La dernière geste. Quatrième chant : Lys de guerre

Fin mai, les éditions Goater publiaient, en parallèle de la réédition du troisième chant, le très très attendu quatrième chant de La Dernière Geste: Lys de guerre. La pentalogie de Morgan of Glencoe est en effet à nouveau en marche grâce à Goater (et je ne leur dirai jamais assez merci pour ça) et, après trois excellents premiers tomes, sa suite paraît enfin. Évidemment, dès que Lys de guerre a été en ma possession, je me suis jetée dessus. Et voici ce que j’en ai pensé… Et ce, sans spoiler, même sans avoir lu les tomes précédents!
« Selon les humains, le reste du monde était là pour les servir, et eux-mêmes se servaient entre eux jusqu’aux quelques-uns en haut, qui, eux, servaient l’ordre établi. Ils haïssaient l’inutilité au point de définir le droit des autres à exister selon ce seul paramètre.»
Je me retrouve devant mon clavier sans trouver les mots justes pour cette critique. Parce qu’il va être difficile de ne pas se répéter avec les avis sur les autres tomes de la saga. Difficile aussi de ne pas partir dans tous les sens. Difficile enfin de saisir par l’écrit ce que j’ai pu ressentir à la lecture de Lys de guerre. J’en ressors comme sonnée. Par l’émotion bien sûr. Par la vitesse à laquelle j’ai dévoré ses pages, alors même que mon rythme de lecture est complètement ralenti par les angoisses. Par tout ce que j’ai vécu dans les 700 pages de ce quatrième tome. Par le plaisir d’avoir retrouvé cet univers et surtout ses personnages. Par la puissance enfin du talent de son autrice. Je l’avais dit pour Ordalie, chaque tome gagnant en qualité, il me semblait qu’il était impossible pour Morgan of Glencoe de faire mieux. Et pourtant, iel l’a fait. Encore. Je ne sais pas comment c’est possible mais, Lys de guerre dépasse en qualité et en maturité les tomes précédents, décuplant toutes les strates du talent de son autrice, alors même qu’une pause terrible s’est déroulée entre la première parution du tome 3 et celle du tome 4. Notons que chaque tome, celui-ci compris, contient en début d’ouvrage un résumé succinct des éléments à retenir des tomes précédents. Ainsi, si vous aviez lu Ordalie il y a quelques années mais que vous craignez de manquer de temps pour tout relire: pas de panique, Morgan of Glencoe pense à vous. Et ainsi son histoire ne perd pas de temps à démarrer. Finissant sur une tension folle à l’issue du tome 3, elle redémarre sur le même rythme dès les premières lignes de celui-ci. L’intensité maintenue malgré le gap de temps et ensuite maitrisée de bout en bout de ce quatrième chant est épatante. Sur plus de 700 pages, l’autrice nous propose une intrigue aux personnages très nombreux, de multiples points de vue, de nombreux lieux et de nombreuses scènes spectaculaires, sans jamais nous perdre ni diminuer en termes de rythme ou d‘intérêt. Chaque passage, chaque chapitre, chaque scène, contient de quoi nous accrocher, nous emporter et nous toucher. Jusqu’à un final à nouveau haletant qui nous donne l’envie irrésistible de lire le tome 5. Arriver à ce point de maîtrise dans l’écriture est tout simplement épatant. J’en ai lu des pavés, j’en ai lu des sagas. Jamais aucune n’a réussi cet exploit de ne prendre aucun temps mort. Tout est important ici. Tout et chacun.
« Depuis quand je dois être raisonnable quand c’est les adultes qui agissent comme des cons? Pourquoi moi je devrais être raisonnable, alors que les gens qu’on met en charge du destin des autres foutent une merde noire sans que personne ne dise rien? »
Car oui, la grande force de Morgan of Glencoe reste l’écriture de ses personnages. Bien que très nombreux et nombreuses, toutes et tous sont formidablement travaillés et ils ont trouvé une place dans mon cœur. Qu’il est bon de les retrouver, de les voir évoluer encore au fur et à mesure des tomes et des évènements. Qu’il est dur aussi quand il faut dire au revoir à certains et certaines. Chaque personnage, pour des raisons différentes, est inoubliable. Lire La dernière geste me donne presque le sentiment, maintenant, de retrouver une famille. Et par les temps qui courent, même si ça va faire mal, même si les sanglots seront nombreux, être à leurs côtés le temps d’une lecture est un formidable refuge. Les valeurs que portent la saga, son autrice et son panel de personnages, sont aussi quelque chose qui fait du bien. Elle développe toujours un peu plus sa critique de l’absurdité d’un vieux système hiérarchique et patriarcal pourri, tout en poursuivant par sa plume son cri puissant pour la liberté de s’épanouir et d’être qui nous voulons. Un choc des mondes qui, ici, bien sûr, prend un tournant terrible. Il y a dans ce quatrième tome tellement de scènes intenses, tellement de beauté dans l’horreur aussi. De simples moments suspendus éclairent d’humanité les ombres les plus tenaces. Des instants épiques, héroïques, inspirent et donnent envie de monter des barricades, quand d’autres nous font trembler de rage et de peur. L’autrice nous colle encore une fois une sacrée claque. C’est une lecture qui laisse des marques, notamment des sillons salés sur les joues, qui insuffle aussi une envie de ne pas laisser le monde broyer nos libertés et notre dignité. Je me répète, mais je ne vois pas comment iel peut faire mieux. La barre est haute pour le cinquième chant. Mais je serai plus que jamais au rendez-vous.
« Nous restons la lie,De l’Humanité, »Quarante voix, trop jeunes pour la guerre et pourtant trop vieilles pour l’innocence, se joignirent aussitôt à la sienne:« De la Faerie,De la Fomoiré,Nous sommes liésPar le sang et la boue,Nous sommes les Gens de l’Égout!»
En bref, c’est un immense coup de cœur pour Lys de guerre qui, sur plus de 700 pages, propose une intrigue intense, riche en émotions comme en scènes spectaculaires, portée par un panel de personnages absolument formidables chacun à leur manière et des valeurs fabuleuses. Alors qu’Ordalie atteignait une forme de perfection pour moi, Lys de guerre fait encore mieux. J’ai pleuré des litres de larmes et j’ai aimé chaque instant de cette lecture. Lisez La Dernière Geste! Lisez Morgan of Glencoe! C’est une nécessité.
« Le choc de la fin de l’Ordalie provoque une débandade qui oblige Louis-Philippe à fuir le Louvre et Yuri à se rapatrier au plus vite en Keltia. Mais cette fois, la guerre est inévitable, et sur tous les fronts : des palais aux champs de bataille jusqu’aux marches de Breizh, de la rue à la radio, le monde plonge tout droit dans un conflit total. Chacun doit désormais choisir son camp et user de ses meilleures armes contre l’adversaire désigné…Qui vaincra ? Qui perdra ? Mais surtout… qui survivra ? »
(Illustration de couverture : © Aliciane)
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Cinquième chant - L’héritage de Mona : à venir
[Lecture n°20 (26/60 points avec les bonus pour l'échelon 4 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 13 de Ma lecturothèque + défi trimestriel Zonval - des livres qui nous font envie, feel-good SFFF]
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