Le jour où la guerre est arrivée

Traduit en 2019 pour les éditions Mijade, Le jour où la guerre est arrivée est un album de Nicola Davies illustré par Rebecca Cobb. Basé, au départ, sur un fait réel, ce petit livre illustré à destination des enfants à partir de 4 ans nous parle des migrants et de l’accès à l’éducation. Un album au sujet très marquant que j’avais envie de mettre en avant ici pour la rubrique « Album du mois » …

Extrait :

« Mais la guerre m’avait suivie. Elle était dans mes paupières, sous ma peau, dans mes rêves… Elle avait pris possession de mon cœur. »

Une histoire percutante

Avec ce genre d’albums, vous oublierez tous vos aprioris sur la littérature destinée aux tout-petits car l’autrice aborde ici un sujet difficile, sans langue de bois, choisissant l’option de la franchise plutôt que celle des métaphores tout en conservant une pudeur superbe face à l’indicible. Pourtant, l’album est parfaitement bien pensé pour les enfants en donnant notamment la parole à une toute jeune enfant qui traverse les épreuves avec son regard plein d’innocence, une enfant auquel les lectrices/lecteurs vont forcément s’identifier grâce au début de l’album. L’autrice parvient en effet à faire comprendre, à celles et ceux qui ne la vivent pas, toute l’horreur de la guerre et les bouleversements qu’elle engendre en nous plaçant d’abord dans un quotidien très ordinaire, fait de famille, d’école, de chants et de dessins. Puis tout bascule et notre jeune héroïne vit l’horreur des combats, l’horreur de la mort et la perte de tout dans la fuite. Pour finalement, toujours, même loin des bombes, retrouver la guerre dans le rejet dont elle est victime ailleurs. Une véritable claque qui, heureusement, pointe vers un lueur d’espoir présente dans les enfants de la ville. L’histoire vraie derrière ce livre est terrible. C’est celle d’enfants migrants à qui l’accès à l’école a été refusé par « manque de chaise », un fait réel qui paraît absurde mais qui est l’illustration parfaite du manque de solidarité de nos sociétés actuelles. Cet album, non seulement, permet de comprendre la vie de ces refugiés de guerre mais est surtout un appel puissant à la solidarité et à l’accueil qu’il convient de véhiculer dès le plus jeune âge.

Un graphisme enfantin marquant

Rebecca Cobb signe ici des illustrations parfaitement en adéquation avec le propos du livre, faites de crayonnées, de couleurs pastelles et de traits enfantins. Les dessins favorisent l’identification à la jeune héroïne et représentent cette innocence bafouée par la guerre des adultes. De même avec la colorisation, d’abord joyeuse et pétillante qui se perd vers des teintes sombres, reflet d’un quotidien qui a perdu ses couleurs et de la tristesse de cette enfant qui n’a qu’un désir pourtant bien simple : retrouver un quotidien normal en allant à l’école pour continuer à y dessiner des volcans. La simplicité est ici vectrice d’une grande force et contribue en rendre l’histoire encore plus percutante.

En bref, Le jour où la guerre est arrivée est un album fort qui permet de comprendre l’horreur de la guerre et nous sensibilise à l’accueil des refugiés qui ont plus que besoin de retrouver un semblant de normalité. Une lecture essentielle pour petits et grands.

"C’est un jour comme les autres‚ et voilà que la guerre vient faire de ta ville un champ de ruines. Peux–tu imaginer cela ? Tu aurais tout perdu‚ tu serais tout seul‚ et après un long voyage plein de dangers‚ tu ne serais nulle part le bienvenu. 
Alors un enfant te ferait un cadeau– modeste mais infiniment précieux.
Imagine..."

(Illustration de couverture et extrait: @ Rebecca Cobb)