Ada ou la beauté des nombres

Ada Lovelace, lady anglaise du XIXème siècle qui fut la première personne à avoir écrit un code informatique et à avoir eu l’intuition de ce qu’allait devenir ce domaine n’avait pas encore eu le droit à sa biographie française. Catherine Dufour y remédie en publiant le 4 septembre dernier chez Fayard Ada ou la beauté des nombres que je me suis empressée de découvrir. Et voici donc ce que j’en ai pensé…

[NB: Merci aux éditions Fayard mais surtout à Catherine Dufour pour m’avoir proposé cet envoi qui me faisait très envie, pour la confiance et pour cette dédicace qui me touche énormément.]

« Mettre Ada en lumière, c’est aussi la tirer de l’ombre immense de son père. »

Une biographie non-conformiste

Si vous me suivez depuis un moment, vous aurez sans doute remarqué que je ne lis (presque) jamais de biographie. C’est un genre qui me rebute souvent pour son côté trop professoral et que je me réserve pour des personnages qui m’intéressent énormément. Mais quand j’ai vu que Catherine Dufour (qui écrit aussi de la SFFF) était à la barre de celle-ci et connaissant sa plume assez atypique, je n’ai pas hésité une seconde. D’autant qu’Ada Lovelace est un personnage hautement captivant qui mérite d’être plus connue et mise en avant. Côté style, je ne me suis pas trompée. Ce n’est pas du tout une biographie ennuyeuse ou pompeuse qui nous est proposée. L’autrice, parfois impertinente, dépeint de manière piquante la société victorienne et l’entourage d’Ada Lovelace en nous offrant quelques punchlines plus que savoureuses qui font de cette lecture un vrai moment de plaisir. On s’amuse à découvrir cet environnement sacrément nocif et on se délecte des bons mots de Catherine Dufour autant que de la vie de cette chère Ada. Car Ada Lovelace est tout de même un personnage marquant qui, au XIXème siècle, avait des idées très innovantes et le caractère pour pouvoir les affirmer malgré son statut de femme! Le genre de personnages que j’apprécie évidemment beaucoup et que je suis heureuse de voir mise en avant.

« Si vous vous demandiez comment les Anglaises et les Anglais réussissent à traverser ce long tunnel d’oppression qu’est l’ère victorienne, maintenant, vous savez: toute la population est droguée jusqu’aux yeux. »

Ada, oui, mais pas que

Cette biographie d’Ada Lovelace ne se concentre pas seulement sur la jeune femme dont la vie, assez tragique fut bien courte, mais aussi sur ceux qui ont contribué à ce qu’elle fut. Le livre débute donc par ses parents et leurs familles respectives et évoque également assez longuement les personnalités scientifiques qui l’ont entouré et l’ont amené à sa découverte formidable. Si l’on ajoute les vies de ceux qui lui ont survécu, la partie sur la vie d’Ada elle-même est même minoritaire (1 tiers du livre). Si je comprends cette idée de saisir un personnage par ceux qui l’entourent, je regrette tout de même cette proportion inversée. Malgré tout, j’ai apprécié cet aspect également car il permet de créer une véritable fresque cocasse de la société victorienne qui ne manque pas de piquant. Il y a également, à travers Ada mais aussi sa mère et Mary Somerville, une critique du statut des femmes à l’époque qui ne manque pas de m’interpeller positivement. Je pense cependant que j’aurai aimé une biographie plus approfondie d’Ada, peut-être par la présence de quelques-uns de ces échanges avec Babbage par exemple, quelque chose en somme qui nous permette de mieux saisir cette génie, certes impertinente et égocentrique, mais inspirée et inspirante. Heureusement, la plume de Catherine Dufour nous ferait presque oublié ce léger désagrément, surtout quand elle se lache!

« Mais en tant qu’être humain, Byron est homme, titré, célèbre et fortuné, ce qui lui donne toute licence pour se comporter comme un parfait connard. »

En bref, cette biographie n’est peut-être pas la plus complète ni la plus conventionnelle mais elle se lit avec plaisir et permet de mettre enfin en lumière en français cette femme assez exceptionnelle!

« Ada Lovelace, fille du poète Lord Byron, est une lady anglaise perdue dans les brumes du XIXe siècle. Nous voilà cent ans avant le premier ordinateur, et personne ne se doute que cette jeune femme maladive, emprisonnée dans un corset, étouffant entre un mari maltraitant et une mère abusive, s’apprête à écrire le premier programme informatique au monde.

À 25 ans, déjà mère de trois enfants, Ada Lovelace se prend de passion pour les mathématiques. Elle rencontre Charles Babbage, qui vient de concevoir une machine à calculer révolutionnaire pour l’époque. C’est en la voyant qu’Ada a soudain l’intuition de ce qui deviendra l’informatique.

Sans elle, pas d’Internet, pas de réseaux sociaux, pas de conquête de l'espace.»

(Illustration de couverture: © Louise Cand d’après un portrait d’Ada Lovelace attribué à A. E. Chalton © The Board of Trustees of the Science Museum)

Trailer du livre (© éditions Fayard):

* Lecture #PumkinAutumChallenge : Menu "Automne Astral" - Catégorie "Songe d'une nuit d'automne"