Central station

Publié le 21 février dernier aux éditions Mnémos, Central station est le second roman traduit en français de Lavie Tidhar. Récompensé à sa sortie en 2017 du Prix John-Wood-Campbell Memorial du meilleur roman de science-fiction, c’est un titre qui avait retenu mon attention suite à ma lecture du formidable Aucune terre n’est promise de l’auteur à sa publication chez Mu. Et voici ce que j’en ai pensé…

« […] il savait également qu’il ne peut y avoir de futur sans passé…»

Central station n’est pas tout à fait un roman. Il s’agit en effet plutôt d’un fix-up composé de nouvelles qui furent d’abord publié à part dans des magazines avant de s’assembler en version révisée au cœur d’un seul ouvrage. L’ensemble compose ainsi un récit choral, où chaque chapitre se concentre sur une personne de ce lieu surprenant, certaines récurrentes, d’autres uniquement de passage. Et c’est à elles toutes qu’elles forment une large fresque qui donne vie au véritable personnage principal du récit : Central station elle-même. Et par extension, l’univers immense dans lequel elle s’inscrit. L’auteur nous amène à la découverte de ce cœur de civilisation à la diversité culturelle, ethnique et religieuse foisonnante, héritage d’une terre israélienne qui serait passé au-dessus de ces clivages et aurait bénéficié de toute la richesse du multiculturalisme. C’est une zone riche, palpitante, bien vivante que nous fait voir l’auteur. On y sent la moiteur, les odeurs de nourriture, les échanges constants dans le réel comme dans le virtuel. Central station nous apparaît immense, tout autant que l’univers futuriste imaginé par l’auteur dont on n’aperçoit que des brides à travers les récits de chaque personnage. La construction de l’univers est assez vertigineuse, elle fascine par l’originalité de sa présentation et par les réflexions que le récit porte sur le religieux, sur la définition de l’existence ou encore sur la matérialité du réel. Ce monde futuriste multiple et en mutation permanente est une foisonnement d’idées lumineuses où Central station fait figure d’exemple remarquable. 

« On a parfois besoin de croire que l’on peut peut croire, on doit parfois comprendre que le paradis peut venir d’un autre être humain et pas seulement d’une pilule.

Parfois. »

Cependant, là où la construction donne une dimension formidable à son univers, elle éclate aussi le récit au point de nous égarer parfois dans ses méandres. J’avoue avoir peiné à la lecture, parfois désintéressée complètement d’un personnage, parfois perplexe face à certains échanges ou certains passages qui me semblait venir de nulle part et ne mener jamais plus loin. Je pense que ma fatigue actuelle m’a fait passé à côté de pas mal de sujets explorés par l’auteur et je n’ai pas réussi à être touchée par ces récit trop courts pour que je m’attache assez aux protagonistes à l’exception peut-être de cet homme dont la mémoire lui échappe et qui veut décider de sa mort avant de perdre ce qui le constitue. Un peu laissée de côté, j’ai ainsi parfois complètement décroché, hésitant même à terminer la lecture. Non pas que le livre soit mauvais ou inintéressant, bien au contraire, mais je n’arrivais pas à suffisamment m’intéresser aux protagonistes. Ne voyant pas vraiment où tout cela nous emmenait, si ce n’est à Central station où nous étions finalement déjà dès le début du livre, j’ai erré un peu sans but au cœur des pages. Je regrette sincèrement de ne pas avoir vécu la même expérience magnifique que la plupart des lecteurs et lectrices du titre et je pense lui redonner sa chance un jour où je serai moins fatiguée…

En bref, Central station est un roman où le personnage principal, la ville elle-même, se dessine à travers 13 récits liés mais indépendants à la fois qui dessinent la fresque de ce lieu, de sa vie multiculturelle, de son histoire mais aussi de l’univers immense où elle s’inscrit. Foisonnant, palpitant et vertigineux, le récit manquait malheureusement pour moi d’un fil rouge plus solide où d’une émotion plus forte pour ne pas me laisser de côté. Je vous conseille cependant sa lecture mais seulement si votre fatigue n’est pas trop intense car il nécessite de s’accrocher un peu.

« Boris Chong vit sur Mars depuis de nombreuses années. À son retour sur Terre, il atterrit à Central Station, un hub interplanétaire où l’humanité s’est réfugiée pour échapper aux ravages de la pauvreté et de la guerre : un véritable carrefour où se croisent des humains, des augmentés, des robots, des IA, des créatures génétiquement modifiées et même des entités extra-terrestres. Depuis son départ, bien des choses ont changé et c’est l’histoire de plusieurs vies qu’il va découvrir, entre une ancienne amante, un enfant aux dons étranges, un père malade, un cousin amoureux, un cyborg mendiant ou encore une data-vampire dont la présence est interdite sur Terre. De carrefour des planètes, Central Station devient alors le carrefour d’une humanité faite de débrouillardises, de sensibilités et d’amours, où chaque vie à son importance et chaque destin son parcours unique.»

(Illustration de couverture: © J. Otto Szatmari)

[Diversité: pp noir.e, pp asiatique]

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- Livre reçu en service presse en librairie. Publication non rémunérée. Merci aux éditeurs. - 

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