Au-delà du mal

Auteur de thriller américain, fortement encensé par de grandes figures du genre comme James Ellroy ou Stephen King, Shane Stevens (L’Heure des loups) a publié cinq romans de 1966 à 1981 avant de se faire connaître en France, uniquement en 2009, par la traduction de By Reason of Insanity, aka Au-delà du mal paru en 1979 aux USA.

Violent, misogyne et ennuyeux… C’est véritablement une grosse déception pour moi. Ce livre de Shane Stevens a été plus qu’encensé par la critique, le jugeant comme le thriller à ne jamais louper. Il avait des arguments favorables pour m’attirer, notamment l’idée de suivre l’esprit malade d’un tueur en série, de sa naissance à sa folie meurtrière. Shane Stevens nous plonge, de fait, dans la cruauté, dans l’horreur à l’état pur. Ce n’est pas ce que je lui reproche même si le langage est un peu trop cru pour moi et que ces scènes ne se justifient pas forcément. Ce qui gêne plus c’est la misogynie violente qui transpire littéralement dans ses 880 pages. Pas un seul portrait de femme positif, une histoire très masculine et des descriptions de personnages féminins dérangeantes et dégradantes. Certes, l’histoire de vie du tueur se base sur cette haine des femmes depuis la maltraitance de sa mère (cliché!). Mais cette misogynie se retrouve chez absolument tous les protagonistes! Voici l’exemple (soft) avec un des premiers détectives sur l’affaire:

«  - Elle avait honte, répondit la tante avec un sourire mélancolique. Vous savez bien comment les hommes considèrent ce genre de chose. Ils pensent toujours que si une femme se fait violer, c’est qu’elle l’a bien cherché. 

Oates ne fit aucun commentaire. Lui aussi voyait les choses comme ça »

L’autre point décevant selon moi c’est la façon, qu’à Shane Stevens, de combler son histoire avec des récits parallèles, essentiellement politiques. Souvent judicieux dans un thriller, l’aspect politique est ici maladroit et quasiment inutile à l’intrigue principale. Du coup, irrémédiablement, je me suis ennuyée et j’ai vraiment ramé à lire cet ouvrage. Habituellement dévoreuse de thriller, j’ai trainé Au-delà du mal comme un boulet pendant presque une année. Je dois tout de même souligner une préférence pour la deuxième et troisième partie de l’ouvrage, la première étant pompeuse et manquant de rythme. Quand au dénouement promis « captivant » selon la quatrième de couverture, c’est une déception de plus et j’ai juste eu envie de dire « enfin ».

En bref, si la misogynie, le sexe cru, la violence et l’horreur ne vous gêne pas, et si vous avez assez de courage pour vous accrocher à la lecture, notamment sur la première partie, alors pourquoi ne pas essayer Au-delà du mal. Sinon, oubliez.

« À 10 ans, Thomas Bishop est placé en institut psychiatrique après avoir assassiné sa mère. Il s’en échappe quinze ans plus tard et entame un périple meurtrier particulièrement atroce à travers les États-Unis. Très vite, une chasse à l’homme s’organise : la police, la presse et la mafia sont aux trousses de cet assassin hors norme, remarquablement intelligent, méticuleux et amoral. Les destins croisés des protagonistes, en particulier celui d’Adam Kenton, journaliste dangereusement proche du meurtrier, dévoilent un inquiétant jeu de miroir, jusqu’au captivant dénouement. »