Les Montagnes hallucinées. Tome 1

Après l’excellente adaptation de L’appel de Cthulhu en 2017, François Baranger s’est attaqué à la non moins grande oeuvre de H.P. Lovecraft, Les Montagnes hallucinées en nous offrant un dytique illustré de cette autre nouvelle de l’auteur de Providence dont la première partie est sortie en fin d’année 2019. Préfacé par Maxime Chattam, ce premier tome est publié aux éditions Bragelonne. Il vient de remporter le Prix Imaginales 2020 catégorie Illustrations. Et voici ce que j’en ai pensé…

« Il parlait de l’ineffable majesté du paysage tout entier, et des étranges sensations qu’il éprouvait  à se trouver à l’ombre de ces immenses pics silencieux touchant le ciel comme une muraille au bord du monde.»

L’écrin parfait pour cette oeuvre

Je concluais ma critique de la version illustrée de L’appel de Cthulhu par cette phrase: « On a affaire un véritable objet de collection qui nous donne envie de voir paraître toute l’œuvre de Lovecraft mise en image par Baranger pour tous les posséder ! ». Et je peux vous annoncer que cette nouvelle adaptation de Lovecraft par François Baranger ne va clairement pas atténuer cette envie folle. Les Montagnes hallucinées prennent une toute nouvelle dimension grâce aux illustrations grandioses et ultra réalistes dans lesquels on plonge entièrement grâce au grand format (35cm de haut). François Baranger use de jeux d’ombre et de lumière pour mieux nous imprégner dans l’ambiance à la fois mystérieuse, inquiétante et grandiose de ce récit. Face à ces illustrations si réalistes et si détaillées, on a l’impression d’être au coeur de l’expédition en Antarctique et d’y voir prendre vie l’histoire de Lovecraft devant nos yeux ébahis et effrayés. Le jeu de cadrage renforce quand à lui la tension si puissante dans l’oeuvre originale. L’illustration en plongée au-dessus de la crevasse de Lake est notamment terrifiante quand on connaît déjà l’oeuvre. Magique! L’objet-livre de qualité met vraiment bien en valeur le talent de François Baranger et constitue un vrai chef-d’oeuvre. 

« Chacun des incidents de ce vol de quatre heures et demie est imprimé dans ma mémoire en raison de sa situation cruciale dans ma vie. Il marque la perte, à l’âge de cinquante-quatre ans, de la paix et de l’équilibre que possède l’esprit normal, habitué qu’il est à une certaine conception de la nature qui l’entoure et de ces lois.»

Un grand classique

Ce récit de Lovecraft, datant de 1931, est un de ceux de l’auteur que je préfère. Récit d’expédition à la tension permanente et grandissante, Les Montagnes hallucinées alterne le grandiose et l’inquiétant dans un équilibre parfait. L’auteur, comme à son habitude, nous met en garde à plusieurs reprises sur ce qui va nous être raconté. Mises en garde qui sont censées nous préparer au pire mais qui diffusent évidemment surtout une tension de tous les instants. On sait que la folie nous guette, que les horreurs que nous allons découvrir vont nous changer, et pourtant on ne sait pas s’arrêter, pris par notre curiosité et par l’envoûtement que la plume de Lovrecraft exerce sur nous. Les Montagnes hallucinées est un grand texte qui prend ici une dimension à sa hauteur par la mise en lumière de François Baranger qui a tout compris de l’oeuvre originale et qui semble être entré dans la tête de Lovecraft pour nous y emmener à son tour.

En bref, ce premier tome (sur 2) de la version illustrée des Montagnes hallucinées est un chef-d’oeuvre. Les illustrations de François Baranger sont un régal absolu et elles mettent en lumière un texte majeur dans l’oeuvre de H.P. Locevraft. Vivement la suite (et d’autres adaptations?)!

« Arkham, 1933. Le professeur Dyer, éminent géologue, apprend qu’une expédition scientifique partira bientôt pour l’Antarctique avec pour ambition de suivre les traces de celle qu’il avait lui-même dirigée en 1931. Dans l’espoir de dissuader cette tentative, Dyer décide de faire un récit complet des tragiques événements auxquels il survécut, cette fois sans omettre les passages qu’il avait écartés à son retour, de peur d’être pris pour un fou.

Deux ans plus tôt, les navires affrétés par l’université Miskatonic avaient accosté le continent glacé au début de l’été austral, et le contingent de quatre professeurs et seize étudiants s’était mis aussitôt au travail. Les premiers résultats ne s’étaient pas fait attendre et le biologiste de l’expédition, le professeur Lake, était parti de son côté avec plusieurs membres de l’équipe afin de suivre une piste fossilifère prometteuse. Au bout de quelques jours à peine, il avait annoncé par radio avoir découvert de stupéfiants spécimens d’une espèce inconnue, extraordinairement ancienne, avant de cesser toute communication après une terrible tempête. Pressentant le pire, Dyer s’était porté à leur secours le jour suivant. Ce qu’il avait découvert sur place dépassait ses craintes les plus folles… »

[Lecture n°32/60 (pour l'échelon 4) et Auteur/Autrice classique n°3/3 (pour la catégorie D) pour le Challenge de Littérature de l'Imaginaire édition 8 de Ma lecturothèque]