Miss Peregrine et les enfants particuliers

Adaptation du livre et best-seller éponyme signé Ransom Riggs [dont vous pouvez retrouver mes critiques du premier et second tome sur le blog (le troisième arrive bientôt)], Miss Peregrine et les enfants particuliers est le dernier long-métrage signé Tim Burton. Il est sorti fin septembre dernier et il s’agit d’un one-shot malgré qu’il s’agisse de l’adaptation d’une trilogie.

Un Burton sympathique mais pas sensationnel.

Avant de commencer à analyser l’aspect adaptation, je vais essayer d’analyser ce que j’aurai pensé du film si je n’avais jamais lu le livre. J’y ai retrouvé de nombreuses choses que j’apprécie dans l’univers de Tim Burton notamment sur le plan esthétique. Les décors sont très soignés, imprégnés d’une ambiance intrigante et inquiétante qui colle parfaitement à l’intrigue. Les costumes sont également superbes et la maîtrise de la luminosité rend l’ensemble assez envoûtant. Certaines scènes sont particulièrement soignées comme la scène de la création de la boucle temporelle. Pour ce qui est du casting, je l’ai trouvé intéressant et j’ai envie de souligner la prestation d’Eva Green (Dark Shadows, Penny Dreadful) sublime en Miss Peregrine et d’Ella Purnell (Tarzan, Intruders) au regard captivant. Par contre, j’ai été quelque peu déçu d’Asa Butterfield (Hugo Cabret, Le Garçon au pyjama rayé) un peu inégal dans son jeu pour incarner Jacob. 

Là où ça commence réellement à se gâter c’est du point de vue musical. La bande-originale est relativement mauvaise (la chanson du générique de fin fait particulièrement décalée), ou tout au moins oubliable. On regrettera l’absence de Danny Elfman qui collabore quasiment toujours pour Burton. Sa signature musicale aurait été tellement parfaite pour ce film! Côté rythme, le film connaît aussi quelques ratés. Quelques longueurs se font ressentir ainsi qu’un énorme décalage entre un début posé, à l’ambiance travaillée et une fin presque clownesque, trop dynamique et trop comique. D’ailleurs, concernant la fin, celle-ci m’a paru bâclée, assez peu logique et peu claire. L’ambiance alterne d’ailleurs beaucoup trop entre l’inquiétant et le comique exagéré, ce qui, selon moi, est un peu dommage et m’a gâché l’expérience du film, n’arrivant pas à savoir s’il s’agissait d’un film blague ou d’un film sombre. 

Du coup, si je concluais ici je dirai qu’il s’agit d’un film sympa, très joli visuellement, mais ce n’est pas le meilleur des Tim Burton à cause d’une musique assez moyenne et d’une ambiance mal maitrisée. On y passe un bon moment mais sans plus. 

Une assez médiocre adaptation.

Je reprends maintenant mon costume de liseuse. Et là, c’est un peu plus mauvais comme avis! Premièrement, je ne décolère pas depuis les premiers trailers sur le changement concernant Emma et Olive. Dans le livre, Emma a le pouvoir du feu, elle est rousse et Olive, est une jeune blondinette qui flotte dans les airs. Dans le film, c’est tout l’inverse et le gros problème c’est que cela fait de « l’héroïne » une jeune fille fragile et vulnérable alors que dans le livre elle est indépendante, bad-ass et même dangereuse. Je comprends que visuellement c’est plus mignon mais je trouve ça intolérable! Par contre, d’autres changements sont plutôt agréable comme le fait de rendre Bronwyn (la super-forte) toute petite. A l’écran c’est plus marquant et c’est un vrai bon choix. De même, les jumeaux qui ne sont normalement pas présents dans cette boucle-ci entrent de façon assez cohérente dans l’univers de Burton et ne sont pas si déplacés que cela.

Ce qui m’a particulièrement déçu c’est surtout le décalage de la fin. En effet, le début reste très fidèle au livre (hormis le changement Emma/Olive), avec un générique de début reprenant même les images du livre et une ambiance sombre très liée à l’oeuvre de Ransom Riggs. Mais soudain, le scénario envoie se faire voir le livre et sa logique avec une fin complètement absurde, un peu miraculeuse et beaucoup trop décalée. Alors oui, c’est fun mais ce n’est absolument pas cohérent avec l’univers du livre et du début du film. L’humour des méchants est également beaucoup trop présent. Les blagues à répétition c’est un peu trop lassant et ça donne à l’histoire un côté blague qui laisse de côté les noirceurs du récit et le rende presque vulgaire. Mais quel dommage… J’ai aussi trouvé triste que certains des enfants soient si peu présents à l’écran que leur personnalité nous parait assez mal définie. Cela se comprend sur la durée du film et l’impossibilité de tout montrer dans une adaptation mais j’aurai aimé plus de détails sur Horace que j’affectionne beaucoup et j’ai trouvé Enoch vraiment mal traité, incompréhensible pour ceux qui n’ont pas lu le livre et beaucoup trop changeant.

En bref, Miss Peregrine et les enfants particuliers, adapté par Tim Burton, ça aurait du être fabuleux. Les deux univers étant faits l’un pour l’autre comme si le livre avait été écrit pour devenir un Burton. Et pourtant, c’est décevant et c’est vraiment dommage. L’adaptation est mauvaise et hormis cela, le film est sympathique mais connaît des défauts l’empêchant d’être inoubliable…

« À la mort de son grand-père, Jacob découvre les indices et l’existence d’un monde mystérieux qui le mène dans un lieu magique : la Maison de Miss Peregrine pour Enfants Particuliers. Mais le mystère et le danger s’amplifient quand il apprend à connaître les résidents, leurs étranges pouvoirs …  et leurs puissants ennemis. Finalement, Jacob découvre que seule sa propre "particularité" peut sauver ses nouveaux amis. »

Bande-annonce: