Elecboy. Tome 1, Naissance

En début d’année, les éditions Dargaud publiaient le premier tome d’une nouvelle série BD de science fiction: Elecboy, Naissance. Cet album est écrit et illustré par Jaouen Salaün qui nous embarque en 2122 dans un monde en ruines menacé par des IA. Et voici ce que j’en ai pensé…

« Ta mère n’est pas un mirage, ne doute pas de son existence. J’aurai tout donné pour elle, elle était douceur, j’étais un roc. Elle riait, je pleurais. Elle projetait, je regrettais… Nous étions fusionnels. À ses côtés, ma perception du monde changeait. Puis un jour, ce fut son tour de pleurer. »

Une histoire d’amour interdit dans un monde en perdition

Après une introduction étonnante et assez grandiose, l’auteur nous embarque à la rencontre de ses personnages. Société inégalitaire de survivants au bord de l’extinction, son univers à la saveur âpre du désert, sèche et étouffante, empreint de poussière et soumis au joug du plus fort. Une sorte de western féodal et désespéré assez accrocheur. Il y a un écho évident à des oeuvres comme Mad Max dans les contours du monde de Joshua. C’est dans ce contexte tendu que se raconte une histoire d’amour interdit entre une jeune fille du clan dominant, et un jeune homme faisant parti des plus menacés par la fin. Loin d’être niaise, l’histoire est plutôt dramatique et s’insère dans une intrigue bien plus spectaculaire aux dimensions vertigineuses qui n’est ici qu’introduite au lectorat. Car, outre les menaces de la pénurie d’eau et celles du clan d’en haut, on découvre progressivement celle des IA venues d’ailleurs. Quel est leur but? Que sont-elles? Qui les dirige? D’où viennent-elles? Ce premier tome nous laisse avec quantité d’interrogations. Son final est aussi frustrant que spectaculaire et donne une dimension étonnante, mythologique et intergalactique, à l’oeuvre. Ce qui promet beaucoup pour la suite.

Des dessins fourmillants de détails

Ce qui m’avait d’abord conduit à cette lecture, c’est l’esthétique qui s’en dégage. Et bien que la couverture me paraît tout de même en décalage avec l’intérieur finalement, Jaouen Salaün nous offre une BD très élégante où chaque décor est superbement détaillé et immersif. Il y a un côté très dessin traditionnel, très artistique dans son style d’illustrations. Chaque planche est vectrice d’une ambiance travaillée et les choix de plans ont souvent un côté cinématographique. J’ai pour ma part un peu de plus de problèmes avec les expressions des personnages qui, si elles sont détaillées, me paraissent parfois un peu étranges, comme en décalage avec ce qui se dit. Les gros plans notamment me laissent un certain sentiment de malaise qu’il m’est difficile de définir. Mais c’est un jugement tout à fait subjectif qui ne doit absolument pas freiner votre soif de découvertes. Car le dessin est de qualité et la BD intéressante sous bien des aspects.

En bref, ce premier tome d’Elecboy est plein de promesses. Le dessin, de qualité, nous embarque dans un univers post-apocalyptique qui nous évoque immédiatement Mad Max mais avec une intrigue aux dimensions intergalactiques surprenante. Un peu trop introductif, ce volume nous laisse sur notre faim et n’apporte que peu de réponses. Vous voilà prévenus.

« Année 2122, quelque part en Amérique du Nord.

Sur une terre aride et brûlée par le soleil, la paix et la sagesse semblent avoir déserté. L'ancien monde civilisé a laissé place au chaos et à la pauvreté, à la violence et à la sauvagerie.

Dans un décor de western, au milieu de baraquements de fortune mêlés à des panneaux solaires modernes, les membres d'une communauté autonome survivent tant bien que mal. La quête de l'eau est une préoccupation de tous les instants.

Le jeune Joshua est amoureux de Margot, la soeur de Sylvio, un adolescent brutal qui prend plaisir à le frapper. Sylvio appartient au clan des hauteurs, qui affirme son pouvoir en faisant régner la peur sur les autres habitants.

Un jour, d'étranges événements se produisent. Dans cet univers d'après l'apocalypse, alors que le père de Joshua et son équipe travaillent sur le réseau d'approvisionnement en eau, des créatures éthérées surgies de nulle part s'en prennent à eux...»

(Illustration de couverture & extraits : © Jaouen Salaün)

Tome 3 - ?

Trailer de la BD (© Dargaud):

Sang, Mort, Harcèlement, Agression sexuelle

[Lecture n°42/72 (pour l'échelon 5 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 9 de Ma lecturothèque]