La chasse fantôme

Le 5 mars dernier, les éditions Scrineo publiait le premier roman d’Hermine Lefevbre intitulé La chasse fantôme. Sélection du premier trimestre pour le prix Bob Morane, La chasse fantôme est un roman de fantasy avec un héros tétraplégique. Curieuse de cet aspect et intéressée par l’univers, je me suis plongé dans sa découverte et voici ce que j’en ai pensé…

« Ils étaient parés d’une lueur d’argent ternie et entourés d’une brume noire. Des hommes d’ombre, sur des chevaux d’ombre, capables de chevaucher parmi les étoiles et entre les mondes. Des tueurs qui n’aspiraient qu’à reprendre leurs traques. Auteur d’eux, le vent grondait comme une meute de chiens avides de s’élancer à la curée. 

La Chasse fantôme.»

De bonnes idées mais une certaine redondance

Une chose est sûre, La chasse fantôme se lit extrêmement bien. L’écriture est plaisante, la mise en page agréable et on se retrouve à dévorer les chapitres les uns après les autres sans s’en rendre compte. Le souci, c’est qu’on oublie aussi assez vite cette lecture et que ça n’empêche pas non plus la lassitude. J’ai personnellement rechigné à lire la fin, non pas parce que c’est ardu ou ennuyeux, mais bien parce que je n’en attendais plus grand-chose et, surtout, je n’espérais aucune surprise (et ce fut effectivement le cas). Le roman a pourtant de bonnes idées, non seulement pour ce qui est de la représentation d’un personnage en fauteuil roulant, et un univers intéressant mêlant magie et monde proche du notre. Mais l’intrigue, une fois passées les premières pages de découverte, tend à tourner à rond. Les passages liés à la magie semblent se répéter et l’alternance avec le monde du lycée assez classique est un peu lassante. Et lorsque le rythme tente de s’emballer sur le final, on est malheureusement confronté à des révélations très prévisibles qui n’apportent plus de surprise. Ce n’est pas un mauvais roman, mais il manque de réelle tension et d’un vent de fraîcheur dans l’intrigue pour réussir à nous accrocher jusqu’au bout. Tout est finalement trop lisse, trop prévisible. On regrettera également qu’un roman plein de modernité et soucieux de diversité oublie de féminiser les postes au sein de l’Ordre qui est imaginé…

« Les regards des passagers le brûlaient. Il aurait dû s’y habituer pourtant. Il les voyait souvent, au lycée, en ville ou au supermarché, ces coups d’oeil plus ou moins discrets, qui le ramenaient en permanence à son fauteuil, comme s’il n’était plus que cela, et lui donnaient le sentiment d’être transparent.»

Des personnages qui manquent de relief

L’effet lassitude et l’impression de redondance tient aussi beaucoup au personnage principal. Natalis a en effet la fâcheuse tendance de changer d’avis comme de chemise, notamment à propos de son ami, et à revenir en alternance de manière répétée sur son point de vue à son propos. Un coup je le protège, un coup je le rejette, et ainsi de suite un bon nombre de fois. Au point, finalement, que le lecteur a envie de le secouer pour le dire de se décider. Côté personnages d’ailleurs, bien qu’ils soient plaisants à découvrir, il y a un manque de relief assez marqué. Chacun reste très ancré dans une personnalité de base assez stéréotypée, rendant ainsi certains passages moyennement crédibles. Je pense notamment aux actions des « brutes » qui me paraissent tout de même sacrément exagérées (sans vouloir révéler quoique ce soit). On a ainsi du mal à croire aux personnages, à les imaginer et, de fait, à s’y attacher. Dommage.

En bref, je n’ai pas été convaincue par La chasse fantôme qui, malgré de bonnes idées et une écriture agréable, manquait de relief. Les personnages, trop lisses, ne m’ont pas paru très crédibles et l’intrigue, légèrement redondante et sans surprise a fini par me lasser. 

« Il y a quatre cents ans, les Veilleurs ont scellé la Chasse fantôme en Allemagne et caché l’esprit du Coryphée, son meneur, parmi les hommes. Mais un soir, le Cor de la Chasse résonne et les Cavaliers sont libérés. Dans l’explosion qui suit, Natalis, jeune magicien prometteur de l’Ordre des Veilleurs, devient paraplégique et son père sombre dans le coma.

Un an plus tard, la horde meurtrière frappe chaque nuit. Jugé responsable de la libération de cette dernière et suspendu de ses fonctions au sein de l’Ordre, Natalis est décidé à réparer sa faute. Avec son frère Félix, il met tout en œuvre pour retrouver le Coryphée dont personne ne connaît l’identité. Mais cela peut être n’importe qui, même l’un d’eux… »

(Illustration de couverture: © Aurélien Police)

> Lire un extrait < (© Scrineo)

[Diversité: pp handicapé.e physique - en fauteuil roulant, pp asexué.e]

[Lecture n°55/60 (pour l'échelon 4) pour le Challenge de Littérature de l'Imaginaire édition 8 de Ma lecturothèque]