Joyland

Sorti en 2013 aux USA, puis en français chez Albin Michel en 2014, Joyland, l’un des derniers romans de Stephen King, a connu un succès mitigé. Existant depuis cette année en poche chez les éditions LGF, il est le livre du mois pour le club de lecture Stephen King de flo_bouquine et loeil2luciole. 

Attachant, nostalgique, mais pas angoissant pour un sou. La première chose à savoir sur ce roman, c’est que ce n’est pas vraiment un thriller, pas vraiment un livre fantastique et certainement pas du tout un livre horrifique. C’est ce point qui a certainement entrainé la déception de la plupart des lecteurs. De fait, le plus grand défaut du roman vient surtout de sa quatrième de couverture française (que vous pouvez trouver en fin de chronique) qui laisse présager des montées d’angoisse à la It mais qui n’est que pur mensonge sur le contenu du roman. J’en avais été avertie, aussi ne m’attendais-je à rien de particulier. Malgré tout, j’ai quand même eu un léger regret de cette absence de suspense, d’angoisse qui s’installe et grimpe comme l’auteur sait le faire. Le décor s’y prêtait tellement… dommage mais au moins c’est surprenant. 

« […] quand t’as vingt et un ans, la vie est nette comme une carte routière. C’est seulement quand t’arrives à vingt-cinq que tu commences à soupçonner que tu tenais la carte à l’envers… et à quarante que t’en as la certitude. Quand t’atteins les soixante, alors là, crois-moi t’es définitivement largué. »

Ce roman m’a malgré tout fait passé un très bon moment, et j’en suis la première surprise. J’y ai ressenti une profonde nostalgie, un regard extrêmement tendre sur le jeunesse et sur la vie, et une émotion sincère et réelle que je n’avais jamais encore perçue chez Stephen King. Certes, j’aurai adoré de l’angoisse dans ce décor à l’ancienne de fête foraine, mais j’ai apprécié cette ambiance apaisante et doucereuse comme le souvenir de l’enfance. Ce roman est un concentré de leçons de vie, certes relativement classiques mais toujours sympathiques et c’est, avant tout, une certaine ode à la jeunesse. Les personnages principaux du roman sont d’ailleurs très attachants et vraiment bien construits, notamment pour Devin Jones, le narrateur. Joyland est, de fait, plutôt un roman doux comme la barbe à papa qu’un roman acéré comme une hache à la Shining. 

« - Je n’arrive pas à comprendre pourquoi les gens utilisent la religion pour se faire du mal alors qu’il y a déjà tant de souffrances dans le monde. »

J’ai finalement regretté le « twist » (que j’ai vu venir de très loin malheureusement) et la tentative vaine de créer une tension qui ne peut pas se faire (puisque le narrateur nous parle depuis son grand âge). Tout ce dénouement m’a paru extrêmement bref par rapport à l’ensemble du récit, comme une touche déplacée et bâclée. Décidément les fins de Stephen King ça reste encore à travailler! Enfin, il est à noter que quelques coquilles traînent dans l’édition grand format d’Albin Michel que j’avais entre les mains (notamment des noms qui changent d’écriture au cours du récit…) mais là, je cherche sans doute la petite bête.

En bref, ne lisez pas Joyland en attendant de l’horreur ou de la peur, ne le lisez pas non plus en fonction du résumé Albin Michel, et alors, vous passerez surement un bon moment de lecture, doux et nostalgique. Certes, pas exceptionnel, mais un moment agréable et aux émotions sincères.

(Photographie de couverture: © Dick Dickinson)

« Les clowns vous ont toujours fait peur ?

L’atmosphère des fêtes foraines vous angoisse ?

Alors, un petit conseil : ne vous aventurez pas sur une grande roue un soir d’orage…

Mêlant suspense, terreur, nostalgie, émotion, un superbe King dans la lignée de Stand by me. »

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