Population: 48

Le 11 octobre dernier est paru, en français, le troisième roman d’Adam Sternbergh, The Blinds, sous le titre assez intriguant Population:48. Publié chez les éditions Super 8 (que j’affectionne particulièrement pour leurs choix éditoriaux), ce roman était présenté comme un croisement entre la Quatrième Dimension et du Tarantino. Il n’en fallait pas plus pour attiser ma curiosité, et voici donc ce que j’en ai pensé…

[NB: un grand merci aux éditions Super 8 et particulièrement à Nadia pour l’envoi de ce livre en service presse et pour la confiance qu’ils m’ont accordé. Je me permets de rappeler que mon avis est toujours sincère et n’est en aucun cas influencé par un envoi.]

« Si tu veux un garder un secret, commence par le protéger de toi-même fut le crédo fondateur de la ville.»

Un huis-clos survolté aux allures de western

Si ce roman n’a pas forcément rempli toutes les promesses de sa quatrième de couverture, notamment sur l’aspect « férocement drôle » qui me paraît complètement inapproprié après la lecture, il aura eu le mérite de me surprendre et de ne pas du tout me décevoir, bien au contraire. Parce que Population: 48 est très original et nous fait vite oublier, par tous ses atouts, que ce n’est pas tout à fait ce à quoi on s’attendait. J’ai adoré cette lecture, déjà, pour l’idée de base plutôt géniale. La ville de Caesura, ou Blind Town constitue le cadre d’un huis-clos absolument palpitant. La population étant composée d’individus amnésiques qui ont pu être des criminels acharnés ou des témoins traumatisés en danger, on sent bien que si une étincelle arrive, tout peut partir en fumée. L’ambiance de cette ville perdue au milieu du Texas, dans la poussière et la chaleur, est parfaitement retranscrite. Et quand le chaos intervient, on plonge dans une sorte de western sans restriction qui nous évoque effectivement un Tarantino survolté. Et ça, j’adore. On sent l’odeur de la poudre, on comment à saisir toute l’ampleur de ce qui se joue et on reste complètement scotché.

« L’existence de cette ville - notre survie - repose sur des principes partagés, des intérêts et une confiance mutuels, comme dans n’importe quelle autre communauté. Sauf que dans cette communauté, quand ces principes ne sont pas respectés, les gens souffrent et meurent.»

Le roman 100% addictif

En fait, ce qui fait aussi que je n’ai pas été déçu, c’est qu’une fois qu’on démarre la lecture de Population:48, il devient évident qu’on ne pourra plus le lâcher, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, on est intrigué et curieux. Parce que l’ensemble est très mystérieux. Qui dirige cet institut? Quel est son but? A quoi l’avenir des habitants va pouvoir ressembler?…Mais surtout, qui est qui? Parce que forcément, dans un contexte comme celui du roman, tout le monde a quelque chose à cacher. Mais ce qui fait tout le piment, c’est que certains le savent, et d’autres non. L’histoire est ainsi barricadée de doutes et nous offrent tout un florilège de révélations surprenantes. On oublie alors aisément les éventuels longueurs du début pour dévorer les pages à un rythme effréné. Mais l’addiction vient aussi de l’attachement aux personnages. Parce que bien que l’on sache dès le début que les habitants ne sont pas là par hasard et qu’ils ont même un passé plutôt sordide, on s’y attache, parfois fortement. J’ai été émue par certaines de leurs histoires, j’ai eu envie de les aider alors même que j’apprenais quels montres ils pouvaient être. Bref, j’étais devenue un membre de leur communauté, solidaire. Et ce genre d’effet questionne fortement notre humanité et notre capacité à pardonner. En tout cas, il permet de démontrer que l’homme n’a pas un destin tout tracé, son avenir dépend aussi de l’environnement où il va s’épanouir. Bref, ce n’était pas juste un roman noir, il y avait aussi de l’émotion.

En bref, ne vous fiez pas trop aux arguments de quatrième de couverture mais foncez tout de même les yeux fermés vers Population:48 si l’idée de base vous interpelle et si vous avez envie de comprendre comment on peut s’attacher à des « monstres ». Parce que c’est un excellent roman survolté et accrocheur.

« Tout le monde est coupable. Personne ne sait de quoi.

Caesura Texas – une minuscule bourgade clôturée, au fin fond du désert. Population ? 48 habitants. Des criminels, a priori. Ou des témoins. Comment savoir ? Tous ces gens ont changé d’identité, et leur mémoire a été effacée. Pour leur bien. Dans l’optique d’un nouveau départ.

En échange de l’amnistie, les résidents doivent accepter trois règles simples : aucun contact avec l’extérieur, aucun visiteur, et aucun retour possible en cas de départ. Une expérience unique, menée par un mystérieux institut. Pendant huit ans, tout ce petit monde est resté à peu près en place. Jusqu’à aujourd’hui. Errol Colfax, en effet, s’est suicidé… avec une arme qu’il n’aurait jamais dû posséder. Puis Hubert Humphrey Gable est assassiné. Calvin Cooper, le shérif local, est contraint de mener l’enquête. Ce faisant, il risque de déterrer des secrets que l’essentiel des habitants – y compris lui-même – auraient préféré voir rester enfouis. Trop tard pour faire marche arrière. Bientôt, un irrépressible déferlement de violence va s’abattre sur les rues poussiéreuses de Caesura… »

(Couverture: © Jeanne Mutrel. Photographie: © Sandiegoa / Getty images)