Métamorphose en bord de ciel

Leader du groupe Dyonisos et écrivain, Mathias Malzieu publiait en 2011 aux éditions Flammarion Métamorphose en bord de ciel afin d’accompagner la sortie de l’album Dyonisos plays Bird’n’roll en 2012. Le livre est ensuite passé en format poche chez J’ai lu la même année que l’album puis a été traduit en plusieurs langues. Alors, que valent les aventures de Tom « Hématome » Cloudman, le pire cascadeur du monde? C’est ce que nous allons voir. 

Un conte poétique à demi-mots. Je suis une grande fan de l’écriture de Mathias Malzieu, que ce soit dans ces moments plus réalistes et intimes comme avec Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi ou dans ces livres totalement fictionnels et fantastiques comme La Mécanique du coeur. Et lorsque le moral est bas, sa maîtrise poétique des mots fonctionne généralement comme un pansement pour le coeur. C’est dans cette optique-là que j’ai lu Métamorphose en bord de ciel et je dois dire que ça a été assez efficace pour me remettre les idées en place, mais pas pour m’égayer vu le thème (cancérologie, etc.). 

« Chaque bruit sur le linoléum fait le bruit d’un pansement qu’on arrache. Les gens s’ennuient, pleurent, crient. Des proches apportent des fleurs, un sourire cousu sur leur visage; ils se débrouillent pour que leurs larmes coulent à l’intérieur de leurs orbites. Des blouses blanches aux gestes mécaniques hantent les lieux. Bienvenue au service de cancérologie. »

J’ai eu un plus de mal que d’habitude pour me plonger complètement dans ce récit, sans doute n’était-ce pas le bon moment pour me laisser aller complètement à la rêverie ici proposée. Tom Cloudman n’est pas non plus le personnage le plus captivant qu’ait créé Mathias Malzieu, même si cela m’a touché de comprendre les points commun entre lui et l’auteur comme il le fait remarquer dans Le Journal d’un vampire en pyjama. Même si je comprends le message caché avec pudeur et douceur à propos de la mort, j’ai trouvé l’univers un peu moins complet, légèrement moins immersif, que ne le sont ceux des autres romans.

« Je dois impérativement ressusciter avant de mourir. Après, je serai trop fatigué. Envoyez les comètes, mademoiselle oiseau! Je me frotterai à elles et vous, à m’en réveiller l’âme de la tête aux pattes. Envoyez les orages furibonds, ceux qui font des trous dans le ciel, qui ensanglantent les nuages et tapissent l’horizon d’une crinière coquelicot. »

Je dois malgré tout souligner le fait que j’ai été, encore une fois, conquise par la poésie de Mathias Malzieu qui, en quelques jeux de langage et une métaphore plus loin, nous ouvre son univers de douceur enfantine. J’aurai aimé m’y bercer un peu plus, dans ce nid de plumes, me laisser transporter, m’envoler. Je pense qu’une relecture dans un moment plus apaisé y aidera certainement. Je le conseille malgré tout fortement, parce que, même si ce n’est pas son meilleur, il reste un moment de lecture agréable et l’album qui va avec est juste trop bon pour passer à côté. 

En bref, Métamorphose en bord de ciel est un petit conte pou adultes aux coeurs d’enfants très agréable à parcourir. Et même si il est moins immersif que les autres écrits de Mathias Malzieu, il est tout de même fort sympathique à survoler du bout des ailes. 

« Tom Cloudman a toujours rêvé de voler, il en est devenu le plus mauvais cascadeur du monde. Ses performances de voltige se terminent invariablement au sol. Au moment où on décèle chez lui une maladie incurable, Tom rencontre une étrange créature, mi-femme, mi-oiseau, qui lui propose ce pacte : "Je peux vous transformer en oiseau, ce qui vous sauverait, mais cela ne sera pas sans conséquence…"»

(Photographie de couverture: © Jean-Marc Lubrano)

Clip de la chanson Cloudman, extrait de l’album Dyonisos plays Bird’n’roll (Barclay):