Endgame : l'appel

Premier tome d'une trilogie dystopique adolescente, Endgame: l'appel est déjà un énorme succès commercial du, en grande partie, à une énigme insérée dans ses pages qui promet, au premier lecteur la résolvant, la modique somme de 500.000$ (somme doublée puis triplée pour les énigmes des prochains tomes). Mais que vaut le livre au-delà de l'enjeu? Respecte-t-il ses promesses ou n'est-il qu'un autre sous-produit surfant sur la mode actuelle des dystopies?

Une lecture facile, une histoire aux apparences d'Hunger Games mais malgré tout, un ensemble très décevant... Ce premier tome d'Endgame respecte trait pour trait les caractéritiques à la mode en ce moment dans la littérature adolescente, à savoir des jeunes, d'origines différentes, se battant à mort pour sauver leur lignée. En somme, rien de bien original mais ça marche commercialement, tout comme les histoires de vampires amoureux il y a quelques années. Rien de tout cela n'était fait pour m'emballer à l'origine mais j'étais fortement intriguée par l'aspect "énigme" du scénario. Pas seulement celle qui permet de gagner de l'argent (et semble impossible) mais surtout celles que doivent résoudre, selon les résumés, les jeunes joueurs d'Endgame. Or, énorme déception pour l'amatrice de mystères et énigmes en tout genre que je suis: ce jeu est vide de tout intérêt, les énigmes sont quasi inexistantes et surtout jamais expliquées clairement au lecteur qui n'y participe jamais. Il n'y a aucun intérêt à ce niveau-là, et pire, avec l'énigme à 500.000$ derrière, la lecture est parasitée par des données chiffrées à la limite de l'obsession qui ennuient, lassent, découragent. C'est simple, j'ai été très tentée d'abandonner la lecture avant que le jeu en lui-même ne commence. Voyez cet extrait pour comprendre mon découragement:

"Chikoyo estime que chaque étage est environ 0,8 fois plus petit que le précédent. Elle mesure 210 pieds de hauteur. Elle a été construite en l'an 652 de notre ère et restaurée en 704. Le même tremblement de terre de 1556 l'a considérablement endommagé, la faisant pencher vers l'ouest de 3,4°."

Heureusement, lorsque le jeu débute enfin, ces données ont tendance à disparaître, ou en tout cas, elles ne constituent pas la majeure partie des chapitres. De même, la plume des auteurs devient plus nerveuse, entraînant dans un flot ininterrompu d'actions et de combats au rythme trépidant renforcé par des chapitres très très courts. Alors, de fait, la lecture s'accélère et le livre se termine aisément, sans grand effort. Le soucis de ces chapitres à l'action condensée et de 4 pages max c'est qu'on a absolument pas le temps de s'intéresser en profondeur aux personnages, à leur histoire, leur personnalité, leurs valeurs. Les joueurs sont stéréotypés, sans relief et sans profondeur et on ne s'y attache pas le moins du monde. Certains ne servent que d'accesoires à l'histoire, laissant au premier plan 4/5 favoris qui arriveront au bout, évidemment. Pour faire simple, ce roman manque d'âme comme ses personnages. 

"Alors qu'elle essaye de le frapper dans le cou, il esquive et fait glisser un pied vers l'avant dans l'espoir de la faire tomber, mais elle recule juste à temps. A croire qu'elle a des yeux sur tout le corps. Elle voit tout ce qu'il fait avant même qu'il le fasse. Il vise son visage. Elle se renverse en arrière, complètement, puis ses pieds se tendent vers le menton d'An, obligé de se pencher en arrière lui aussi, [...]"

Pour le reste, le livre ne monte pas plus dans mon estime. Le background mythologique est flou, inabouti et sans aucune base logique qui le rendrait crédible malgré une volonté vaine des auteurs de nous y faire croire. Le cliché de l'amourette et du triangle amoureux flotte également dans ce roman, renforçant mon opinion défavorable, à savoir qu'il s'agit d'un livre purement commercial. Bref, rien d'exaltant même si tout se lit facilement et rapidement. Concernant le public visé (les ados), je pense que le livre peut plaire, puisqu'il respecte les codes à la mode. Cependant, pour les aspects glauques de certaines scènes je ne le conseillerai pas en deçà de 14/15 ans. 

En bref, ce premier tome d'Endgame fut un grosse déception (prévisible?) pour moi. Je ne lirais certainement pas la suite, puisque je ne suis absolument pas accrochée à l'histoire ou aux personnages restants (les seuls qui apportaient un minimum d'intérêt selon moi sont morts évidemment...). Dommage.

"ENDGAME EST UNE RÉALITÉ. ENDGAME A COMMENCÉ.
Douze jeunes élus, issus de peuples anciens. L'humanité tout entière descend de leurs lignées, choisies il y a des milliers d'années. Ils sont héritiers de la Terre. Pour la sauver, ils doivent se battre, résoudre la Grande Énigme. 
L'un d'eux doit y parvenir, ou bien nous sommes tous perdus. Ils ne possèdent pas de pouvoirs magiques. Ils ne sont pas immortels. Traîtrise, courage, amitié, chacun suivra son propre chemin, selon sa personnalité, ses intuitions et ses traditions.
Il n'y aura qu'un seul vainqueur."