Mange tes morts

Il y a des titres et des résumés qui interpellent plus que d’autres. Mange tes morts de Jack Heath fait indéniablement partie de ceux-là. Paru chez l’excellente maison d’édition Super 8 en ce début d’année 2018, ce polar/thriller met en scène un enquêteur cannibale. J’ai eu l’immense chance de le remporter au concours d’énigmes de la maison d’édition et voici donc ce que j’en ai pensé…

[NB : merci à Super 8 éditions pour le concours qu’ils ont organisé pour remporter cet ouvrage. Rien de tel que résoudre des énigmes pour se mettre en appétit pour ce livre ! Et, par avance, mes excuses à tous mes lecteurs, mais avec un livre parlant de cannibalisme, il m’est impossible de ne pas faire de jeux de mots bien bidons ! ]

«  J’ai été anesthésié et ligoté, j’ai vomi, j’ai drogue deux ados. Même selon mes propres critères, ça ne ressemble pas à une super soirée. »

Une idée alléchante (je vous avais prévenu pour les jeux de mots ^^)

Quand j’ai découvert la parution de Mange tes morts et que j’ai lu : enquête policière, thriller survolté, consultant du FBI cannibale ; je n’ai pas pu m’empêcher de saliver d’envie. Jack Heath a eu l’idée géniale de mêler, dans un seul et même personnage, un peu de Dexter, un peu de Sherlock Holmes et un brin d’Hannibal Lecter. Timothy Blake est juste extra ! Et si, effectivement, il ne vaut mieux pas rester trop longtemps seul avec lui, il est aussi terriblement attachant, voire même attendrissant. Parce que le cannibalisme est une addiction comme une autre (juste un peu plus salissante), parce que son parcours n’est pas de tout repos et parce qu’en plus, il a un charisme dingue par son talent d’observateur hors-pair. Et moi, quand un auteur arrive à me faire aimer les personnalités normalement jugées « monstrueuses », je suis conquise. Mais ce qui est surtout savoureux dans l’idée même de ce personnage c’est que l’enquête n’est pas coincée dans un carcan de règles et de lois. Comme Blake enquête pour satisfaire un désir intense, il n’a aucune limite. L’expression « la fin (enfin disons ici la faim) justifie les moyens » n’a jamais trouvé plus bel écho. Du coup, tout est possible, les règles sont bouleversées, et cela rend l’ensemble carrément jouissif parce qu’original.

« Un corps pour chaque vie sauvée : c’est le deal avec Luzhin. Si ma contribution débouche sur un sauvetage, j’ai le droit de satisfaire mon addiction avec un condamné à mort. Si Cameron meurt ou réapparait sans mon aide, je ne reçois rien. Et il y a justement un triple meurtrier tanzanien que je meurs d’envie de rencontrer.

Enfin, façon de parler.

Parce que c’est lui qui va mourir. »

Une intrigue mordante

Bon, certes, une bonne idée de départ c’est sympa, mais il faut que le reste suive. Et Jack Heath ne nous laisse pas en reste avec son intrigue. L’enquête est un véritable puzzle passionnant où les fausses pistes s’entremêlent pour mieux nous dérouter. Si quelques éléments ne m’ont pas surpris (c’est qu’à la longue de lire des polars, je commence à devenir douée pour résoudre les enquêtes), j’ai été complètement embarquée dans cette intrigue. Cependant, au tout début du livre j’ai eu le sentiment de quelques longueurs, sentiment provoqué essentiellement par des éléments qui me semblaient parasites ou très secondaires dans le récit. Mais finalement, ils ont tous trouvé leur place dans le puzzle de cette histoire trépidante et je ne peux donc décemment pas en tenir rigueur à l’auteur. Ce qui est aussi absolument génial, c’est que malgré une intrigue bien sombre, et malgré une addiction alimentaire un brin déstabilisante, le récit est aussi saupoudré de cynisme qui donne un soupçon d’humour noir à l’ensemble. Et c'est très bien dosé! Enfin, introduire les chapitres par une énigme (et même en glisser 2/3 dans le récit) c’était la vrai bonne idée. D’une part, pour les amateurs de ce genre de devinettes c’est un vrai bonus et je me suis d’ailleurs amusé à toutes les résoudre (et c’est avec fierté que je vous annonce qu’une seule m’a vraiment coincé !). Mais ça crée aussi un pont entre le lecteur et Blake, qui, lui aussi, passe son temps à résoudre des énigmes, et donc, indirectement, cela renforce un certain attachement pour ce personnage atypique. Maintenant je n’espère qu’une chose (et la fin le laisse croire) : une suite !

En bref, je ne sais pas ce qui s’est passé dans la tête de Jack Heath quand il a décidé de quitter l’univers des livres jeunesse pour écrire Mange tes morts, mais une chose est certaine : il a bien fait parce que c’était délicieux !

" Cameron Hall, 14 ans. Disparu en rentrant de l’école ; rançon exigée. L’horloge tourne, la police est impuissante : c’est une mission pour Timothy Blake. Timothy (nom de code « le pendu ») a un don. Il lit dans l’esprit des gens. Comprend tout avant tout le monde. Résout les énigmes les plus ardues. Le genre à s’ennuyer avec un Rubik’s Cube ou à connaître votre numéro de sécurité sociale par cœur. Mais Timothy a aussi un problème. Pas le fait d’être pauvre, non. Pas le fait d’être affublé d’un coturne toxicomane et parano prénommé Johnson. Un vrai problème, un problème, disons, comportemental. Qui fait que même le FBI répugne à travailler avec lui. Une vie sauvée, une récompense : ainsi fonctionne Timothy. Mais cette fois, et malgré l’appui de l’agent spécial Reese Thistle, il se pourrait que notre sympathique génie psychopathe ait trouvé à qui parler. "

(Photographie de couverture: ©Anthony Redpath/Corbis/Getty images)