Les Contes macabres. Volume 2

Après avoir adoré le premier volume des Contes macabres d’Edgar Allan Poe rassemblés et illustrés par Benjamin Lacombe, il était évident que je me devais de lire le second opus. Publié en 2018 dans la collection Métamorphoses des éditions Soleil, ce nouveau recueil se centre sur la figure masculine et le fantastique dans l’oeuvre de Poe. Je me le réservai depuis 1 an pour la fin octobre de cette année et voici enfin ce que j’en ai pensé…

« La vérité est que cette vie et généralement tout le dix-neuvième siècle me donnent des nausées. Je suis convaincu que tout va de travers. »

Un livre de collection

Tout autant que le volume 1, ce deuxième opus des Contes macabres est un pur bijou esthétique. La couverture hard-back et en relief, la reliure brochée, la tranche noire des pages, le marque-pages en tissu… tout, dès l’extérieur, en fait un objet de collection qu’il est plus que plaisant à posséder. Mais l’intérieur est tout aussi soigné, jusqu’à la taille des marges agréable et élégante comme il aurait plu à Edgar Allan Poe lui-même. Et que dire des illustrations de Benjamin Lacombe? Je suis une grande admiratrice du travail de cet artiste et je trouve qu’il se combine à merveille avec l’univers de l’auteur. Il donne aux différents récits une ambiance toute particulière, renforce le mystère et la mélancolie des nouvelles et nous en met plein la vue. C’est un ouvrage  très élégant comme il est malheureusement trop rare d’en voir publié. Un petit bémol cependant par rapport au volume 1, les illustrations sont parfois mal « placées » par rapport au texte et, ainsi, certaines viennent couper une phrase en deux (nous obligeant à revenir par après admirer le dessin en double-pages) quand d’autres révèlent des éléments de l’intrigue un peu trop tôt par moments. 

« Nous ne prononçâmes aucune parole durant la fin de cette délicieuse journée, et même encore le matin, nos paroles étaient tremblantes et rares. Nous avions tiré le dieu Eros de cette onde, et nous sentions maintenant qu’il avait rallumé en nous les âmes ardentes dents ancêtres. »

Des récits plus rares de Poe

Alors que le premier volume reprenait des nouvelles de Poe très connues, ce second opus présente des textes plus secondaires dans l’oeuvre de l’auteur du dix-neuvième siècle. Cela nous permet ainsi de découvrir d’autres facettes de son travail et de son imaginaire. La figure masculine chez Poe est intéressante et multiple, avec un côté assez désabusé voir mélancolique évident. On trouve dans ce recueil une amertume assez forte et une critique de la société dans laquelle évoluait l’auteur se ressent plus fortement que dans ses textes plus connus. J’ai trouvé que les récits repris ici étaient peut-être, pour certains, moins passionnants que ceux du volume 1 bien que j’ai grandement apprécié la découverte de Eléonora (très beau!) et de Manuscrit trouvé dans une bouteille (que j’ai adoré) ou encore cette relecture illustrée du Roi Peste. Poe est un auteur gothique de fantastique horrifique que j’admire énormément pour l’ambiance de ces récits et pour les questionnements que ses nouvelles soulèvent sur la nature humaine et surtout sur nos failles. Et je ne peux qu’apprécier l’élégance de la traduction de Charles Baudelaire que les éditions du Soleil ont l’intelligence de conserver.
En bref, pour vous convaincre, 3 mots devraient suffirent: Poe, Baudelaire et Lacombe. Trois grands noms talentueux réunis dans un nouvel ouvrage magnifique. Je cous conseille cependant avant tout le premier volume si vous devez faire un choix entre les deux.

« L’influence d’Edgar Allan Poe dans le monde a été et demeure considérable : la critique contemporaine le situe parmi les plus remarquables écrivains de la littérature américaine du XIXe siècle, et ses nouvelles ont revêtu, au fil des ans, grand nombre de titres et d’aspects. Le premier volume des Contes macabres s’articulait autour de la vision de la femme et de la mort, tandis que ce second volume s’intéresse à celle de l’homme et du fantastique.

Forte, pleutre, habitée par la mélancolie ou basculant dans la folie, la figure masculine selon Poe est complexe et, par là même, terriblement envoûtante. Benjamin Lacombe a sélectionné de nouveaux contes, parmi lesquels Manuscrit trouvé dans une bouteille ou Petite discussion avec une momie, et propose un nouveau voyage graphique, à la frontière du réel, dans les tréfonds de l’âme humaine.»

(Illustration de couverture : © Benjamin Lacombe)

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