne s’étonne de rien lorsqu’on est amateur de post-apo, on s’ennuie même profondément par instants tant le rythme stagne et que les rebondissements font un effet de soufflé raté. Pour ceux qui, au contraire de moi, n’aurait pas déjà dévoré quelques dizaines de récits du registre post-apocalyptique, peut-être que la lecture sera plus agréable. Mais personnellement, malheureusement, j’ai dû me forcer à la finir et je ne ressens aucune envie de lire la suite, et ce malgré des points positifs certains.

« Nous nous conduisons la plupart du temps comme des animaux entièrement guidés par leurs instincts, et nous continuerons de régresser tant que nous n’entreverrons pas de nouvelles perspectives, tant que les parois et les plafonds des galeries, des quais, des couloirs, limiteront notre espace et notre vision. »

Retenons un peu de positif

Dans ma déception, j’ai tout de même noté quelques aspects positifs qu’il me semble important de souligner car ce livre n’est pas mauvais en soi, loin de là. Tout d’abord le style. Si le tout est effectivement très classique, l’écriture de Pierre Bordage reste très agréable et certaines descriptions sont vraiment superbes malgré la noirceur de l’univers. Il y a un petit côté vieux roman français dans cette société viciée jusqu’à la moelle, une ombre de Zola et d’Hugo flotte dans ce Rive gauche. De même, l’histoire se compose de nombreux arcs narratifs différents et certains sortent leur épingle du jeu et ravive constamment l’intérêt. Je pense notamment à l’histoire de Juss et Plaisance qui sont certainement des personnages qu’il m’aurait plu de suivre dans les tomes suivants. On notera également que contrairement à d’autres romans plus classiques de SFFF, le féminin n’est pas relégué au second plan constamment. Cela n’empêche pas d’avoir quelques passages qui manquent un peu de finesse ou nous font lever les yeux aux ciel (particulièrement avec Madone…), mais c’est suffisamment présent pour être souligné. Il y a donc vraiment du bon dans ce récit, encore faut-il passer outre le manque d’originalité pour l’apprécier.

En bref, le mix Métro 2033/Pierre Bordage n’a pas fonctionné pour moi. Le côté très classique et l’intrigue sans surprise m’ont lassé. Le roman n’est pas mauvais en soi mais  manque de saveur. Je passerai mon tour pour la suite.

« En 2033, les humains ont été chassés de la surface, désormais inhabitable.

À Paris, les survivants se sont réfugiés dans les profondeurs du métropolitain. Des communautés sont installées au niveau de certaines stations de Rive Gauche, plus ou moins en contact, souvent en conflit ; la surface est crainte parce qu’irradiée ; Rive Droite est un lieu maudit.»

(Illustration de couverture: © Mirko Failoni/Mona project studio)

Trailer du livre:

[Lecture n°37/60 (pour l'échelon 4) pour le Challenge de Littérature de l'Imaginaire édition 8 de Ma lecturothèque]