Le culte de Mars

Paru en juin 2020, Le culte de Mars est une bande-dessinée one-shot écrite, illustrée et mise en couleurs par Mobidic (à qui on doit aussi Le roi ours) et publiée par les éditions Delcourt. Il s’agit d’une BD de science-fiction post-apocalyptique que j’avais très envie de découvrir et voici donc ce que j’en ai pensé…

« Je crois que je commence à comprendre ce que tu fais. Ça n’a rien à voir avec Mars, en fait… Qu’on haïsse les Anciens ou qu’on attendre leur retour… ce qu’ils ont laissé est à nous, c’est notre héritage. Le laisser disparaître serait la plus vaine des vengeances.»

Du post-apo teinté de douceur

Dans cette BD, Mobidic imagine un futur où une partie de l’humanité a quitté la Terre pour Mars depuis longtemps et où les descendants des plus démunis, laissés sur une planète en perdition, sont retournés à une civilisation pré-technologique qui voue un culte aux Anciens et à leur magie leur ayant permis de quitter la Terre. Dans cette société obscurantiste où sévissent parfois des extrémistes religieux du culte de Mars, Hermès est un être à part. Son but? Réunir, avant qu’il ne disparaisse, le savoir de l’humanité dans une encyclopédie. Hermès, c’est le savoir contre l’obscurantisme, la lueur d’espoir et de curiosité dans un univers qui espère un paradis perdu. Hermès est apaisant, il porte en lu une bienveillance magnifique, il chante et s’extasie de tout, il est conscient de l’importance de penser à un avenir sur Terre plutôt que de se perdre dans de vains rêves et il est tourné vers l’autre. Et quand cet autre s’incarne en une jeune fille sourde, la rencontre est superbe, entre poésie, douceur et tendresse. L’histoire appuie sur l’importance de la transmission des savoirs, de l’héritage générationnel qui participe à notre identité et questionne brillamment notre humanité. Attention par contre, si vous cherchez une BD post-apo haletante ou portée sur l’action, ce n’est pas Le culte de Mars qu’il vous faut. Il y a ici une certaine langueur qui pourrait déplaire à certain.e.s mais qui, pour moi, participe à l’ambiance et à la beauté de cette oeuvre.

Un trait rond magnifique

Alors oui, bien sûr, on reste dans du postapo et vous vous doutez que tout n’est pas qu’une grande ballade paisible. Mais même dans les moments plus haletants et sombres, symboles d’un monde qui oublie le savoir et se tourne vers des croyances absurdes et dangereuses, la BD conserve une certaine beauté et douceur que seul le trait de Mobidic parvient à retranscrire. Les rondeurs dans le dessin rendent en effet cette histoire d’autant plus belle. L’univers terrestre recouvert de végétation est superbe, un juste retour à la nature qu’il est très plaisant de voir. Et les expressions des personnages, notamment de Hermès et Caroline, sont communicatives. Leurs échanges, riants et souriants sont un véritable bonheur. On frôle clairement le coup de coeur avec cette BD à laquelle il ne manque, finalement, qu’un peu de temporalité ou d’explications sur le basculement entre notre société et celle pré-technologique imaginée dans le futur postapo de Mobidic. 

En bref, un presque parfait pour Le culte de Mars qui est une super bande-dessinée qui nous offre, en un seul volume, une histoire complète, douce et touchante dans un univers post-apo. Une histoire qui parle de l’importance des héritages, de la transmission du savoir et qui nous offre une rencontre magnifique dans un écrin de nature retrouvée.

« Les ressources de la Terre sont épuisées. Les plus riches sont partis pour Mars, les plus démunis attendent désespérément qu'on vienne les chercher. Ses survivants ont sombré dans l'obscurantisme. Au beau milieu de ce gâchis, Hermès, tente de consigner tous les anciens savoirs pour les rassembler dans une encyclopédie afin de les partager et aider l'humanité à aller de l'avant, à renaître de ses cendres.»

(Illustration de couverture & extrait: © Mobidic)

> Lire un extrait < (© Delcourt)

[Diversité: ps sourd.e, ps noir.e]