Dry

Publié pour la première fois en 2018 et traduit immédiatement en français pour paraître dans la collection R des éditions Robert Laffont, Dry est un roman d’anticipation signé par Neal Shusterman et son fils Jarrod. Plutôt encensé par la critique, ce roman apocalyptique m’attirait et le thème du challenge #HMSFFF du mois, tourné vers les post-apo, était une bonne excuse pour tenter sa découverte. Voici donc ce que j’en ai pensé…

« Tout se déroule exactement comme le décrivent les livres d'anticipation sur la fin du monde. Ça ne procure aucun sentiment de satisfaction. Loin de là. Les scénarios catastrophes ne sont drôles que si la fin du monde est hypothétique. A présent, j'aurais préféré qu'ils se trompent tous. »

Un roman d’anticipation qui donne soif

Oui, moi aussi j’ai eu soif en lisant Dry, roman d’anticipation qui imagine une pénurie hydrique en Californie. Mais si j’ai eu soif, c’est parce que ma lecture s’est couplée à la publication du rapport du World ressources institute alertant sur les risques immédiats de pénuries hydriques pour ¼ de la population mondiale (dont une partie de la Belgique !). De quoi faire passer Dry de la science-fiction à la réalité… D’ailleurs, sur le fond, c’est un roman assez plausible, et ce très prochainement, ce qui le rend glaçant. Il n’innove peut-être pas dans le domaine de l’effondrement apocalyptique si ce n’est sur l’idée de la pénurie hydrique plus réaliste que les zombies et qui a le mérite d’alerter sur le sujet. Le roman reprend en effet les mêmes schémas habituels du genre, mais il n’exagère pas non plus les bouleversements qu’une telle situation peut engendrer. J’ai apprécié cette volonté de réalisme, par exemple quand il explique qu’en apparence, rien n’a changé, avant que tout ne bascule inévitablement quand les gens sont suffisamment déshydratés pour être prêts à tout. Plusieurs situations sont aussi mises en avant par le biais de brèves s’éloignant des héros, pour offrir un large éventail de réactions face à cette situation de crise. Ces brèves étaient d’ailleurs passionnantes et ont relevé, selon moi le niveau du roman. Je n’ai cependant peut-être pas été aussi emballée que la plupart des blogueurs, ayant déjà lu beaucoup dans ce genre-là et sur le sujet de la pénurie hydrique pour avoir imaginé l’horreur que cela représenterait. Mais c’est appréciable de voir, surtout en YA, un roman qui traite d’une crise aussi réaliste et ce à court-terme.

« Tu as une beauté classique. Si la Vénus de Milo avait des bras, elle te ressemblerait.

- Si la Vénus de Milo avait des bras, elle t'en collerait une, réplique-t-elle. »

Des défauts liés à son caractère young-adults ?

Si mon enthousiasme n’est pas exacerbé à l’issue de cette lecture, c’est essentiellement à cause des protagonistes. Je sais que ce sont des adolescents, mais je les ai trouvés à la fois terriblement clichés et terriblement agaçants et bêtes dans leurs décisions. Je n’ai pas réussi à m’attacher aux deux principaux une seule seconde et n’avait donc aucune empathie pour leur traversée de l’horreur. Seule Jacqui a sorti pour moi son épingle du jeu et a su, par des actes bien précis et par son côté sauvage, gagné mon estime. Je trouvais aussi qu’ils manquaient de profondeur, de réalisme, et que cela entachait l’idée de base très plausible. Je n’y croyais malheureusement pas… Attention, j’ai malgré tout passé un bon moment avec ce roman que j’ai lu assez vite et avec plaisir (et soif). L’écriture est efficace et les personnages ne sont pas aussi agaçants que l’héroïne de The Rain (celle-là elle m’agace encore après des mois ! Enfin l’un d’eux n’est pas passé loin de ça quand même…). Ils ne m’ont finalement pas gâché la lecture car ils sont tout compte fait assez typique des romans young-adults et que je m’y étais préparée. L’intrigue étant si bonne, le rythme assez soutenu et le fond de l’histoire bien pensé qu’on peut passer outre.

En bref, Dry n’est pas le meilleur roman d’anticipation de tous les temps, mais c’est une bonne lecture, plutôt plausible dans les faits et assez rythmée que nous lisons avec plaisir.

« La sécheresse s’éternise en Californie et le quotidien de chacun s’est transformé en une longue liste d’interdictions : ne pas arroser la pelouse, ne pas remplir sa piscine, limiter les douches…

Jusqu’à ce que les robinets se tarissent pour de bon. La paisible banlieue où vivent Alyssa et sa famille vire alors à la zone de guerre.

Soif et désespoir font se dresser les voisins les uns contre les autres. Le jour où ses parents ne donnent plus signe de vie et où son existence et celle de son petit frère sont menacées, Alyssa va devoir faire de terribles choix pour survivre au moins un jour de plus. »