Lever de soleil

Paru le 8 novembre dernier, Lever de soleil est une novella de Noémie Wiorek, illustrée par Anako et publiée chez YBY éditions, une nouvelle maison d’édition axée sur la diversité et l’inclusivité. Fortement conseillé par Zoé prend la plume, Lever de soleil était un récit qui m’attirait pour la démarche éditoriale et pour voir ce que pouvait offrir Noémie Wiorek en format court. Voici donc ce que j’en ai pensé…

« Elle dort dans un cocon tissé d’éternité. Le souvenir du soleil la berce avec tendresse : c’est un astre immuable qui nourrit ses rêves. Depuis des millénaires, elle s’enfonce, encore et encore… »

Le mélange de la mythologie et de l’anticipation

Noémie Wiorek m’avait déjà prouvé qu’elle aimait casser les codes de l’imaginaire dans son roman Les chats des neiges ne sont plus blancs en hiver. C’est dans un contexte beaucoup plus chaud et, cette fois, dans le registre de l’anticipation, que l’autrice s’amuse à déjouer nos certitudes et à jouer avec nos repères. Dans cette novella, elle nous propose en effet un mélange audacieux entre une dystopie d’anticipation et la mythologie égyptienne. Original, mais surtout efficace, ce savant mélange nous permet d’avoir un double regard sur notre monde, celui, mystique, d’un passé révolu, et celui, ultra contrôlé, d’un futur morose. Au coeur de ce texte, deux héroïnes torturées (là encore, un trait déjà très présent dans son roman) qui sont toutes les deux en quête d’un idéal que leurs mondes leur refusent. Dans un contexte où tout s’oppose, notamment le paradigme des anciens Dieux craints et des nouveaux, les médias et multinationales surpuissantes, c’est pourtant de la fusion que naît l’étendard des possibles. Attention, cependant, l’aspect fort sombre d’Izia peut ne pas convenir à tous les états d’esprit. Car si le titre et les dessins (fort jolis!) d’Anako sont plein de chaleur, c’est avant tout un récit de nuit où l’on désespère de voir l’aube se lever. 

« Je hais cette réalité. Il n’y a aucun espoir, dans ce monde. Les seuls endroits où nous pouvons nous réfugier sont le passé et les étoiles. »

Un texte lent et déroutant

Noémie Wiorek est une autrice qui aime prendre son temps et qui, je le pense, n’écrira jamais de texte au rythme très haletant. Si dans le format long du roman, cela avait pu me gêner quelque peu, dans le format court de la novella, j’ai trouvé ça fort agréable. Elle nous permet ainsi de saisir la psychologie de deux héroïnes surprenantes et, à travers le prisme de leurs connaissances réduites sur ce qui se trame, de percevoir l’étendue de ce monde futuriste et de ce qui se joue, tout en conservant une aura de mystères qui permet de créer la surprise. L’autrice se joue beaucoup de nous dans cette novella, nous faisant douter de tout au fur et à mesure que le récit progresse. On ne sait bientôt plus qui croire. C’est un texte vraiment intéressant, avec un final qui laisse la porte ouverte à pas mal de possibilités, tout comme l’ensemble de la novella offre plusieurs pistes de lecture. Même si la lenteur et le manque de repères continuent de me perturber dans la plume de Noémie Wiorek, j’ai apprécié cette découverte qui m’a apporté un petit peu de soleil au coeur de l’hiver. J’ai notamment beaucoup aimé sa vision touchante de ce monde inadapté pour ces héroïnes. Rien que pour ça, ça valait la peine!

En bref, Lever de soleil est une novella très originale qui mêle un univers d’anticipation dystopique à des éléments et personnages de la mythologie égyptienne. Un pari osé qui apporte son lot de messages et interprétations dans un court récit assez sombre avec deux héroïnes torturées qui ne sont plus en phase avec leurs mondes. Touchant, surprenant, c’est un récit réussi qui prend son temps parce qu’il a beaucoup à dire.

« 2071. Sous le soleil égyptien, les archéologues d’Incop Transgene découvrent un mystérieux sarcophage. Izia, rivée à son ordinateur, suit cette exhumation avec attention. Qu’est-ce que cette multinationale tentaculaire, qui contrôle le monde dans l’ombre, manigance encore ? Engagée dans une lutte désespérée contre la dictature d’Incop, Izia se voit confier la mission de sa vie : récupérer le contenu de ce sarcophage. Malheureusement, rien ne se passe comme prévu… »

(Illustration de couverture: © Anako)

> Lire un extrait < (© YBY éditions)

D’autres avis sur la blogosphère: Chut maman lit!, Zoé prend la plume, sur l’Instagram de Les pipelettes en parlent …

[Diversité: pp lesbienne] 

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